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Les 7 dormants |
Extrait de la légende
dorée de Jacques de Voragine ---------------------------------------------------------------------------------------------- La Légende dorée (Legenda aurea) est un ouvrage rédigé en latin par Jacques de Voragine entre 1261 et 1266 qui raconte la vie de 180 saints, saintes et martyrs chrétiens ainsi que certains épisodes de la vie du Christ et de la Vierge, suivant le calendrier liturgique. |
Autres chapitres : Immortalité et fin des temps La Résurrection finale |
Nous
sommes à l'époque de l'empereur Dèce (249-251 ap.
J.C.) --------------------------------------------------- Rappel historique : Dèce (v. 201 - juin 251), est empereur romain de 249 à 251. Il succède à Philippe l'Arabe contre qui il a mené une révolte. Il meurent en juin 251 à la bataille d'Abrittus. ---------------------------------------------------
Comme ils
étaient les premiers officiers du palais, et qu'ils
méprisaient les sacrifices offerts aux idoles, ils
restaient cachés dans leur maison, se livrant aux
jeûnes et aux oraisons. Accusés et traduits devant
Dèce; puis convaincus d'être chrétiens, on leur
donna le temps de revenir à résipiscence et ils
furent relâchés, jusqu'au retour de l’empereur. Mais
dans cet intervalle, ils distribuèrent leur
patrimoine entre les pauvres, et prirent la
résolution de se retirer sur le mont Célion, où ils
se décidèrent à rester cachés. Pendant
longtemps, l’un d'eux se procurait ce qui leur était
nécessaire, et chaque fois qu'il entrait dans la
ville, il se déguisait en mendiant. Or, quand Dèce
fut revenu dans Ephèse, il ordonna de les chercher
pour les obliger à sacrifier. Malchus, qui les
servait, revint effrayé trouver ses compagnons et
leur faire part de la fureur de l’empereur. Ils
furent saisis de crainte; alors Malchus leur
présenta les pains qu'il avait apportés, afin que,
fortifiés parla nourriture, ils en devinssent plus
braves pour le combat. Après leur repas du soir, ils
s'assirent et s'entretinrent avec tristesse et
larmes, et à l’instant, par la volonté de Dieu, ils
s'endormirent. Quand
vint le matin, on les chercha et on ne put les
trouver, Or, Dèce était désolé d'avoir perdu de
pareils jeunes gens; on les accusa de s'être cachés
jusqu'alors sur le mont Célion, et de persister dans
leur résolution . On ajouta qu'ils avaient donné
leurs biens aux pauvres. Dèce ordonna donc de faire
comparaître leurs parents qu'il menaça de mort,
s'ils ne déclaraient tout ce qui était venu à leur
connaissance au sujet des absents. Leurs parents les
accusèrent comme les autres et se plaignirent de ce
qu'ils avaient distribué leurs richesses aux
pauvres: Alors
Dèce réfléchit à la conduite. qu'il tiendrait à leur
égard, et par l’inspiration; de Dieu, il fit boucher
avec des pierres l’entrée de la caverne afin qu'y
étant renfermés, ils y mourussent de faim et de
misère. On exécuta ses ordres et deux chrétiens,
Théodore et Rufin, écrivirent la relation de leur
martyre qu'ils placèrent avec précaution entre les
pierres. Or, quand
Dèce, et toute la génération qui existait alors eut
disparu, trois cent soixante-douze ans après, la
trentième année de l’empire de Théodose, se
propagea l’hérésie de ceux qui niaient la
résurrection des morts. -------------------------------------- Théodose, qui
était un empereur très chrétien, fut rempli de
tristesse devoir la foi indignement attaquée. Il se
revêtit d'un cilice; et s'étant retiré dans
l’intérieur de son palais, il pleurait tous les
jours Dieu, qui vit cela dans sa miséricorde, voulut
consoler ces affligés et affermir l’espérance de la
résurrection des morts ; il ouvrit les trésors de sa tendresse et ressuscita les
sept martyrs, comme il suit. Il
inspira à un citoyen (294) d'Ephèse l’idée de faire
construire sur le mont Célion des étables pour les
bergers. Les
maçons ayant ouvert la grotte, les saints se
levèrent et se saluèrent, dans la pensée qu'ils
n'avaient dormi qu'une nuit ; puis se
rappelant leur tristesse de la veille, ils
demandèrent à Malchus, qui les approvisionnait, ce
que Dèce avait décrété à leur égard. Il répondit : «
Comme je vous l’ai dit hier soir, on nous a cherchés
pour nous contraindre à sacrifier aux idoles : voilà
les pensées de l’empereur par rapport à nous.»
Maximien répondit : « Et Dieu sait que
nous ne sacrifierons pas. » Après avoir encouragé
ses compagnons, il dit à Malchus de descendre à-la
ville pour acheter du pain, en lui recommandant d'en
prendre plus qu'il n'avait fait la veille, et de
leur communiquer à son retour les ordonnances de
l’empereur. Malchus
prit cinq sols, sortit de la caverne. En voyant les
pierres il fut étonné ; mais comme il pensait à
autre chose, l’idée des pierres fit peu d'impression
sur lui. Alors qu'il arrivait, non sans une certaine
appréhension, à la porte de la ville, il fut
singulièrement surpris de la voir surmontée du signe
de la croix ; de là il alla à une autre porte. Quand
il vit le même signe, il fut très étonné de voir une
croix au-dessus de toutes les portes, et de trouver
la ville changée; il se signa, et revint à la
première porte en pensant qu'il rêvait. Se
croyant le jouet d'une erreur, il songea à venir
retrouver ses compagnons. Cependant il entra chez
ceux qui vendaient du pain, et ayant donné son
argent, les marchands étonnés se disaient l’un à
l’autre que ce jeune homme avait trouvé un vieux
trésor. Or, Malchus, en les voyant se parler en
particulier, pensait qu'ils voulaient le mener à
l’empereur, et, dans son effroi, il les pria de le
laisser aller et de garder les pains et les pièces
d'argent. Mais les boulangers le retinrent et lui
dirent : « D'où es-tu ? puisque tu as trouvé des
trésors des anciens empereurs; indique-les-nous;
nous partagerons avec toi et nous te cacherons, car
autrement tu ne peux t'en retirer.» Malchus ne
savait quoi leur répondre, tant il avait peur. Alors
les marchands, voyant qu'il se taisait, lui jetèrent
une corde au cou, le traînèrent par les rues jusqu
au milieu de la ville.
