Extrait des
révélations d'Anne-Catherine
Emmerich (1774-1824)
Les
mystères de l'Ancienne
Alliance
Texte
intégral
recueilli par Clémens Brentano - Traduit par
Jean-Joachim Bouflet
LIBRAIRIE
PIERRE
TÉQUI 82, Rue Bonaparte, 75006 PARIS
(...) J'ai vu trois
tribus, l'une issue de la fusion des deux
autres, entre
l'époque de Derkétô
et celle de Sémiramis.
J'ai vu Derkétô
quitter en hâte la région de Babylone.
accompagnée d'une foule d'hommes et de femmes
c'était -une grande et robuste virago, vêtue de
peaux de
bêtes encore garnies de leurs queues et ornés de
nombreuses lanières elle portait sur la tête un
bonnet de
plumes. Fort versée dans la voyance, la
prédiction et les
sacrifices, elle ne cessait de voyager et de
fonder des cités.
Lorsqu'elle avait détecté un emplacement propice
à
des constructions, elle chassait devant elle les
tribus
déjà établies avec leurs troupeaux et
faisait élever par ses sujets de hautes tours de
pierre. souvent
hideuses ils offraient alors des holocaustes et
s'adonnaient à
tous les vices.
Tout se rattachait à elle elle se trouvait
tantôt ici,
tantôt ailleurs, et partout on la vénérait elle
eut
dans son âge mur une fille qui poursuivit son
action.
J'ai vu tout cela surtout dans une plaine, où
fut établie
l'origine de ce culte abominable. Finalement, je
l'ai vue dans une
ville au bord de la mer : c'était une horrible
vieille, qui
accomplissait ses opérations magiques au bord de
l'eau.
Elle se tenait devant tout le peuple, dans un
état de transe
diabolique, et annonçait qu'elle voulait se
sacrifier et mourir
pour le salut de la cité elle ne pouvait plus
rester prés
d'eux, disait-elle, mais elle se transformerait
en poisson et
demeurerait ainsi dans le voisinage. Elle
ordonna également de
lui rendre un culte, dont elle fixa les détails,
puis se jeta
à la mer en présence de tout le peuple. Il y
avait dans
toutes ces prédictions d'étranges secrets et
toutes
sortes de significations attachées à l'eau et à
Derketô.
J'ai vu ensuite un poisson sauter hors de l'eau,
salué par tout
le peuple qui célébra des sacrifices et se livra
aux
pires abominations de l'idolâtrie, suivant les
prescriptions de Derketô.
Apres elle, une autre femme apparut sur une
petite montagne
c'était sa fille. Cette image signifiait qu'elle
aurait un plus
grand renom de puissance. J'ai vu cette fille
adonnée à
toutes les horreurs propagées par Derketô. mais
c'était encore plus impétueux et sauvage. Elle
organisait
de grandes battues sur des centaines de milles.
traquant les fauves,
célébrant entre-temps des sacrifices, s'occupant
de magie
et de prédiction. Elle fit bâtir partout des
cités
et organisa des cultes idolâtriques. Je la vis
mourir
noyée, alors qu'elle chassait un hippopotame.
Sa fille
Sémiramis
m'apparut sur une haute montagne, entourée de
toutes les
richesses et de tous les trésors de la terre,
comme si le diable
les lui montrait et les lui offrait elle
instaura toute l'abomination
à Babylone.
De telles prédispositions se retrouvaient dans
beaucoup
d'hommes, mais à l'état latent, au cours des
premiers
âges par la suite, elles s'affirmèrent avec
violence chez
certains personnages, qui devinrent alors des
chefs et furent
considérés par les autres comme des divinités
ils
établirent à partir de leurs illusions toutes
sortes de
cultes païens, réalisant de surcroît des oeuvres
d'art, faisant des découvertes et déployant leur
puissance partout, car ils étaient animés par le
mauvais
esprit. Ils
furent à l'origine
de lignées de tyrans et de prêtres, qui ne
furent plus
tard que des familles sacerdotales.
Dans les temps
anciens, j'ai vu
qu'il y avait plus de femmes que d'hommes de
cette sorte, et elles
étaient partout en proie à des transes dans
lesquelles
elles prophétisaient et agissaient.
Beaucoup de ce que l'on rapportait d'elles
n'était qu'une
relation incomplète de leurs vaticinations
extatiques ou
magnétiques l'histoire de leur origine, de leurs
exploits, de
leur vie était relatée soit par elles-mèmes,
soit
par d'autres somnambules diaboliques.
