Retour à la page des mises à jour   -    Index   Index par thèmes  -   Retour à la page d'accueil apparitionsmariales.org

Sainte Françoise Romaine
Fondatrice des Oblates (1384-1440)

Sainte Françoise Romaine, pénitente romaine (1384-1440). A treize ans, parce qu'elle était de bonne noblesse romaine, elle doit épouser Lorenzo de Ponziani. Ils forment un ménage parfait, amoureux et paisible. Pour le public, elle est une merveilleuse maîtresse de maison et une grande dame dans ses réceptions. Mais elle réserve à Dieu ses conversations les plus longues, dans le petit oratoire au fond de son jardin. Elle accepte avec une joie paisible les charges d'épouse et de mère de famille.

Devenue veuve, elle se retire dans la petite congrégation des Oblates de Saint Benoît qu'elle venait de fonder pour les dames romaines qui voulaient s'adonner à la prière et aux bonnes œuvres. Elle mourut chez elle en soignant son fils malade.

Autre chapitre : les Démons
 La vision de l’enfer - La création des anges - Nombre des démons, leurs noms et leurs emplois

 Les limbes
 Le purgatoire
 De la gloire des saints dans le ciel

Vision de Sainte Françoise Romaine : la chute des anges révoltés, leur hiérarchie

Dans la dix-septième vision, Dieu lui montre sa divinité : elle vit comme un grand cercle qui n'avait d'autre soutien que lui-même, et jetait un éclat si vif que la Sainte ne pouvait le regarder en face : elle lut au milieu les paroles suivantes : "Principe sans principe et fin sans fin".

La création des anges

Sainte Françoise Romaine vit ensuite comment se fit la création des anges :

ils furent tous créés à la fois
, et la puissance de Dieu les laissa tomber comme des flocons de neige que les nuées versent sur les montagnes pendant la saison d'hiver.
Ceux qui ont perdu la gloire du ciel à jamais,
forment le tiers de l'immense multitude de ces esprits.

Dans la quarante-troisième vision, elle tint Jésus sur ses genoux :
Il avait la forme d'un petit agneau. Elle vit ensuite un autel magnifiquement orné sur lequel était un agneau portant les stigmates des cinq plaies.

Au pied de l'autel étaient un grand nombre de riches chandeliers arrangés dans un bel ordre.
Au premier rang, c'était le plus éloigné, il y en avait sept qui signifiaient les vertus principales ; au second rang, il y en avait douze qui signifiaient les douze articles du symbole ; au troisième, il y en avait sept qui signifiaient les sept dons du Saint Esprit ; au quatrième, il y en avait sept autres qui re-présentaient les sept sacrements de l'Eglise. Cette vision, qui eut lieu un jour de la Toussaint, dura treize heures.

Elle vit encore les principaux ordres de saints qui s'avançaient sous leurs étendards.

Les patriarches étaient conduits par saint Jean-Baptiste ;
les apôtres par saint Pierre et saint Paul ;
les évangélistes par saint Jean et saint Marc ;
les martyrs par saint Laurent et saint Étienne ;
les docteurs par saint Grégoire et saint Jérôme ;
les religieux par saint Benoît, saint Bernard, saint Dominique et saint François ;
les ermites par saint Paul et saint Antoine ;
les vierges par sainte Marie-Madeleine et sainte Agnès ;
les veuves par sainte Anne et sainte Sabine ; et les femmes mariées par sainte Cécile.

LA CHUTE DES ANGES RÉVOLTES

Dans la vision XVII, où la création des anges et leur classification furent manifestées à la servante de Dieu, Dieu lui fit discerner ceux qui devaient pécher de ceux qui demeureraient fidèles.

Elle fut ensuite témoin de leur révolte et de la chute horrible qu'elle leur mérita. Or, elle ne fut pourtant pas aussi profonde pour les uns que pour les autres :

-- un tiers de ces infortunés demeura dans les airs,
-- un autre tiers s'arrêta sur la terre
-- et le dernier tiers tomba jusque dans
l'enfer. Cette différence dans les châtiments correspondit à celles que Dieu remarqua dans les circonstances de leur faute commune.

