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Les Amazones - La reine Sémiramis

 

à droite - Sémiramis construisant le temple de Babylone - Peinture - Hilaire-Germain-Edgar de Gas (Degas) 1860 à 1862

Extrait des révélations d'Anne-Catherine Emmerich (1774-1824)

Les  mystères  de  l'Ancienne  Alliance
Texte intégral recueilli par Clémens Brentano - Traduit par Jean-Joachim Bouflet
LIBRAIRIE PIERRE TÉQUI  82, Rue Bonaparte, 75006 PARIS


(...) J'ai vu trois tribus, l'une issue de la fusion des deux autres, entre l'époque de Derkétô et celle de Sémiramis. J'ai vu Derkétô quitter en hâte la région de Babylone. accompagnée d'une foule d'hommes et de femmes c'était -une grande et robuste virago, vêtue de peaux de bêtes encore garnies de leurs queues et ornés de nombreuses lanières elle portait sur la tête un bonnet de plumes. Fort versée dans la voyance, la prédiction et les sacrifices, elle ne cessait de voyager et de fonder des cités.
Lorsqu'elle avait détecté un emplacement propice à des constructions, elle chassait devant elle les tribus déjà  établies avec leurs troupeaux et faisait élever par ses sujets de hautes tours de pierre. souvent hideuses ils offraient alors des holocaustes et s'adonnaient à tous les vices.

Tout se rattachait à elle elle se trouvait tantôt ici, tantôt ailleurs, et partout on la vénérait elle eut dans son âge mur une fille qui poursuivit son action.
J'ai vu tout cela surtout dans une plaine, où fut établie l'origine de ce culte abominable. Finalement, je l'ai vue dans une ville au bord de la mer : c'était une horrible vieille, qui accomplissait ses opérations magiques au bord de l'eau.
Elle se tenait devant tout le peuple, dans un état de transe diabolique, et annonçait qu'elle voulait se sacrifier et mourir pour le salut de la cité elle ne pouvait plus rester prés d'eux, disait-elle, mais elle se transformerait en poisson et demeurerait ainsi dans le voisinage. Elle ordonna également de lui rendre un culte, dont elle fixa les détails, puis se jeta à la mer en présence de tout le peuple. Il y avait dans toutes ces prédictions d'étranges secrets et toutes sortes de significations attachées à l'eau et à Derketô.

J'ai vu ensuite un poisson sauter hors de l'eau, salué par tout le peuple qui célébra des sacrifices et se livra aux pires abominations de l'idolâtrie, suivant les prescriptions de Derketô.

Apres elle, une autre femme apparut sur une petite montagne c'était sa fille. Cette image signifiait qu'elle aurait un plus grand renom de puissance. J'ai vu cette fille adonnée à toutes les horreurs propagées par Derketô. mais c'était encore plus impétueux et sauvage. Elle organisait de grandes battues sur des centaines de milles. traquant les fauves, célébrant entre-temps des sacrifices, s'occupant de magie et de prédiction. Elle fit bâtir partout des cités et organisa des cultes idolâtriques. Je la vis mourir noyée, alors qu'elle chassait un hippopotame.


Sa fille Sémiramis m'apparut sur une haute montagne, entourée de toutes les richesses et de tous les trésors de la terre, comme si le diable les lui montrait et les lui offrait elle instaura toute l'abomination à Babylone.
De telles prédispositions se retrouvaient dans beaucoup d'hommes, mais à l'état latent, au cours des premiers âges par la suite, elles s'affirmèrent avec violence chez certains personnages, qui devinrent alors des chefs et furent considérés par les autres comme des divinités ils établirent à partir de leurs illusions toutes sortes de cultes païens, réalisant de surcroît des oeuvres d'art, faisant des découvertes et déployant leur puissance partout, car ils étaient animés par le mauvais esprit. Ils furent à l'origine de lignées de tyrans et de prêtres, qui ne furent plus tard que des familles sacerdotales.
Dans les temps anciens, j'ai vu qu'il y avait plus de femmes que d'hommes de cette sorte, et elles étaient partout en proie à des transes dans lesquelles elles prophétisaient et agissaient.