Les juifs aussi se livraient, en Egypte, à de
nombreux cultes
secrets mais Moise les extirpa, il fut le voyant
de Dieu. Toutefois,
beaucoup de ces mystères furent conservés par
les
rabbins, qui se les transmirent comme une
science secrête
réservée aux lettrés.
Plus tard. ces pratiques se retrouvèrent chez
divers peuples,
mais fort amoindries et appauvries, réduites à
la
sorcellerie et à la superstition, qui persistent
encore.
Tout ceci cependant est issu du même arbre de
perdition de
l'unique royaume inférieur. Je vois toutes ces
choses de
façon confuse ou situées tout à fait sous la
terre. Il y a également un élément de ces
abominations dans le magnétisme
Dans ces premiers cultes idolâtriques, l'eau
était
sacrée : ils accomplissaient tous leurs
sortilèges
près de l'eau. et leur état de transe
visionnaire et
prophétique était provoqué par l'observation de
l'eau. Ils aménagèrent bientôt des étangs
sacrés destinés à cet usage. Plus tard. ils
n'eurent plus besoin d'eau pour susciter en eux
ces états de
transe.
J'ai eu l'occasion d'apercevoir leurs visions,
et c'est tout à
fait curieux : c'était comme si tout l'univers
se retrouvait
sous l'eau. avec tous ses éléments qui sont
normalement
au-dessus : mais tout était voilé par un halo
sombre et
malsain On voyait arbre sous arbre, montagne
sous montagne. mer sous
mer etc. J'ai appris que ces femmes adonnées à
la magie
percevaient de la sorte tous les événements. les
guerres,
les peuples, les dangers etc. Elles voyaient
toutes ces choses comme
actuelles, mais elles-mèmes, en fait, agissant
immédiatement selon leurs visions, les
réalisaient.
Elles voyaient : il y a ici un peuple, qui peut
vous vaincre, qui peut
être défait par tel autre. qui peut bâtir une
ville
là -bas.
Elles voyaient des hommes et des femmes
puissants et savaient alors
comment les vaincre par la ruse elles
prédisaient en fait tout
le culte diabolique auquel elles se livraient.
C'est ainsi que
Derketô vit qu'elle devait se jeter à la mer
pour devenir
un poisson, ce qu'elle fit ! Elle ne voyait dans
l'eau que ses propres
abominations.
La fille de
Derketô
vécut à une époque où l'on construisit
davantage de routes et de grandes voies de
communication. Elle erra
ça et là jusqu'en Egypte, et toute sa vie
ne fut
que voyages et campagnes de chasse. C est a ses
disciples que Job dut
d'être si spolié en Arabie.
Toutes ces pratiques se répandirent en Egypte
d'une façon
si particulière, avec tant d'ampleur que l'on y
était
complètement adonné et que beaucoup de
prophétesses étaient établies dans des temples
et
des officines, assises sur de curieux sièges
disposés
devant toutes sortes de miroirs et, tandis
qu'elles étaient en
proie à leurs visions, les prêtres rapportaient
toutes
leurs vaticinations à des hommes qui, par
centaines, en
inscrivaient le texte dans la pierre, gravant
ces
révélations dans les parois des salles.
J'ai vu aussi cette chose étrange : les chefs de
ces instruments
du démon étaient reliés entre eux de façon
mystérieuse, formant une société secrête.
Par ailleurs, dans des endroits très différents,
diverses
personnes se livraient aux mêmes abominations,
toutes très
proches les unes des autres : les seules
différences tenaient
à des particularismes locaux et aux intérêts
mauvais propres à chaque peuple.
Certains peuples, toutefois, n'étaient pas aussi
pervertis et
corrompus par ces horreurs ils étaient plus prés
de la
vérité : ainsi la tribu qui donna naissance à
Abraham. la famille de Job et la lignée des
trois mages' de
même que les astrologues de Chaldée et les
disciples de
l'Etoile brillante, Zoroastre 7.
Lorsque Jésus-Christ vint dans le monde et
arrosa la terre de
son sang. la puissance maléfique de ces
pratiques
régressa' et les effets en furent plus faibles.
Moïse
Dès son enfance, fut un voyant, mais tout en
Dieu et il suivait
toujours ce qu'il voyait 8.
Derketô et sa
fille
Sémiramis atteignirent un âge fort avancé pour
leur
époque.