Parmi ces esprits rebelles, il y en eut qui embrassèrent de gaieté de cœur, si je puis parler de la sorte, la cause de Lucifer; et d'autres qui virent avec indifférence ce soulèvement contre le Créateur, et demeurèrent neutres. Les premiers furent précipités sur le champ dans l'enfer, d'où ils ne sortent jamais, à moins que Dieu ne les déchaîne quand Il veut frapper la terre de quelque grande calamité, pour punir les péchés des hommes. Les seconds furent jetés partie dans les airs, et partie sur la terre ; et ce sont ces derniers qui nous tentent, comme je le dirai plus tard.

LUCIFER

Lucifer, qui voulut être l'égal de Dieu dans le ciel, est le monarque des enfers, mais monarque enchaîné et plus malheureux que tous les autres.

Il a sous lui trois princes auxquels tous les démons, divisés en trois corps, sont assujettis par la volonté de Dieu ; de même que dans le ciel, les bons anges sont divisés en trois hiérarchies présidées par trois esprits d'une gloire supérieure. Ces trois princes de la milice céleste furent pris dans les trois premiers chœurs, où ils étaient les plus nobles et les plus excellents ; ainsi, les trois princes de la milice infernale furent choisis comme les plus méchants des esprits des mêmes chœurs, qui arborèrent l'étendard de la révolte.

Lucifer était dans le ciel le plus noble des anges qui se révoltèrent, et son orgueil en fit le plus méchant de tous les démons. C'est pour cela que la justice de Dieu l'a donné pour roi à tous ses compagnons et aux réprouvés, avec puissance de les gouverner et de les punir, selon ses caprices ; ce qui fait qu'
on l'appelle le tyran des enfers. Outre cette présidence générale, il est encore établi sur le vice de l'orgueil.

ASMODEE

Le premier des trois princes qui commandent sous ses ordres, se nomme Asmodée : c'était dans le ciel un chérubin, et il est aujourd'hui l'esprit impur qui préside à tous les péchés déshonnêtes.

MAMMON

Le deuxième prince s'appelle Mammon : c'était autrefois un trône, et maintenant il préside aux divers péchés que fait commettre l'amour de l'argent.

BELZEBUTH

Le troisième prince porte le nom de Belzébuth ; il appartenait à l'origine au chœur des dominations, et maintenant il est établi sur tous les crimes qu'enfante l’idolâtrie, et préside aux ténèbres infernales. C'est aussi de lui que viennent celles qui aveuglent les esprits des humains.

LES HIÉRARCHIES DÉMONIAQUES

Ces trois chefs ainsi que leur monarque, ne sortent jamais de leurs prisons infernales ; lorsque la justice de Dieu veut exercer sur la terre quelque vengeance éclatante, ces princes maudits députent à cet effet un nombre suffisant de leurs démons subordonnés ; car il arrive quelquefois que les fléaux dont Dieu veut frapper les peuples, demandent plus de forces ou plus de malices que n'en ont les mauvais esprits répandus sur la terre et dans l'air. Alors les infernaux plus méchants et plus enragés, deviennent des auxiliaires indispensables. Mais hors de ces cas rares, ces grands coupables ne peuvent sortir des prisons où ils sont renfermés. Tous ces esprits infortunés sont classés dans l'abîme selon leur ordre hiérarchique.

PREMIÈRE HIÉRARCHIE

La première hiérarchie, composée
de séraphins, de chérubins et de trônes, habite l'enfer le plus bas ; ils endurent des tourments plus cruels que les autres, et exercent les vengeances célestes sur les plus grands pécheurs. Lucifer qui fut un séraphin, exerce sur eux une spéciale autorité, en vertu de l'orgueil dont il a la haute présidence.

Les démons de cette hiérarchie ne sont envoyés sur terre, que, lorsque la colère de Dieu permet que l'orgueil prévale pour punir les nations. [Nous nous trouvons donc présentement dans ce cas.]