Beaucoup de ce que l'on rapportait d'elles n'était qu'une relation incomplète de leurs vaticinations extatiques ou magnétiques l'histoire de leur origine, de leurs exploits, de leur vie était relatée soit par elles-mèmes, soit par d'autres somnambules diaboliques.
Les juifs aussi se livraient, en Egypte, à de nombreux cultes secrets mais Moise les extirpa, il fut le voyant de Dieu. Toutefois, beaucoup de ces mystères furent conservés par les rabbins, qui se les transmirent comme une science secrête réservée aux lettrés.
Plus tard. ces pratiques se retrouvèrent chez divers peuples, mais fort amoindries et appauvries, réduites à la sorcellerie et à la superstition, qui persistent encore.

Tout ceci cependant est issu du même arbre de perdition de l'unique royaume inférieur. Je vois toutes ces choses de façon confuse ou situées tout à fait sous la terre. Il y a également un élément de ces abominations dans le magnétisme

Dans ces premiers cultes idolâtriques, l'eau était sacrée : ils accomplissaient tous leurs sortilèges près de l'eau. et leur état de transe visionnaire et prophétique était provoqué par l'observation de l'eau. Ils aménagèrent bientôt des étangs sacrés destinés à cet usage. Plus tard. ils n'eurent plus besoin d'eau pour susciter en eux ces états de transe.
J'ai eu l'occasion d'apercevoir leurs visions, et c'est tout à fait curieux : c'était comme si tout l'univers se retrouvait sous l'eau. avec tous ses éléments qui sont normalement au-dessus : mais tout était voilé par un halo sombre et malsain On voyait arbre sous arbre, montagne sous montagne. mer sous mer etc. J'ai appris que ces femmes adonnées à la magie percevaient de la sorte tous les événements. les guerres, les peuples, les dangers etc. Elles voyaient toutes ces choses comme actuelles, mais elles-mèmes, en fait, agissant immédiatement selon leurs visions, les réalisaient.
Elles voyaient : il y a ici un peuple, qui peut vous vaincre, qui peut être défait par tel autre. qui peut bâtir une ville là-bas.

Elles voyaient des hommes et des femmes puissants et savaient alors comment les vaincre par la ruse elles prédisaient en fait tout le culte diabolique auquel elles se livraient. C'est ainsi que Derketô vit qu'elle devait se jeter à la mer pour devenir un poisson, ce qu'elle fit ! Elle ne voyait dans l'eau que ses propres abominations.

La fille de Derketô vécut à une époque où l'on construisit davantage de routes et de grandes voies de communication. Elle erra ça et là  jusqu'en Egypte, et toute sa vie ne fut que voyages et campagnes de chasse. C est a ses disciples que Job dut d'être si spolié en Arabie.
Toutes ces pratiques se répandirent en Egypte d'une façon si particulière, avec tant d'ampleur que l'on y était complètement adonné et que beaucoup de prophétesses étaient établies dans des temples et des officines, assises sur de curieux sièges disposés devant toutes sortes de miroirs et, tandis qu'elles étaient en proie à leurs visions, les prêtres rapportaient toutes leurs vaticinations à des hommes qui, par centaines, en inscrivaient le texte dans la pierre, gravant ces révélations dans les parois des salles.

J'ai vu aussi cette chose étrange : les chefs de ces instruments du démon étaient reliés entre eux de façon mystérieuse, formant une société secrête. Par ailleurs, dans des endroits très différents, diverses personnes se livraient aux mêmes abominations, toutes très proches les unes des autres : les seules différences tenaient à des particularismes locaux et aux intérêts mauvais propres à chaque peuple.

Certains peuples, toutefois, n'étaient pas aussi pervertis et corrompus par ces horreurs ils étaient plus prés de la vérité : ainsi la tribu qui donna naissance à Abraham. la famille de Job et la lignée des trois mages' de même que les astrologues de Chaldée et les disciples de l'Etoile brillante, Zoroastre 7.

Lorsque Jésus-Christ vint dans le monde et arrosa la terre de son sang. la puissance maléfique de ces pratiques régressa' et les effets en furent plus faibles. Moïse Dès son enfance, fut un voyant, mais tout en Dieu et il suivait toujours ce qu'il voyait 8.