C'étaient de
grandes
femmes robustes et lourdes, qui nous feraient
presque peur à
l'heure actuelle.
Elles étaient d'une hardiesse, d'une insolence
et d'une
vivacité incroyables, et pratiquaient avec une
audace
inouïe leur commerce avec les mauvais esprits et
leurs pratiques
de divination elles se prenaient tout à fait
pour des
êtres à part, des divinités. Elles étaient
une réplique exacte de ces magiciens de la haute
montagne.
encore plus terribles qu'elles. qui avaient été
engloutis
par le Déluge.
Moïse. par contre. "suivait" ses visions. qui
consistaient en
recommandations et informations véridiques
données par
Dieu lui-mèmeë car il se conformait, sciemment,
en toutes
ses actions. aux directives de Dieu, qui soit
lui dictait sa conduite,
en l'avertissant ou non des résultats qu'il
obtiendrait, soit
l'avisait de faits réels, cachés ou futurs, que
Moïse ne pouvait susciter, en lui indiquant
éventuellement
qu'elle devait être sa réaction
Il est émouvant de voir comment les justes et
les patriarches
durent lutter et souffrir au milieu de ces
désordres
effroyables, malgré de nombreuses révélations
qu'ils recevaient de Dieu, et comment le Salut
emprunta des chemins
cachés et laborieux pour s'épanouir finalement
sur la
terre, alors que toutes ces pratiques
diaboliques proliféraient
et s'étalaient au grand jour.
Lorsque je voyais tout cela : ce cercle
d'activités
infâmes autour de ces déesses, et le culte qu'on
leur
rendait, et par ailleurs la petite armée de
Marie,
préfigurée dans la nuée d'Elle et combattue par
les mensonges éhontés des philosophes de Chypre,
et
Jésus, accomplissement de la Promesse, qui se
tenait devant eux,
pauvre et patient, pour les enseigner, et que
l'on menait vers la Croix
! Ah ! cela m'était douloureux. et c'était
pourtant bien
là l'histoire de la Vérité et de la
lumière qui ont brillé dans les ténèbres,
et que, jusqu'à ce jour, les ténèbres n'ont pas
voulu recevoir !
Mais la miséricorde de Dieu est infinie. J'ai vu
au cours du
Déluge beaucoup, beaucoup d'hommes se convertir
sous l'effet de
la terreur et de l'angoisse et aller au
Purgatoire. d'où
Jésus les tira lors de la descente aux enfers.
Beaucoup d'arbres
resèent enracinés au cours du Déluge, et je les
vis reverdir ensuite, mais la plupart furent
toutefois abattus et
détruits.
La mère de Sémiramis
était née dans la
région de Ninive
malgré son aspect revèche, elle
était fort dépravée et cruelle. Son père
était syrien, très versé dans les pratiques les
plus abominables de l'idolâtrie, tout comme la
mère
à la naissance de l'enfant, il fut mis à mort,
conformément aux prescriptions d'un oracle.
Sémiramis
naquit au loin,
prés d'Ascalon en Palestine :
les prêtres des idoles la confièrent aussitôt
à des bergers qui transhumaient dans le désert :
c'est
là qu'elle fut élevée.
Au cours de son enfance, elle était souvent
laissée seule
sur une montagne, et je voyais des prêtres lui
rendre visite,
ainsi que sa mère parfois, au hasard de ses
expéditions
de chasse.
Je vis également le diable revêtir toutes sortes
d'apparences pour venir jouer avec elle, avec
autant de
familiarité que les anges auprès de
Jean-Baptiste dans le
désert. Je vis aussi des oiseaux au plumage
multicolore qui
volaient autour d'elle et lui apportaient toutes
sortes de jouets. Je
ne sais pas exactement tout ce qui se passait
autour d'elle, mais
c'était la plus abjecte turpitude. Elle était
belle, fort
avisée, experte dans tous les arts, et tout lui
réussissait.
Grâce aux
pratiques
divinatoires, elle parvint à se faire
épouser par l'intendant des troupeaux du roi
de Babylone, puis
par le souverain lui-mème. Celui-ci avait
vaincu et soumis un
peuple, loin dans le nord, et en avait réduit
une partie en
esclavage, faisant venir un grand nombre de
malheureux à
Babylone.
Lorsque Sémiramis se fut emparée du pouvoir
absolu, elle traita ces esclaves avec une
extrème rigueur et les
fit travailler à ses constructions insensées.