DEUXIÈME HIÉRARCHIE

La deuxième hiérarchie formée de dominations, de principautés et de puissances, demeure dans l'enfer du milieu. Elle a pour prince Asmodée qui, comme je l'ai déjà dit, préside aux péchés de la luxure. On peut deviner que les démons de cette hiérarchie sont sur terre lorsque les peuples s'abandonnent au vice infâme de l'impureté. [Là encore nous reconnaissons notre époque.]

TROISIÈME HIÉRARCHIE

La troisième hiérarchie qui se compose de vertus, d'archanges et d'anges, a pour chef Mammon, et habite l'enfer supérieur. Lorsque ces démons sont lâchés sur la terre, la soif des richesses y prévaut de toutes parts, et il n'est plus question que d'or ou d'argent. Quant à Belzébuth, il est le prince des ténèbres, et les répand, quand Dieu le permet, dans les intelligences, pour étouffer la lumière de la conscience et celle de la véritable foi. Tel est l'ordre qui règne parmi les démons dans les enfers ; quant à leur nombre, il est innombrable.

LES HIÉRARCHIES DANS L’AIR ET SUR LA TERRE

On retrouve ces mêmes hiérarchies parmi les démons qui demeurent dans l'air et sur la terre, mais ils n'ont point de chefs, et par conséquent vivent dans l'indépendance et une sorte d’égalité.

Ce sont les démons aériens qui, la plupart du temps, déchaînent les vents, excitent les tempêtes, produisent les orages, les grêles et les inondations. Leur intention en cela est de faire du mal aux hommes, surtout en diminuant leur confiance en la divine Providence, et les faisant murmurer contre la volonté de Dieu.

Les démons de la première hiérarchie, qui vivent sur la terre, ne manquent pas de profiter aussi de ces occasions favorables à leur malice ; trouvant les hommes irrités par ces calamités et fort affaiblis dans leur soumission et leur confiance, ils les font tomber beaucoup plus facilement dans le vice de l'orgueil.

Ceux de la deuxième hiérarchie ne manquent pas à leur tour de les précipiter de leur hauteur superbe dans le cloaque impur...

[Cela] donne ensuite toute facilité aux démons de la troisième hiérarchie, de les faire tomber dans les péchés qu'enfante l'amour de l'argent.

Ces esprits tentateurs sont sans cesse occupés à préparer notre perte...

Alors les anges qui président aux ténèbres les aveuglent, leur font quitter la voie de la vérité, et rendent leur retour extrêmement difficile.

Vision de Sainte Françoise Romaine : les activités démoniaques parmi les hommes

C'est ainsi que tous les démons, malgré la différence de leurs emplois, se concertent et s'aident mutuellement à perdre les âmes. Les uns affaiblissent leur foi, les autres les poussent à l'orgueil, ceux-ci à l'impureté, ceux-là à l'amour des richesses, d'autres enfin leur jettent un voile sur les yeux et les écartent si fort de la voie du salut, que la plupart ne la retrouvent plus.

Le seul moyen d'échapper à ce complot infernal, serait de se relever promptement de la première chute, et c'est précisément ce que ces pauvres âmes ne font pas. De là, cette chaîne de tentations, qui de chute en chute les conduit au fond du précipice.

Lorsque j'ai dit que les démons qui sont dans l'air et sur la terre n'ont pas de chefs, j'ai voulu dire seulement qu'ils n'ont pas d'officiers subalternes ; car tous sont soumis à Lucifer, et obéissent à ses commandements, parce que telle est la volonté de la justice divine. Malgré la haine qu'ils portent aux hommes, aucun d'eux n'oserait les tenter sans l'ordre de Lucifer, et Lucifer lui-même ne peut prescrire, en ce genre que ce que lui permet le Seigneur plein de bonté et de compassion pour nous.

Lucifer voit tous ses démons, non seulement ceux qui sont autour de lui dans l'enfer, mais encore ceux qui sont dans l'air et sur la terre.

Tous aussi le voient sans aucun obstacle, et comprennent parfaitement toutes ses volontés. Ils se voient également et se comprennent fort bien les uns les autres.