Derketô et sa fille Sémiramis atteignirent un âge fort avancé pour leur époque.
C'étaient de grandes femmes robustes et lourdes, qui nous feraient presque peur à l'heure actuelle.
Elles étaient d'une hardiesse, d'une insolence et d'une vivacité incroyables, et pratiquaient avec une audace inouïe leur commerce avec les mauvais esprits et leurs pratiques de divination elles se prenaient tout à fait pour des êtres à part, des divinités. Elles étaient une réplique exacte de ces magiciens de la haute montagne. encore plus terribles qu'elles. qui avaient été engloutis par le Déluge.

Moïse. par contre. "suivait" ses visions. qui consistaient en recommandations et informations véridiques données par Dieu lui-mèmeë car il se conformait, sciemment, en toutes ses actions. aux directives de Dieu, qui soit lui dictait sa conduite, en l'avertissant ou non des résultats qu'il obtiendrait, soit l'avisait de faits réels, cachés ou futurs, que Moïse ne pouvait susciter, en lui indiquant éventuellement qu'elle devait être sa réaction

Il est émouvant de voir comment les justes et les patriarches durent lutter et souffrir au milieu de ces désordres effroyables, malgré de nombreuses révélations qu'ils recevaient de Dieu, et comment le Salut emprunta des chemins cachés et laborieux pour s'épanouir finalement sur la terre, alors que toutes ces pratiques diaboliques proliféraient et s'étalaient au grand jour.

Lorsque je voyais tout cela : ce cercle d'activités infâmes autour de ces déesses, et le culte qu'on leur rendait, et par ailleurs la petite armée de Marie, préfigurée dans la nuée d'Elle et combattue par les mensonges éhontés des philosophes de Chypre, et Jésus, accomplissement de la Promesse, qui se tenait devant eux, pauvre et patient, pour les enseigner, et que l'on menait vers la Croix ! Ah ! cela m'était douloureux. et c'était pourtant bien là  l'histoire de la Vérité et de la lumière qui ont brillé dans les ténèbres, et que, jusqu'à ce jour, les ténèbres n'ont pas voulu recevoir !

Mais la miséricorde de Dieu est infinie. J'ai vu au cours du Déluge beaucoup, beaucoup d'hommes se convertir sous l'effet de la terreur et de l'angoisse et aller au Purgatoire. d'où Jésus les tira lors de la descente aux enfers. Beaucoup d'arbres resèent enracinés au cours du Déluge, et je les vis reverdir ensuite, mais la plupart furent toutefois abattus et détruits.

La mère de Sémiramis était née dans la région de Ninive malgré son aspect revèche, elle était fort dépravée et cruelle. Son père était syrien, très versé dans les pratiques les plus abominables de l'idolâtrie, tout comme la mère à la naissance de l'enfant, il fut mis à mort, conformément aux prescriptions d'un oracle.

Sémiramis naquit au loin, prés d'Ascalon en Palestine : les prêtres des idoles la confièrent aussitôt à des bergers qui transhumaient dans le désert : c'est là  qu'elle fut élevée.

Au cours de son enfance, elle était souvent laissée seule sur une montagne, et je voyais des prêtres lui rendre visite, ainsi que sa mère parfois, au hasard de ses expéditions de chasse.

Je vis également le diable revêtir toutes sortes d'apparences pour venir jouer avec elle, avec autant de familiarité que les anges auprès de Jean-Baptiste dans le désert. Je vis aussi des oiseaux au plumage multicolore qui volaient autour d'elle et lui apportaient toutes sortes de jouets. Je ne sais pas exactement tout ce qui se passait autour d'elle, mais c'était la plus abjecte turpitude. Elle était belle, fort avisée, experte dans tous les arts, et tout lui réussissait.

Grâce aux pratiques divinatoires, elle parvint à se faire épouser par l'intendant des troupeaux du roi de Babylone, puis par le souverain lui-mème. Celui-ci avait vaincu et soumis un peuple, loin dans le nord, et en avait réduit une partie en esclavage, faisant venir un grand nombre de malheureux à Babylone.
Lorsque Sémiramis se fut emparée du pouvoir absolu, elle traita ces esclaves avec une extrème rigueur et les fit travailler à ses constructions insensées.