Pendant
que les officiers le conduisaient à l’église, il
pensait qu'on le menait à l’empereur. L'évêque donc
et l’empereur, surpris de voir cet argent; lui
demandèrent où il avait trouvé un trésor, inconnu.
Il répondit qu'il n'avait rien trouvé, mais qu'il
avait en ces deniers dans la bourse de ses parents.
On lui demanda alors de quelle ville il était. « Comment
te croire, dit le proconsul? tu prétends que cet
argent vient de tes parents, et l’inscription a plus
de 377 ans ; elle date des premiers temps de
l’empereur Dèce, et ces pièces ne sont pas du tout
pareilles à celles qui ont cours chez nous. Et
comment tes parents vivaient-ils à cette époque,
quand tu es si jeune? Tu veux donc tromper les
savants et les vieillards d'Ephèse ? Eh bien ! je
vais te livrer à la rigueur des lois, jusqu'à ce,
que tu fasses l’aveu de ta découverte. » Alors
Malchus se jeta à leurs pieds en disant : « Pour
Dieu, seigneurs, dites-moi ce que je vous demande,
et je vous dirai ce qui est dans mon coeur. L'empereur
Dèce, qui se trouvait dans cette ville, ou est-il à
présent?» L'évêque lui répondit : « Mon fils, il n'y
a plus aujourd'hui ici-bas d'empereur qui s'appelle
Dèce; il y a longtemps qu'il l’était.» Mais Malchus
dit : « C'est pour cela, seigneur, que je suis bien
étonné et que personne ne. me croit : or,
suivez-moi, et je vous montrerai mes compagnons qui
sont au mont Célion, et vous les croirez. Ce que je
sais, c'est que nous avons fui quand Dèce s'est
présenté ici ; et, hier soir, j'ai vu entrer Dèce
dans cette ville, si tant est que ce soit Ephèse. »
Alors l’évêque ayant réfléchi, dit au proconsul : «
C'est une vision que Dieu veut montrer par le
ministère de ce jeune homme. » Ils le suivirent donc
avec une grande multitude de citoyens. Malchus
pénétra le premier dans le lieu où étaient, ses
compagnons : l’évêque, qui entra après lui, trouva
entre les pierres la relation scellée de deux sceaux
d'argent. Il assembla le peuple, la lut, à
l’admiration de tous ceux qui l’entendirent; et en
voyant les saints de Dieu assis dans la caverne avec
un visage qui avait la fraîcheur des roses, ils se
prosternèrent en glorifiant Dieu. Aussitôt l’évêque
et le proconsul envoyèrent prier l’empereur de venir
de suite voir les miracles qui venaient de s'opérer.
Aussitôt l’empereur quitta le sac qu'il portait, se
leva et vint de Constantinople à Ephèse en rendant
gloire à Dieu. On alla au-devant de lui et on
l’accompagna à la grotte. Les
saints n'eurent pas plutôt vu l’empereur que leur
visage brilla,, comme le soleil; ensuite l’empereur
entra, se prosterna devant eux en glorifiant Dieu,
se leva, les embrassa et pleura sur chacun d'eux en
disant : « Je vous vois, comme si je
voyais le Seigneur ressuscitant Lazare. » Alors
saint Maximien lui dit : « Croyez-nous ; c'est
pour vous que Dieu nous a ressuscités avant le
jour de la grande résurrection, afin que vous
croyiez indubitablement à la résurrection certaine
des morts; car nous sommes vraiment ressuscités et
nous vivons : or, de même que l’enfant dans le
sein de sa mère vit sans ressentir de lésion, de
même, nous aussi , nous avons été vivants,
reposant, dormant et n'éprouvant pas de
sensations. » Quand
il eut dit ces mots, les sept hommes inclinèrent
la tête sur la terre, s'endormirent et rendirent
l’esprit selon l’ordre de Dieu. Alors
l’empereur se leva, se jeta sur eux avec larmes et
les embrassa. Il ordonna ensuite de faire des
cercueils d'or pour les renfermer; mais cette
nuit-là même, ils lui apparurent et lui dirent que
jusqu'alors ils avaient reposé sur la terre et
qu'ils étaient ressuscités de dessus la terre, qu'il
les y fallait laisser, jusqu'à ce que le Seigneur
les ressuscitât la seconde fois. L'empereur ordonna
donc qu'on ornât ce lieu. de pierres dorées,
et que tous les évêques: qui confessaient la
résurrection fussent absous. Qu'ils
aient dormi 377 ans, comme on le dit, la chose peut
être douteuse, puisqu'ils ressuscitèrent l’an du
Seigneur 418. Or, Dèce régna seulement un an et
trois mois, en l’an 252; ainsi, ils ne dormirent que
196 ans |
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