Les malins esprits, répandus dans l'air et sur la terre, ne ressentent pas les atteintes du feu de l'enfer ; ils n'en sont pas moins excessivement malheureux, tant parce qu'ils se maltraitent et se frappent sans cesse les uns les autres, que parce que les opérations des bons anges dans ce monde leur causent un dépit qui les tourmente cruellement.

Les peines de ceux qui appartiennent à la première hiérarchie sont plus acerbes que celles des esprits de la seconde, et ceux-ci sont plus malheureux que les esprits de la troisième. La même justice distributive préside aux tourments des esprits infernaux; mais ceux-ci sont tous en proie à l'ardeur des flammes infernales.

Les démons qui demeurent au milieu de nous, et ont reçu le pouvoir de nous tenter, sont tous des esprits tombés du dernier chœur. Les anges commis à notre garde sont aussi de simples anges.

Ces esprits tentateurs sont sans cesse occupés à préparer notre perte. Les moyens qu'ils emploient pour cela sont si subtils et si variés, qu'une âme qui leur échappe est fort heureuse, et ne saurait trop témoigner sa reconnaissance au Seigneur.

Il n'est pas un instant du jour et
de la nuit, où ces cruels ennemis n'essayent d'une tentation ou d'une autre, afin de lasser ceux qu'ils ne peuvent vaincre par la ruse ou la violence.

La patience est donc l'arme défensive par excellence. Malheur à qui la laisse tomber de ses mains ! Lorsque ces tentateurs ordinaires rencontrent des âmes fortes et patientes, qu'ils ne peuvent entamer, ils appellent à leur secours des compagnons plus astucieux et plus malins, non pour combattre avec eux ou à leur place, car Dieu ne le permet pas, mais pour leur suggérer des stratagèmes plus efficaces.

[Françoise savait tout cela par expérience : il était rare qu'elle fût tentée par son démon seul. D'ordinaire il s'en associait d'autres ; et trop faibles encore, ils recouraient à la malice des esprits supérieurs qui demeuraient dans l'air. Elle était devenue si habile dans cette guerre, qu'en soutenant une attaque, elle savait à quel chœur avait appartenu celui dont le conseil la dirigeait, et qui il était. Lorsque les démons veulent livrer un assaut à une âme habile et forte, les uns l'attaquent de front, et les autres se placent derrière elle. C'est de cette sorte qu’ils combattaient ordinairement contre notre bienheureuse, et elle les voyait se faire des signes pour concerter leurs moyens.]

Lorsqu'une âme, vaincue par les tentations, meurt dans son péché, son tentateur habituel l'emporte avec promptitude, suivi de beaucoup d'autres qui lui prodiguent des outrages, et ne cessent de la tourmenter jusqu'à ce qu'elle soit précipitée dans l'enfer. Ces détestables esprits se livrent ensuite à une joie féroce. Son ange gardien, après l'avoir suivie jusqu'à l'entrée de l'abîme, se retire aussitôt qu’elle a disparu, et remonte au ciel.

Lorsqu'une âme, au contraire, est condamnée au purgatoire, son tentateur est cruellement battu par l'ordre de Lucifer pour avoir laisse échapper sa proie. Il reste pourtant là, en dehors du purgatoire, mais assez près pour que l'âme le voie et entende, les reproches qu'il lui fait sur les causes de ses tourments. Lorsqu'elle quitte le purgatoire pour monter au ciel, ce démon revient sur la terre se mêler à ceux qui nous tentent ; mais il est pour eux un objet de moqueries, pour avoir mal rempli la mission dont il était chargé.

Tous ceux qui laissent ainsi échapper les âmes ne peuvent plus remplir l'office de tentateurs. Ils vont, errant çà et là, réduits à rendre aux hommes d'autres mauvais offices, quand ils peuvent.

Quelquefois Lucifer, pour les punir, les loge honteusement dans des corps d'animaux, ou bien il s'en sert, avec la permission de Dieu, pour exercer des possessions qui leur attirent souvent de nouveaux châtiments et de nouvelles hontes.