J'ai vu encore sa mère à la tête de sauvages expéditions de chasse : elle parcourait de vastes étendues, dirigeant une petite armée montée sur des chameaux, des ânes au pelage rayé et des chevaux. Je l'ai vue une autre fois en Arabie, prés de la Mer Rouge, entreprenant une grande battue. à l'époque où Job séjournait dans une ville de la région 3.

Ces femmes chasseresses étaient très lestes et montaient à cheval comme des hommes : elles étaient vêtues au-dessous du genou.
les jambes entourées de lanières qui retenaient aux pieds des semelles renforcées de deux pièces au talon : et ces pièces étaient ornées de figures peintes.


Elles avaient de courtes tuniques de fines plumes multicolores de toutes sortes de formes et de nuances sur la poitrine se croisaient des courroies garnies de plumes : un col de plumes, également, semé de pierres brillantes et de perles, protégeait leurs épaules, et une sorte de bonnet de soie ou de laine rouge couvrait leur tête : elles avaient deux pans de voile devant le visage, pour se protéger du vent et de la poussière. un court manteau complétait leur costume leurs armes de chasse étaient le javelot, l'arc et les flèches elles portaient un bouclier attaché au côté 4.

Les bêtes sauvages s'étaient multipliées d'une façon épouvantable. Ces chasseresses les traquaient sur de longues distances et les abattaient on creusait également des fosses que l'on recouvrait, afin de capturer les fauves et de les tuer à coups de hache et de massue.

J'ai vu aussi la .... de Sémiramis chasser cet animal que Job décrit sous le nom de Behémoth, ainsi que des tigres, des lions et d'autres carnassiers. En ces temps anciens, je n'ai pas vu de singes.
On chassait également sur l'eau.
C'est surtout au bord des cours d'eau et des lacs que se déroulaient les cultes idolâtriques, avec toutes leurs horreurs. La mère de Sémiramis n'était pas aussi débauchée que sa fille, mais elle avait un caracèe diabolique et faisait preuve d'une force et d'un courage inouïs.

Ce fut une chose effroyable que de la voir précipitée dans la mer au cours de la lutte contre ce puissant et énorme animal (l'hippopotame).

Elle était sur un dromadaire et traquait l'hippopotame, lorsque celui-ci se retourna contre elle et la précipita à l'eau avec son dromadaire. Elle fut honorée comme déesse de la chasse et bienfaitrice des hommes.

Sémiramis se rendit également en Egypte, au retour d'une expédition guerrière ou d'une chasse en Afrique ; le royaume d'Egypte avait été fondé par Mesraim. un petit-fils de Cham, qui, à son arrivée dans le pays, trouva quelques groupes épars de tribus primitives L'Egypte a été peuplée par diverses races qui s'emparèrent tour à tour du pouvoir 7, Lorsque Sémiramis vint dans ce pays, il y avait quatre cités : la plus ancienne, Thèbes, était peuplée par des hommes plus grands, plus minces et plus habiles que ceux qui occupaient Memphis, dont les habitants étaient plus petits et trapus. Thèbes s'étendait sur la rive gauche du Nil, traversé par un grand pont : sur la rive droite se dressait le château où vécut par la suite la fille de Pharaon, au temps de Moïse Les indigènes à la peau sombre et aux cheveux crépus furent esclaves Dès les temps anciens et n'ont jamais eu le pouvoir en Egypte. Ceux qui les premiers envahirent le pays sont venus d'Afrique (je crois) 8 les autres 9 arrivèrent par la Mer Rouge. empruntant la route suivie par les Israélites lors de l'Exode. une troisième cité se nommait Chume, et plus tard Héliopolis. Elle se situe bien loin au-delà de Thèbes. Lorsque Marie et Joseph s'enfuirent en Egypte avec Jésus, j'ai vu aux alentours de cette ville des bâtiments d'une dimension peu commune qui s'élevaient encore 10. Plus bas que Memphis, non loin de la mer, se dressait la ville de Saïs je crois qu'elle est encore plus ancienne que Memphis.