J'ai vu encore
sa mère
à la tête de sauvages
expéditions de chasse : elle
parcourait de vastes
étendues, dirigeant une petite armée montée sur
des chameaux, des ânes au pelage rayé et des
chevaux. Je
l'ai vue une autre fois en Arabie, prés de la
Mer Rouge,
entreprenant une grande battue. à l'époque où Job séjournait
dans une
ville de la région 3.
Ces femmes
chasseresses étaient très lestes et
montaient à
cheval comme des hommes : elles
étaient vêtues
au-dessous
du genou.
les jambes entourées de lanières qui
retenaient
aux pieds des semelles renforcées de deux
pièces au talon
: et ces pièces étaient ornées de figures
peintes.
Elles avaient
de courtes
tuniques de fines plumes multicolores de
toutes sortes de formes et de nuances sur la
poitrine se croisaient des
courroies garnies de plumes : un col de
plumes, également,
semé de pierres brillantes et de perles,
protégeait leurs
épaules, et une sorte de bonnet de soie ou de
laine rouge
couvrait leur tête : elles avaient deux pans
de voile devant le
visage, pour se protéger du vent et de la
poussière. un
court manteau complétait leur costume leurs
armes de chasse
étaient le javelot, l'arc et les flèches elles
portaient
un bouclier attaché au côté 4.
Les bêtes
sauvages
s'étaient multipliées d'une
façon épouvantable. Ces chasseresses les
traquaient sur
de longues distances et les abattaient on
creusait également des
fosses que l'on recouvrait, afin de capturer
les fauves et de les tuer
à coups de hache et de massue.
J'ai vu aussi
la .... de
Sémiramis chasser cet animal que Job décrit
sous le nom
de Behémoth, ainsi que des tigres, des lions
et d'autres
carnassiers. En ces temps anciens, je n'ai pas
vu de singes.
On
chassait également sur l'eau.
C'est surtout
au bord des cours
d'eau et des lacs que se déroulaient les
cultes
idolâtriques, avec toutes leurs horreurs. La
mère de
Sémiramis n'était pas aussi débauchée que
sa fille, mais elle avait un caracèe
diabolique et faisait
preuve d'une force et d'un courage inouïs.
Ce fut une chose effroyable que de la voir
précipitée
dans la mer au cours de la lutte contre ce
puissant et énorme
animal (l'hippopotame).
Elle était sur un dromadaire et traquait
l'hippopotame, lorsque
celui-ci se retourna contre elle et la précipita
à l'eau
avec son dromadaire. Elle fut honorée comme
déesse de la
chasse et bienfaitrice des hommes.
Sémiramis
se
rendit également en Egypte, au retour d'une
expédition guerrière ou d'une chasse en Afrique
; le
royaume d'Egypte avait été fondé par Mesraim. un
petit-fils de Cham, qui, à son arrivée dans le
pays,
trouva quelques groupes épars de tribus
primitives L'Egypte a
été peuplée par diverses races qui
s'emparèrent tour à tour du pouvoir 7, Lorsque
Sémiramis vint dans ce pays, il y avait quatre
cités : la
plus ancienne, Thèbes, était peuplée par des
hommes plus grands, plus minces et plus habiles
que ceux qui occupaient
Memphis, dont les habitants étaient plus petits
et trapus.
Thèbes s'étendait sur la rive gauche du Nil,
traversé par un grand pont : sur la rive droite
se dressait le
château où vécut par la suite la fille de
Pharaon,
au temps de Moïse Les indigènes à la peau sombre
et
aux cheveux crépus furent esclaves Dès les temps
anciens
et n'ont jamais eu le pouvoir en Egypte. Ceux
qui les premiers
envahirent le pays sont venus d'Afrique (je
crois) 8 les autres 9
arrivèrent par la Mer Rouge. empruntant la route
suivie par les
Israélites lors de l'Exode. une troisième cité
se
nommait Chume, et plus tard Héliopolis. Elle se
situe bien loin
au-delà de Thèbes. Lorsque Marie et Joseph
s'enfuirent en Egypte avec Jésus, j'ai vu aux
alentours de cette
ville des bâtiments d'une dimension peu commune
qui
s'élevaient encore 10. Plus bas que Memphis, non
loin de la mer,
se dressait la ville de Saïs je crois qu'elle
est encore plus
ancienne que Memphis.
Chacune de ces quatre cités avait son propre
roi.