Les démons, au contraire, qui ont réussi à perdre les âmes auxquelles Lucifer les avait attachés, après les avoir portées dans les enfers, reparaissent sur la terre, couverts de gloire parmi leurs semblables, et jouent un plus grand rôle que jamais dans la guerre qu'ils font aux enfants de Dieu.

Ce sont eux que les autres appellent à leur secours, comme plus expérimentés et plus habiles, quand ils ont affaire à des âmes fortes et généreuses qui se rient de leurs vains efforts.

Tout démon chargé de la mission de perdre une âme ne s'occupe point des autres ; il n'en veut qu’à celle-là, et emploie tous ses soins à la faire pécher ou à troubler sa paix. Cependant, quand il l'a vaincue, il la pousse, autant qu'il peut, à tenter, à molester ou à scandaliser d'autres âmes.

Il y a d'autres démons du même chœur que ceux qui nous tentent, qui vivent au milieu de nous sans nous attaquer. Leur mission est de surveiller ceux qui nous tentent, et de les châtier chaque fois qu'ils ne réussissent pas à nous faire pécher.

Chaque fois qu'ils entendent prononcer dévotement le saint Nom de Jésus, ils se prosternent spirituellement, non de bon cœur, mais par force.

[Françoise en vit une fois plusieurs en forme humaine, qui à ce Nom sacré qu'elle prononçait en conversant avec son confesseur, inclinèrent leur front avec un profond respect, jusque dans la poussière. Ce Nom sacré est pour eux un nouveau supplice, qui les fait souffrir d'autant plus cruellement, que la personne qui le prononce est plus avancée dans l'amour, et plus parfaite.]

Lorsque les impies profanent ce nom adorable, ces esprits réprouvés ne s'en attristent pas ; mais ils sont forcés de s'incliner, comme pour réparer l'injure qui Lui est faite. Ils en agissent de même lorsqu'on le prend en vain. Sans cette adoration forcée, ils seraient bien contents d'entendre blasphémer ce saint Nom.

Les bons anges, au contraire, en pareilles occasions, l'adorent profondément, le louent et le bénissent avec un amour incomparable.
Lorsqu'il est prononcé avec un vrai sentiment
de dévotion, ils lui rendent les mêmes hommages, mais avec un vif sentiment de joie.

[Chaque fois que notre bienheureuse proférait ce très saint Nom, elle voyait son archange prendre un air extraordinairement joyeux, et s'incliner d'une manière si gracieuse, qu'elle en était tout embrasée d'amour.]

Lorsque les âmes vivent dans l'habitude du péché mortel, les démons entrent en elles, et les dominent en plusieurs façons, qui varient selon la qualité et la quantité de leurs crimes ; mais quand elles reçoivent l'absolution avec un cœur contrit, ils perdent leur domination, délogent au plus vite, et se remettent auprès d'elles pour les tenter de nouveau ; mais leurs attaques sont moins vives, parce que la confession a diminué leurs forces.


CHAPITRE VII

L es limbes

Lorsque la servante de Dieu fut transportée à l'entrée de l'enfer, elle vit tout près un ange debout à une autre porte : c'était la porte des limbes, de cette prison où toutes les âmes justes de la terre attendirent si longtemps la venue du Libérateur. Ce lieu, quoique contigu à l'enfer, n'a aucune communication avec lui.

Son élévation est à l'enfer ce qu'est celle d'une maison aux caves de la maison voisine ; c'est-à-dire, que sa plus basse partie est supérieure à la plus élevée de l'enfer.
Il n'y a dans ce lieu ni feu, ni glace, ni serpents, ni démons, ni odeur empestée ; on n'y entend ni hurlements, ni blasphèmes ;

on n'y souffre aucune autre peine que la privation de la lumière
; car il y fait toujours nuit.
C'est là que se trouve la demeure éternelle des enfants morts sans baptême
. Sa distribution est la même que celle de l'enfer. Il y a une partie supérieure, une inférieure et une intermédiaire.