Chacune de ces quatre cités avait son propre roi. Sémiramis jouit d'une grande vénération en Egypte, ou, par ses menées et ses arts diaboliques, elle répandit partout l'idolâtrie. Je l'ai vue à Memphis, où les sacrifices humains avaient cours elle dressait des plans, s'exerçait à l'astrologie et pratiquait la magie Je ne vis pas le taureau Apis11 , à cette époque, mais des idoles avec une tête comparable au soleil et une queue. C'est là  qu'elle dressa les plans de la première pyramide, qui fut construite sur la rive orientale du Nil, avec la participation de tout le peuple. Lorsque l'édifice fut achevé, je vis Sémiramis revenir avec quelques centaines de personnes : c'était l'inauguration, et Sémiramis fut presque honorée comme une déesse.

La pyramide fut édifiée dans un endroit humide et marécageux. On construisit un soubassement de piliers étonnant, comme un grand et large pont, sur lequel s'élevait la pyramide, si bien que l'on pouvait déambuler en dessous, comme dans un immense temple à colonnades. Il y avait là  de nombreuses salles, des cachots et des chambres profondes, et la pyramide elle-même comprenait jusqu'à son sommet de multiples pièces, grandes et petites, avec fenêtres auxquelles je vis suspendre et bénir des bandes de toile. Tout autour de la pyramide s'étendaient des bassins et des jardins 12,

Ce monument était le siège même de l'idolâtrie égyptienne, de l'astrologie, de la magie et des pratiques les plus horribles. On immolait des enfants et des vieillards. Astrologues et devins habitaient dans la pyramide et y exerçaient leurs arts diaboliques.
Près des bassins, un grand établissement filtrait l'eau boueuse du Nil. Et plus tard, je vis des femmes égyptiennes se baigner avec impudeur dans ces bassins, qui étaient liés aux pratiques les plus scandaleuses du culte des idoles. Cette pyramide n'est pas restée longtemps debout : elle a été détruite.

Le peuple était effroyablement idolâtre et les prêtres des faux-dieux faisaient preuve de tant d'ignorance et de goét pour les arts divinatoires, qu'ils collectionnaient à Héliopolis tous les récits de songes et de visions de n'importe qui et les transcrivaient, et se livraient à l'observation continue des étoiles. Il y avait de plus en plus de somnambules en proie à des visions diaboliques, dans lesquelles se mêlaient le vrai et le faux c'est à partir de cela que fut organisé le panthéon des idoles et que l'on établit un calendrier. Je vis ainsi que les dieux Isis et Osiris ne sont rien d'autre que Aseneth et Joseph leur venue en Egypte avait été annoncée par les astrologues, qui en eurent la révélation à partir de leurs visions diaboliques, et qui les intégrèrent au panthéon égyptien. Lorsqu'il vécurent en Egypte, ils furent idolâtrés, et j'ai vu Aseneth pleurer beaucoup à cause de cela et écrire contre ces déviations.

Nos savants actuels, lorsqu'ils dissertent sur l'Egypte, se fourvoient beaucoup en attribuant à l'histoire, à l'expérience et à la science des Egyptiens ce qui ne relève que de leurs fausses visions et de leur astrologie : ces pratiques rendent les hommes aussi bêtes et stupides que l'étaient alors réellement les Egyptiens.

Mais les savants tiennent pour impossibles ces commerces avec les démons et ces pratiques magiques. ils en nient la réalité, et tiennent les Egyptiens pour plus anciens qu'ils ne sont réellement, car ils attribuent toutes ces croyances et ces rites magiques à une époque très reculée 16.

J'ai vu cependant qu'ils étaient déjà  versés dans toutes sortes de pratiques divinatoires et d'erreurs avec leur astrologie, lorsque Sémiramis arriva à Memphis. Ils voulaient se faire passer pour le peuple le plus ancien et composèrent une foule de listes de rois et de cycles de temps parfaitement fausses. Ils arrivaient ainsi à tout autre chose que des calculs exacts pour le calendrier, et comme ils réajustaient constamment leurs comptes, ils obtenaient des résultats imaginaires. Alors ils entreprirent de perpétuer la mémoire de ces erreurs, en construisant de grands monuments et en gravant des textes, ce qui fixa définitivement les erreurs.