Sémiramis jouit d'une grande vénération en
Egypte,
ou, par ses menées et ses arts diaboliques, elle
répandit
partout l'idolâtrie. Je l'ai vue à Memphis, où
les
sacrifices humains avaient cours elle dressait
des plans,
s'exerçait à l'astrologie et pratiquait la magie
Je ne
vis pas le taureau Apis11 , à cette époque, mais
des
idoles avec une tête comparable au soleil et une
queue. C'est
là qu'elle dressa les plans de la première
pyramide, qui fut construite sur la rive
orientale du Nil, avec la
participation de tout le peuple. Lorsque
l'édifice fut
achevé, je vis Sémiramis revenir avec quelques
centaines
de personnes : c'était l'inauguration, et
Sémiramis fut
presque honorée comme une déesse.
La pyramide fut édifiée dans un endroit humide
et
marécageux. On construisit un soubassement de
piliers
étonnant, comme un grand et large pont, sur
lequel
s'élevait la pyramide, si bien que l'on pouvait
déambuler
en dessous, comme dans un immense temple à
colonnades. Il y
avait là de nombreuses salles, des cachots
et des chambres
profondes, et la pyramide elle-même comprenait
jusqu'à son
sommet de multiples pièces, grandes et petites,
avec
fenêtres auxquelles je vis suspendre et bénir
des bandes
de toile. Tout autour de la pyramide
s'étendaient des bassins et
des jardins 12,
Ce monument était le siège même de
l'idolâtrie égyptienne, de l'astrologie, de la
magie et
des pratiques les plus horribles. On immolait
des enfants et des
vieillards. Astrologues et devins habitaient
dans la pyramide et y
exerçaient leurs arts diaboliques.
Près des bassins, un
grand établissement filtrait l'eau boueuse du
Nil. Et plus tard,
je vis des femmes égyptiennes se baigner avec
impudeur dans ces
bassins, qui étaient liés aux pratiques les plus
scandaleuses du culte des idoles. Cette pyramide
n'est pas
restée longtemps debout : elle a été
détruite.
Le peuple était effroyablement idolâtre et les
prêtres des faux-dieux faisaient preuve de tant
d'ignorance et de
goét pour les arts divinatoires, qu'ils
collectionnaient
à Héliopolis tous les récits de songes et de
visions de n'importe qui et les transcrivaient,
et se livraient
à l'observation continue des étoiles. Il y avait
de plus
en plus de somnambules en proie à des visions
diaboliques, dans
lesquelles se mêlaient le vrai et le faux c'est
à partir
de cela que fut organisé le panthéon des idoles
et que
l'on établit un calendrier. Je vis ainsi que les
dieux Isis
et Osiris ne sont rien d'autre que Aseneth et
Joseph leur venue
en Egypte avait été annoncée par les
astrologues,
qui en eurent la révélation à partir de leurs
visions diaboliques, et qui les intégrèrent au
panthéon égyptien. Lorsqu'il vécurent en Egypte,
ils furent idolâtrés, et j'ai vu Aseneth pleurer
beaucoup
à cause de cela et écrire contre ces déviations.
Nos savants actuels, lorsqu'ils dissertent sur
l'Egypte, se fourvoient
beaucoup en attribuant à l'histoire, à
l'expérience et à la science des Egyptiens ce
qui ne
relève que de leurs fausses visions et de leur
astrologie : ces
pratiques rendent les hommes aussi bêtes et
stupides que
l'étaient alors réellement les Egyptiens.
Mais les savants tiennent pour impossibles ces
commerces avec les
démons et ces pratiques magiques. ils en nient
la
réalité, et tiennent les Egyptiens pour plus
anciens
qu'ils ne sont réellement, car ils attribuent
toutes ces
croyances et ces rites magiques à une époque
très
reculée 16.
J'ai vu cependant qu'ils étaient déjà
versés dans toutes sortes de pratiques
divinatoires et d'erreurs
avec leur astrologie, lorsque
Sémiramis arriva à Memphis.
Ils voulaient se faire passer pour le peuple
le plus ancien et
composèrent une foule de listes de rois et de
cycles de temps
parfaitement fausses. Ils arrivaient
ainsi à tout autre
chose
que des calculs exacts pour le calendrier, et
comme ils
réajustaient constamment leurs comptes, ils
obtenaient des
résultats imaginaires. Alors ils entreprirent de
perpétuer la mémoire de ces erreurs, en
construisant de
grands monuments et en gravant des textes, ce
qui fixa
définitivement les erreurs.