La partie supérieure est habitée par les enfants nés ou conçus de parents chrétiens. Dans la partie intermédiaire sont renfermés les enfants des Juifs, morts avant d'avoir péché.


leur position est la même que celle des premiers, excepté que leur prison est encore plus ténébreuse.
Dans la partie inférieure se trouvent les enfants nés ou conçus par l'effet d'un crime contraire au vœu solennel de chasteté ou à l'affinité spirituelle. Là règne une nuit plus profonde que dans les deux parties plus élevées.


CHAPITRE VIII 

Le purgatoire (lire aussi le chapitre complet)

Après les visions susdites, la servante de Dieu fut conduite à celle du purgatoire dont la distribution est la même que celle de l'enfer. En approchant de ce triste lieu, elle lut ces paroles écrites sur la porte : «C'est ici le purgatoire, lieu d'espérance, où les âmes attendent l’accomplissement de leur désir». L’ange Raphaël lui fit voir les trois parties de cette demeure ; et voici ce qu'elle y vit :

Dans la partie la plus basse brûle un feu qui donne de la lumière, dissemblable en cela à celui de l'enfer, qui est noir et sans aucune clarté. Ce feu est très ardent et d'une couleur rouge.
C'est là que sont punies les âmes redevables à la justice divine de la peine temporelle qu'elles méritèrent par de grands péchés ; et le feu les tourmente plus ou moins rigoureusement, selon la qualité et la quantité de leurs dettes. L'ange lui dit que, sept années de souffrances dans cette partie intérieure, correspondent à celle temporelle méritée par un seul péché mortel.

A la gauche de ces âmes, mais hors du purgatoire, Françoise vit les démons qui les tentaient pendant la vie, et elle observa que ces pauvres âmes souffraient beaucoup de leur vision, et des reproches qu'ils ne cessaient de leur faire entendre. «Vous avez mieux aimé, leur disaient-ils, suivre nos illusions et nos persuasions, que les préceptes de l’Évangile. Vous avez eu la folie d'offenser Celui à qui vous étiez redevable de votre création et rédemption. Demeurez ici maintenant pour expier vos ingratitudes». Du reste, le pouvoir des démons sur ces âmes se borne à ces deux choses: à les affliger par leurs reproches et par leur horrible aspect.

Ces âmes, placées dans le feu du purgatoire inférieur, acquiescent humblement à la justice divine ; néanmoins, la rigueur des peines qu'elles endurent leur arrache des gémissements que personne en cette vie ne saurait comprendre. Elles acquiescent à la volonté de leur juge, parce qu'elles comprennent parfaitement l'équité des tourments qu'elles endurent. Or, cet acquiescement, est cause que Dieu prête l'oreille à leurs plaintes, qu'Il en est touché et leur donne quelques consolations.

Il ne les arrache pas pour cela aux flammes qui les brûlent, mais Il leur fait trouver dans leur soumission même, une sorte de rafraîchissement, ainsi que dans la pensée qu’elles arriveront bientôt à la gloire éternelle.
Elles connaissent non seulement leurs propres péchés, mais encore ceux des autres âmes qui souffrent avec elles, et toutes sont contentes de la justice punitive de Dieu, qui s'exerce avec tant d'équité.
Lorsqu'un ange gardien a conduit dans ce purgatoire inférieur l'àme qui lui était confiée, il se place en dehors de la prison, au côté droit de la porte, tandis que le mauvais ange se place au côté gauche ; et il se tient là jusqu'à ce que cette âme entièrement purifiée, devienne libre de monter au ciel.
C'est lui qui recueille les suffrages offerts pour elle sur la terre, et les présente à la justice de Dieu, qui les lui rend, afin qu'il les applique à cette pauvre âme, comme un remède qui adoucit ses maux.

Il présente également à Dieu toutes les bonnes œuvres qu’elle a faites pendant sa vie mortelle tandis que le mauvais ange rappelle sans cesse les péchés qu'elle a commis, à la justice du Seigneur. Lorsqu'une âme a fait des legs pieux avant son trépas, Dieu, dans Sa bonté, les accepte sur-le-champ et les récompense, quand même ils ne recevraient pas leur exécution par la faute de ceux qui en étaient chargés. Cependant, si elle a renvoyé ces bonnes œuvres après sa mort, par affection pour ses richesses, Dieu ne la récompense qu'à l'expiration du temps déterminé par elle pour leur accomplissement.