C'est ainsi que pendant longtemps ils calculèrent l'âge des ancêtres et des descendants de façon à faire coïncider la date de la mort du père avec celle de la naissance du fils. Les rois, qui étaient en perpétuel conflit avec les prêtres au sujet des généalogies, s'invenèent des ancêtres qui n'avaient jamais existé on compta comme descendants de père en fils les quatre rois de même nom qui régnèrent simultanément à Thèbes, Memphis, Héliopolis et Sais. J'ai vu également que l'on compta une fois 970 jours pour un an, et que par ailleurs on calculait autant d'années qu'il y avait de mois dans une période. J'ai même vu un prêtre d'idoles qui faisait une opération dans laquelle 500 ans étaient systématiquement convertis en 1100 ans.

J'ai vu dénoncer ces faux calculs de temps et le culte rendu aux idoles dans l'enseignement du sabbat, à Aruma : Jésus parlait devant les pharisiens de la vocation d'Abraham et de son passage en Egypte, 17 et il dénonça à cette occasion les falsifications dont les Egyptiens se rendaient coupables.
Jésus dit aux pharisiens que le monde avait alors 4028 ans et lorsque j'entendis le Sauveur dire cela, il était lui-mème âgé de 31 ans.


J ai vu en ce temps également des personnes qui vénéraient Seth à l'instar d'une divinité très puissante. et qui accomplissaient de longs et périlleux voyages pour se rendre sur son tombeau. que l'on croyait situé en Arabie. Il me semble qu'il existe encore de telles personnes, qui, passant par la Turquie où la voie leur est libre, se rendent encore sur ce tombeau.

J al vu souvent Melchisedech non pas comme un homme mais comme un être d'une autre nature comme un ange, envoyé de Dieu. Jamais je n'ai vu qu'il ait eu une résidence déterminée, une patrie, une famille, des parents jamais je ne l'ai vu manger, boire ou dormir, et jamais la pensée ne m'a effleurée qu'il put être un homme. Il était vêtu comme aucun prêtre ne l'était alors, comme les anges que j'ai contemplés dans la Jérusalem Céleste, et comme je vis plus tard Moise faire effectuer les vêtements des prêtres, selon les ordres de Dieu. Je l'ai vu intervenir ça et la, apparaissant et agissant dans des affaires qui concernaient les peuples, comme par exemple lorsqu'on célébrait la victoire après les guerres si terribles de cette époque. là  où il intervenait, là  où il se trouvait, une puissance irrésistible émanait de sa personne. Personne ne se dressait contre lui, et pourtant il n'avait pas besoin d'user de la force, et tous les hommes, pourtant adonnés à l'idolâtrie, accordaient volontiers la priorité à ses décisions, à son conseil.

Il n'avait pas de semblable, pas de familier, il était tout seul : parfois, il était accompagné de deux messagers qu'il envoyait devant lui c'étaient deux coureurs, court vêtus de blanc, qui se chargeaient d'annoncer son arrivée ça et là  puis il les renvoyait. Tout ce dont il avait besoin, il l'avait ou le recevait. Les personnes à qui il demandait quelque chose ne le lui refusaient pas et même le donnaient avec joie. On se félicitait. là  où il venait, et on le craignait quelque peu, l'entourant d'honneurs. Les méchants s'effaçaient devant lui et s'humiliaient, bien qu'ils en disent du mal.

Il en était pour lui, être d'une essence supérieure parmi ces grands personnages païens, en partie sans foi et dépravés, comme il en est actuellement pour toute personne pieuse et particulièrement droite qui arrive quelque part où elle n'est pas connue et fait le bien autour d'elle.

C'est ainsi que je l'ai vu à la cour de Sémiramis, à Babylone. Elle avait là  une puissance et un faste indescriptibles elle fit réaliser les plus somptueuses constructions par des esclaves qu'elle traitait encore plus rigoureusement que Pharaon ne traita les enfants de Jacob en Egypte. Il régnait là  également la plus effroyable idolâtrie : on sacrifiait des êtres humains que l'on enterrait jusqu'au cou. Tout le confort, les plaisirs, le faste, les richesses et les arts s'épanouissaient là, et tout frisait l'impossible. Sémiramis entreprenait aussi de grands combats avec de monstrueuses armées, mais presque toujours contre les peuples d'Orient elle allait fort peu vers l'Occident, et vers le Midi vivaient des peuples à la peau sombre et basanée.