C'est ainsi que pendant longtemps ils
calculèrent l'âge
des ancêtres et des descendants de façon à faire
coïncider la date de la mort du père avec celle
de la
naissance du fils. Les rois, qui étaient en
perpétuel
conflit avec les prêtres au sujet des
généalogies,
s'invenèent des ancêtres qui n'avaient jamais
existé on compta comme descendants de père en
fils les
quatre rois de même nom qui régnèrent
simultanément à Thèbes, Memphis, Héliopolis
et Sais. J'ai vu également que l'on compta une
fois 970 jours
pour un an, et que par ailleurs on calculait
autant d'années
qu'il y avait de mois dans une période. J'ai
même vu un
prêtre d'idoles qui faisait une opération dans
laquelle
500 ans étaient systématiquement convertis en
1100 ans.
J'ai vu
dénoncer ces faux
calculs de temps et le culte rendu aux
idoles dans l'enseignement du sabbat, à Aruma
: Jésus
parlait devant les pharisiens de la vocation
d'Abraham et de son
passage en Egypte, 17 et il dénonça à cette
occasion les falsifications dont les Egyptiens
se rendaient coupables.
Jésus dit
aux
pharisiens que le monde avait alors 4028 ans
et
lorsque j'entendis le Sauveur dire cela, il
était
lui-mème âgé de 31 ans.
J ai vu en ce temps également des personnes qui
vénéraient Seth à l'instar d'une divinité
très puissante. et qui accomplissaient de longs
et
périlleux voyages pour se rendre sur son
tombeau. que l'on
croyait situé en Arabie. Il me semble qu'il
existe encore de
telles personnes, qui, passant par la Turquie où
la voie leur
est libre, se rendent encore sur ce tombeau.
J al vu souvent Melchisedech
non pas comme un homme mais comme un
être d'une autre nature comme un ange, envoyé de
Dieu.
Jamais je n'ai vu qu'il ait eu une résidence
déterminée, une patrie, une famille, des parents
jamais
je ne l'ai vu manger, boire ou dormir, et jamais
la pensée ne
m'a effleurée qu'il put être un homme. Il était
vêtu comme aucun prêtre ne l'était alors, comme
les
anges que j'ai contemplés dans la Jérusalem
Céleste, et comme je vis plus tard Moise faire
effectuer les
vêtements des prêtres, selon les ordres de Dieu.
Je l'ai vu
intervenir ça et la, apparaissant et agissant
dans des affaires
qui concernaient les peuples, comme par exemple
lorsqu'on
célébrait la victoire après les guerres si
terribles de cette époque. là où il
intervenait, là où il se trouvait, une
puissance
irrésistible émanait de sa personne. Personne ne
se
dressait contre lui, et pourtant il n'avait pas
besoin d'user de la
force, et tous les hommes, pourtant adonnés à
l'idolâtrie, accordaient volontiers la priorité
à
ses décisions, à son conseil.
Il n'avait pas de semblable, pas de familier, il
était tout seul
: parfois, il était accompagné de deux messagers
qu'il
envoyait devant lui c'étaient deux coureurs,
court vêtus
de blanc, qui se chargeaient d'annoncer son
arrivée ça et
là puis il les renvoyait. Tout ce dont il
avait besoin, il
l'avait ou le recevait. Les personnes à qui il
demandait quelque
chose ne le lui refusaient pas et même le
donnaient avec joie. On
se félicitait. là où il venait, et on le
craignait quelque peu, l'entourant d'honneurs.
Les méchants
s'effaçaient devant lui et s'humiliaient, bien
qu'ils en disent
du mal.
Il en était pour lui, être d'une essence
supérieure
parmi ces grands personnages païens, en partie
sans foi et
dépravés, comme il en est actuellement pour
toute
personne pieuse et particulièrement droite qui
arrive quelque
part où elle n'est pas connue et fait le bien
autour d'elle.
C'est ainsi que je l'ai vu à la cour de Sémiramis,
à Babylone. Elle avait là une
puissance et
un faste
indescriptibles elle fit réaliser les plus
somptueuses
constructions par des esclaves qu'elle traitait
encore plus
rigoureusement que Pharaon ne traita les enfants
de Jacob en Egypte. Il
régnait là également la plus effroyable
idolâtrie : on sacrifiait des êtres humains que
l'on
enterrait jusqu'au cou. Tout le confort, les
plaisirs, le faste, les
richesses et les arts s'épanouissaient là ,
et tout
frisait l'impossible. Sémiramis entreprenait
aussi de grands
combats avec de monstrueuses armées, mais
presque toujours
contre les peuples d'Orient elle allait fort peu
vers l'Occident, et
vers le Midi vivaient des peuples à la peau
sombre et
basanée.