Ce purgatoire inférieur se divise en trois prisons séparées, où le feu n'a pas une égale ardeur ; il est plus brûlant dans la première que dans la seconde, et dans la seconde que dans la troisième, Or, la première est destinée aux religieux et aux prêtres, eussent-ils commis de moindres péchés que les séculiers, parce qu'ils ont eu plus de lumières et n'ont pas honoré leur dignité comme ils le devaient. Françoise vit dans ce cachot un prêtre fort pieux, mais qui avait trop contenté son appétit dans l'usage des aliments.
La seconde prison est la demeure des religieux et des clercs qui ne furent pas honorés du sacerdoce. Dans la troisième, sont renfermées les âmes séculières qui commirent des péchés mortels et ne les expièrent pas pendant la vie.
Les tourments ne sont pourtant pas égaux dans chacune de ces prisons ; ils sont plus ou moins cruels selon la mesure des dettes et la qualité des personnes. Les supérieurs y souffrent davantage que les inférieurs ; selon qu'une âme est plus ou moins coupable, les supplices sont plus ou moins cruels, et leur durée plus ou moins longue.

Après avoir considéré le purgatoire inférieur, Françoise fut conduite à la vision du purgatoire intermédiaire. Or, il se partage, comme l'autre, en trois parties, dont la première est un lac d'eau glacée, la seconde un lac de poix fondue, mêlée d'huile bouillante, et la troisième un lac de métaux liquéfiés.
C'est dans ce purgatoire que sont logées les âmes, qui ne commirent pas de péchés assez graves pour mériter d'être placées dans le purgatoire inférieur.

Ce sont donc les péchés véniels qui conduisent à ce purgatoire intermédiaire.

Or, il y a dans cette prison trente-huit anges qui sont sans cesse occupés à transvaser, ces pauvres âmes d'un lac dans l'autre, ce qu'ils font avec des manières très gracieuses et une grande charité.
Ces anges ne sont pas pris parmi leurs anges gardiens ; ce sont d'autres anges que la bonté de Dieu a chargés de ce ministère. J'attribue leur mission à la bonté de Dieu parce que leur présence est pour ces âmes d'une grande consolation.

La servante de Dieu reçut dans cette vision plusieurs lumières sur l'application des suffrages que les vivants offrent pour les morts, qui méritent bien d'être communiquées.

Elle connut 1°

que les messes, indulgences accordées, et bonnes œuvres offertes pour certaines âmes par leurs parents et amis, ne leur sont pas intégralement appliquées ; elles en reçoivent bien la meilleure part, mais le reste est réparti entre toutes les âmes du purgatoire.

Françoise connut 2°
que ces offrandes, faites par erreur à des âmes qui sont en paradis, profitent d'abord à ceux qui les font, et ensuite aux âmes du purgatoire.


Elle connut 3°
que ces mêmes secours adressés par les vivants à des âmes qu'ils croient en voie de salut, et qui sont réprouvées, entrent intégralement dans les trésors de leurs auteurs, parce que, ni les damnés ne peuvent en profiter, ni Dieu ne permet qu'elles soient appliquées aux âmes du purgatoire. Il est à remarquer que Françoise, au sortir d'une de ces visions, qui avait duré environ deux heures, crut y avoir employé un temps
fort considérable. Il résulte donc de là que le temps qui semble passer vite sur la terre, parait bien long dans l'éternité.


CHAPITRE IX

De la gloire des saints dans le ciel

Lorsque les âmes bienheureuses font leur entrée dans le ciel, elles sont conduites aux places qui leur ont été assignées, selon leurs mérites. Si, pour s'y rendre, il leur faut traverser quelques chœurs angéliques, les esprits qui les composent leur font un accueil extrêmement joyeux ; mais rien n'égale la réception qui leur est faite dans les chœurs où elles doivent prendre place.