Dans son pays, une tribu très nombreuse s'était peu à peu développée, à partir de la souche sémitique restée à Babel après la construction de la Tour. Ils vivaient sous la tente, comme un petit peuple de pasteurs. avaient des troupeaux et célébraient leur service divin au coeur de la nuit, dans une tente découverte ou en plein air. Ils recevaient beaucoup de bénédictions.
Tout leur réussissait, et leur bétail était toujours particulièrement beau. La femme diabolique voulait anéantir cette tribu et en avait déjà  décimé une grande partie. C'est en constatant les bénédictions qui favorisaient cette tribu que Sémiramis reconnut combien Dieu la prenait sous sa protection miséricordieuse aussi. comme instrument du diable, elle voulut la faire disparaître. Lorsque les malheurs de cette tribu atteignirent leur paroxysme, je vis Melchisédech intervenir. Il se rendit auprès de Sémiramis et lui demanda de laisser partir cette tribu. Il lui reprocha aussi ses turpitudes : Sémiramis n'agit pas contre lui, et il conduisit la tribu martyrisée, répartie en divers groupes, vers la Terre Promise.

Melchisédech avait comme habitation un campement près de Babylone, et là  il leur fit connaître le pain, dont ils apprirent d'abord à tirer leur force. à Canaan, il leur indiqua ça et là  des emplacements pour bâtir, et ils reçurent comme patrimoine une région déterminée. Ils furent eux-mèmes tenus à l'écart des autres populations, à cause de leur Dureté. afin de ne pas se mêler à elles. Leur nom est comme "Samanes" ou "Semanes ". A certains d'entre eux, Melchisédech attribua comme territoire la région de la Mer Morte mais leur ville fut détruite avec Sodome et Gomorrhe.

Sémiramis avait accueilli Melchisédech avec un grand respect et une secrête terreur a cause de sa sagesse. Il lui apparut comme le Roi de l'Etoile du Matin, c'est-à-dire, de l'Orient lointain.

Elle s'imagina qu'il pourrait la demander en mariage mais lui, il lui parla très sévèrement, lui dévoila ses dépravations et lui prophétisa la destruction de la pyramide dressée près de Memphis.
Elle fut effrayée et resta sans voix. Je vis le châtiment qui la frappa : elle devint comme un animal domestique et on l'enferma pendant longtemps par prudence, on lui jetait de l'herbe et du foin dans une crèche un seul serviteur se tenait près d'elle, pourvoyant à sa nourriture. Puis elle fut libérée, mais sombra de nouveau dans la folle. Finalement, elle mourut de façon atroce ses entrailles furent arrachées de son corps. Elle avait vécu cent dix-sept ans.

Melchisedech était considéré comme un prophète, un sage, un homme d'une essence supérieure, à qui tout réussissait.
Il y eut à cette époque et même plus tard diverses apparitions de personnes d'un ordre supérieur et elles étaient aussi peu étrangères aux peuples de ce temps que les anges à Abraham, qui était en relation avec eux. Il se produisit également des apparitions néfastes à côté des bonnes, comme se dressent de faux prophètes à côté des vrais.

La sortie de la tribu a des points de ressemblance avec l'histoire de la sortie des Israélites hors d'Egypte : mais ce ne fut pas aussi long que pour ceux-ci.

(...)

J'ai vu souvent Melchisédech, quand. bien avant le temps de Sémiramis et d'Abraham. il apparut dans la Terre Promise qui était encore un désert, comme s'il organisait le territoire comme s'il choisissait et réparait des endroits précis. Je l'ai vu tout seul et pensai : que veut donc cet homme ici, alors qu'il n'y a encore personne ? C'est ainsi que je le vis creuser une source sur une montagne c'était la source du Jourdain. Il avait un long pieu fin qu'il planta dans la montagne comme un rayon. C'est ainsi que je le vis ouvrir la terre en divers endroits. Dans les premiers temps après le Déluge, je n'ai pas vu les fleuves jaillir et couler comme maintenant, mais beaucoup d'eau qui sourdait d'une haute montagne à l'Orient. (...)