Dans son pays, une tribu très nombreuse s'était
peu
à peu développée, à partir de la souche
sémitique restée à Babel après la
construction de la Tour. Ils vivaient sous la
tente, comme un petit
peuple de pasteurs. avaient des troupeaux et
célébraient
leur service divin au coeur de la nuit, dans une
tente
découverte ou en plein air. Ils recevaient
beaucoup de
bénédictions.
Tout leur réussissait, et leur
bétail était toujours particulièrement beau. La
femme diabolique voulait anéantir cette tribu et
en avait
déjà décimé une grande partie. C'est
en constatant les bénédictions qui favorisaient
cette
tribu que Sémiramis reconnut combien Dieu la
prenait sous sa
protection miséricordieuse aussi. comme
instrument du diable,
elle voulut la faire disparaître. Lorsque les
malheurs de cette
tribu atteignirent leur paroxysme, je
vis Melchisédech
intervenir. Il se rendit auprès de Sémiramis
et lui
demanda de laisser partir cette tribu. Il lui
reprocha aussi ses
turpitudes : Sémiramis n'agit pas contre lui,
et il conduisit la
tribu martyrisée, répartie en divers groupes,
vers la
Terre Promise.
Melchisédech avait comme habitation un
campement
près de Babylone,
et
là il leur fit connaître
le pain, dont ils apprirent d'abord à tirer leur
force. à
Canaan, il leur indiqua ça et là des
emplacements pour bâtir, et ils reçurent comme
patrimoine
une région déterminée. Ils furent eux-mèmes
tenus à l'écart des autres populations, à cause
de
leur Dureté. afin de ne pas se mêler à elles.
Leur
nom est comme "Samanes" ou "Semanes ". A
certains d'entre eux,
Melchisédech attribua comme territoire la région
de la
Mer Morte mais leur ville fut détruite avec
Sodome et Gomorrhe.
Sémiramis avait
accueilli
Melchisédech avec un grand
respect et une secrête terreur a cause de sa
sagesse. Il lui
apparut comme le Roi de l'Etoile du Matin,
c'est-à-dire, de
l'Orient lointain.
Elle s'imagina
qu'il pourrait la
demander en mariage
mais lui, il lui parla très sévèrement, lui
dévoila ses dépravations et lui prophétisa la
destruction de la pyramide dressée près de
Memphis.
Elle
fut effrayée et resta sans voix. Je vis le
châtiment qui
la frappa : elle devint comme un animal
domestique et on l'enferma
pendant longtemps par prudence, on lui jetait de
l'herbe et du foin
dans une crèche un seul serviteur se tenait près
d'elle,
pourvoyant à sa nourriture. Puis elle fut
libérée,
mais sombra de nouveau dans la folle.
Finalement, elle mourut de
façon atroce ses entrailles furent arrachées de
son
corps. Elle avait vécu cent dix-sept ans.
Melchisedech
était
considéré comme un
prophète, un sage, un homme d'une essence
supérieure,
à qui tout réussissait.
Il y eut à cette
époque et même plus tard diverses apparitions de
personnes
d'un ordre supérieur et elles étaient aussi peu
étrangères aux peuples de ce temps que les anges
à
Abraham, qui était en relation avec eux. Il se
produisit
également des apparitions néfastes à
côté des bonnes, comme se dressent de faux
prophètes à côté des vrais.
La sortie de la tribu a des points de
ressemblance avec l'histoire de
la sortie des Israélites hors d'Egypte : mais ce
ne fut pas
aussi long que pour ceux-ci.
(...)
J'ai vu souvent
Melchisédech, quand. bien avant le temps de
Sémiramis et d'Abraham. il apparut dans
la Terre Promise
qui
était encore un désert, comme s'il organisait le
territoire comme s'il choisissait et réparait
des endroits
précis. Je l'ai vu tout seul et pensai : que
veut donc cet homme
ici, alors qu'il n'y a encore personne ?
C'est ainsi que je le vis
creuser une source sur une montagne c'était la
source du
Jourdain. Il avait un long pieu fin qu'il planta
dans la montagne comme
un rayon. C'est ainsi que je le vis ouvrir la
terre en divers endroits.
Dans les premiers temps après le Déluge, je n'ai
pas vu
les fleuves jaillir et couler comme maintenant,
mais beaucoup d'eau qui
sourdait d'une haute montagne à l'Orient. (...)