Ce ne sont, de la part des anges auxquels on les associe, que démonstrations de joie et d'amitié pour elles, que cantiques de louanges et de bénédictions pour rendre grâces à Dieu de leur bonheur, et cette réjouissance dure beaucoup plus longtemps dans ces chœurs que dans les autres.

Toutes les fois que notre bienheureuse, interrogée par son confesseur, parlait de cette joie angélique, causée par la venue de quelques âmes associées à leur gloire, le souvenir de leur multitude, de la douceur inexprimable de leurs chants, de leurs démonstrations, de leurs trans-ports, la mettait hors d'elle-même ; son visage alors était tout en feu, et son cœur se fondait comme la cire aux rayons du soleil.

Le père lui demandant un jour quels étaient les plus parfaits des esprits humains ou angéliques placés dans la même gloire,
elle répondit que les esprits humains ont une perfection supérieure, à cause du temps plus long qui leur fut donné pour mériter
;

mais que les anges sont plus purs et plus beaux, qu'ils pénètrent mieux dans la compréhension divine, et que leurs chants sont beaucoup plus mélodieux
. Il faut pourtant excepter l'auguste Marie de cette règle générale.
Chaque fois, ajoutait la servante de Dieu, que je suis élevée à la vision béatifique, j'éprouve plusieurs étonnements.

Je m'étonne 1° de mon défaut de pénétration dans la compréhension divine, causée par l'union de mon âme avec mon corps mortel, et cette incapacité m'humilie beaucoup, et me donne un grand mépris de moi-même.
Je m'étonne 2°, je demeure toute stupéfaite, chaque fois que je considère dans le miroir divin la subtilité pénétrante des séraphins quant à la compréhension du grand abîme.
Je m'étonne 3°, mais bien davantage encore, en considérant la profondeur de la divinité créatrice et gubernatrice  de ces subtiles intelligences.

Voici, disait encore la bienheureuse quelques remarques que j'ai faites relativement aux esprits glorieux.
1° Dans l'ordre des séraphins, les uns pénètrent plus avant que les autres dans la compréhension divine. Il y a entre eux une gradation d'intelligence, qui existe également dans tous les autres chœurs. Ce que je dis des anges, je le dis également des esprits humains qui leur sont associés. Tous les esprits d'un même chœur ne sont pas également proches de la divinité. Or, plus une intelligence voit de près cet abîme, et mieux elle y pénètre.

2° Tous les esprits humains, placés dans la gloire, ne la possèdent pas au même degré. Quelques-uns, pendant qu’ils vivaient dans leur chair mortelle, reçurent une intelligence plus subtile, et suivant leurs opérations intellectuelles selon leur capacité, ils pénétrèrent plus avant dans l'abîme de la divinité, en regardant dans le miroir divin, dont la vision constitue la béatitude : ils ont donc apporté dans le ciel un esprit plus capable et plus pénétrant. Or, plus une âme a de capacité et de subtilité dans l'entendement, et plus elle est rassasiée dans la vision béatifique. Il est vrai que dans le ciel toutes les âmes sont pleinement rassasiées ; mais chacune l'est selon la mesure de sa capacité et de la subtilité avec laquelle elle pénètre dans la compréhension de la volonté divine.

Lorsque les apôtres reçurent le Saint Esprit, tous n'obtinrent pas la même mesure de grâce. Ceux qui avaient plus de capacité et de subtilité dans l'entendement, la reçurent dans un plus haut degré.
 
Or, ce qui dispose à une plus grande grâce, dispose également à une plus grande gloire. Françoise voyait tout cela, pendant ses extases, dans le miroir divin. Du reste, elle a souvent déclaré, qu'elle soumettait toutes ses paroles au jugement de l’Église catholique, dans le sein de laquelle elle désirait vivre et mourir. LOUANGE SOIT A DIEU. AMEN.


Page d'accueil   --   Qui sommes-nous ?   --   Orientation religieuse   --   Historique   --   Index   --   Livre d'or

foire.jpg (8513

---