Note : 1. Sémiramis (arm. Schamiram) était une reine légendaire d'Assyrie. petite-fille de la déesse Derketô et épouse du roi Ninos. à la mort de son mari. elle assura la régence au nom de son fils Ninyas. Les "jardins suspendus" de Sémiramis, à Babylone étaient l'une des sept merveilles du monde antique. (NdT)

12. Cette pyramide est Peut-être celle de Zoser (env. 2900 av. J.C.) dont les fouilles qui se poursuivent actuellement, révèlent des données inédites et stupéfiantes sur la civilisation memphite. (NdT)

13. Isis (egypt. Eset) déesse égyptienne, soeur et épouse d Osiris : elle était une divinité très populaire dans l'antiquité. Son sanctuaire le plus célèbre se dressait sur l'ële de Philae. Le culte d'Isis se répandit jusque dans la Rome paienne, où il fut finalement étouffé par la diffusion du christianisme. (NdT)

14. Osiris, fils du dieu de la terre Geb et de la déesse du ciel Nuth, époux d'Isis, sa propre soeur : ils furent parent d'Horus. Osiris était le dieu du soleil et du royaume des morts. Son frère Seth le tua et dépeça son cadavre en 14 morceaux qu'Isis récupéra et rassembla. Ce fut la première momie. (NdT)

4. "Montagne du Pain ", traduction textuelle. Il pourrait s'agir du Mont Moréh. colline qui servira d'observatoire a Gedean dans sa guerre contre les Madianites (Juges. 7. Iss).



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Sémiramis
Elle est la fille de Dercéto, une déesse mi-femme mi-poisson qui vivait dans un lac voisin d'Ascalon, et de Caÿstros, le fils présumé d'Achille et de Penthésilée. Cette union est provoquée par Aphrodite qui avait à se plaindre de Dercéto. Après la naissance de Sémiramis, Dercéto assassine Caÿstros et se réfugie au fond de son lac en abandonnant sa fille. Elle est alors élevée par des colombes qui volent aux agriculteurs et aux bergers de la région le lait et le fromage indispensable à sa nourriture. Découverte par les bergers intrigués par ce manège elle est confiée à leur chef qui lui donne le nom de Sémiramis (qui vient des colombes en langue syrienne).

Devenue jeune femme, elle est épousée par Onnès, un conseiller du roi Ninos de Ninive, dont elle a deux fils, Hyapaté et Hydaspé. Elle conseille son mari de façon si habile qu'il réussit dans la totalité de ses entreprises. Lors d'une expédition en Bactriane, Onnès commet l'erreur d'emmener sa femme qui, prenant la tête d'un groupe de soldats montagnards, s'empare de la citadelle de Bactres. Ninos tombe amoureux de Sémiramis et contraint Onnès au suicide. Le roi épouse alors la belle sans difficulté. Elle lui donne un fils Ninyas. Peu de temps après Ninos meurt et Sémiramis lui succède pour un règne de 42 ans.

Elle est, selon la légende, la fondatrice d'une nouvelle cité qui frappe par son ampleur et ses dimensions : Babylone. Elle y crée, dans le palais d'occident, les fameux jardins suspendus. Reine guerrière, en cela elle tient de son grand-père paternel, elle s'empare dit-on de l'Arménie, la Médie, toute l'Asie jusqu'a l'Indus, où elle est battue, et de l'Égypte et l'Éthiopie. Elle consulte l'oracle d'Ammon qui lui affirme qu'elle serait enlevée du nombre des vivants quand son fils Ninyas conspirerait contre elle. De retour après son expédition en Inde, elle apprend que son fils conspire avec les eunuques du palais. Fatiguée elle lui remet alors le pouvoir et disparait. La légende prétend qu'elle est transformée en colombe et emportée au ciel afin d'y être divinisée.

La véracité de l'existence du personnage est évidemment sujette à caution mais les historiens pensent que le personnage de Sémiramis a été inspiré par la reine Sammouramat, personnage bien réel celui-là, qui elle fut régente de l'Assyrie pendant la minorité de son fils Adad-Nirari III.