Note : 1. Sémiramis
(arm. Schamiram)
était une reine
légendaire d'Assyrie. petite-fille de la déesse
Derketô et épouse du roi Ninos. à la mort de son
mari. elle assura la régence au nom de son fils
Ninyas. Les
"jardins suspendus" de Sémiramis, à Babylone
étaient l'une des sept merveilles du monde
antique. (NdT)
12.
Cette pyramide est
Peut-être celle de Zoser (env. 2900 av.
J.C.) dont les fouilles qui se poursuivent
actuellement,
révèlent des données inédites et
stupéfiantes sur la civilisation memphite. (NdT)
13. Isis
(egypt. Eset)
déesse égyptienne, soeur et
épouse d Osiris : elle était une divinité
très populaire dans l'antiquité. Son sanctuaire
le plus
célèbre se dressait sur l'ële de Philae. Le
culte d'Isis se répandit jusque dans la Rome
paienne, où
il fut finalement étouffé par la diffusion du
christianisme. (NdT)
14. Osiris,
fils du dieu
de la terre Geb et de la déesse du ciel
Nuth, époux d'Isis, sa propre soeur : ils furent
parent d'Horus.
Osiris était le dieu du soleil et du royaume des
morts. Son
frère Seth le tua et dépeça son cadavre en 14
morceaux qu'Isis récupéra et rassembla. Ce fut
la
première momie. (NdT)
4. "Montagne
du Pain ", traduction textuelle.
Il pourrait s'agir du
Mont Moréh. colline qui servira d'observatoire a
Gedean dans sa
guerre contre les Madianites (Juges. 7. Iss).
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Sémiramis
Elle est la fille
de
Dercéto, une déesse mi-femme mi-poisson qui
vivait dans
un lac voisin d'Ascalon, et de Caÿstros, le fils
présumé d'Achille et de Penthésilée. Cette
union est provoquée par Aphrodite qui avait à se
plaindre
de Dercéto. Après la naissance de Sémiramis,
Dercéto assassine Caÿstros et se réfugie au fond
de
son lac en abandonnant sa fille. Elle est alors
élevée
par des colombes qui volent aux agriculteurs et
aux bergers de la
région le lait et le fromage indispensable à sa
nourriture. Découverte par les bergers intrigués
par ce
manège elle est confiée à leur chef qui lui
donne
le nom de Sémiramis (qui vient des colombes en
langue syrienne).
Devenue jeune femme, elle est épousée par Onnès,
un conseiller du roi Ninos de Ninive, dont elle
a deux fils,
Hyapaté et Hydaspé. Elle conseille son mari de
façon si habile qu'il réussit dans la totalité
de
ses entreprises. Lors d'une expédition en
Bactriane,
Onnès commet l'erreur d'emmener sa femme qui,
prenant la
tête d'un groupe de soldats montagnards,
s'empare de la citadelle
de Bactres. Ninos tombe amoureux de Sémiramis et
contraint
Onnès au suicide. Le roi épouse alors la belle
sans
difficulté. Elle lui donne un fils Ninyas. Peu
de temps
après Ninos meurt et Sémiramis lui succède pour
un
règne de 42 ans.
Elle est, selon la légende, la fondatrice d'une
nouvelle
cité qui frappe par son ampleur et ses
dimensions :
Babylone. Elle y crée, dans le palais
d'occident, les fameux
jardins suspendus. Reine guerrière, en cela elle
tient de son
grand-père paternel, elle s'empare dit-on de
l'Arménie,
la Médie, toute l'Asie jusqu'a l'Indus, où elle
est
battue, et de l'Égypte et l'Éthiopie. Elle
consulte
l'oracle d'Ammon qui lui affirme qu'elle serait
enlevée du
nombre des vivants quand son fils Ninyas
conspirerait contre elle. De
retour après son expédition en Inde, elle
apprend que son
fils conspire avec les eunuques du palais.
Fatiguée elle lui
remet alors le pouvoir et disparait. La légende
prétend
qu'elle est transformée en colombe et emportée
au ciel
afin d'y être divinisée.
La véracité de l'existence du personnage est
évidemment sujette à caution mais les historiens
pensent
que le personnage de Sémiramis a été
inspiré par la reine Sammouramat, personnage
bien réel
celui-là, qui elle fut régente de l'Assyrie
pendant la
minorité de son fils Adad-Nirari III.
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