Voici quelques extraits :
Ch. XV : LE MOUTON
Le mouton, mâle ou femelle, est froid, mais
plus
chaud que le bœuf ; il est de nature simple et
humide, et n’a ni
amertume ni méchanceté.
Sa chair est bonne à manger pour les hommes,
bien-portants ou malades.
Si quelqu’un, toutefois, a le corps tout
affaibli et des
veines fragiles et tièdes, il prendra du suc de la
chair de
mouton et du jus dans lequel on en a fait cuire :
il le boira et
mangera un peu de cette chair ; à mesure qu’il
reprendra des
forces, il en mangera à son appétit si cela lui
convient.
La chair est bonne à manger en été,
parce que la chaleur la réchauffe ; en hiver, en
revanche, elle
est froide et ne vaut rien pour la nourriture.
On peut manger de son foie en abondance, cela
diminue le
flegme et débarrasse l’estomac de sa fétidité.
Si on tousse et qu’on a beaucoup de peine à
inspirer et à expirer et qu’on en souffre, il faut
manger du
poumon de mouton et on se portera mieux.
Si une femme a la matrice froide et inapte à
la
conception, elle prendra une matrice de brebis ou
de génisse qui
n’a encore jamais été gravide et qui ne l’est pas
: elle
la fera cuire avec du lard et d’autres viandes
grasses qu’elle mangera,
quand elle doit s’unir à son mari, et le plus
souvent possible.
Et elle concevra facilement, si Dieu
le veut ; car c’est par
la volonté de Dieu que, bien
souvent, la puissance d’engendrer est enlevée
aux humains.
Quant aux peaux de moutons, elles sont bonnes
pour les
vêtements de l’homme, car elles ne lui apportent
ni orgueil ni
luxure ni maladie, comme le font les peaux des
autres bêtes :
c’est pourquoi Dieu a donné à Adam un vêtement de
peau de mouton.
Et si on souffre de fièvres quotidiennes,
tierces
ou quartes, de quelque espèce qu’elles soient, il
faut prendre
une toison de bélier sans son cuir ; et, sur la
partie qui
était en contact avec la peau du bélier, il faut
faire
une légère friction avec de la graisse de brebis
légèrement chauffée, puis réchauffer le
tout devant le feu ; et, lorsque la maladie épuise
cet homme par
le froid, il faut lui mettre cette toison sur
l’estomac, sur la
poitrine et les épaules, de façon qu’il se
réchauffe et s’endorme. A répéter chaque fois que
la fièvre le fatigue, et il sera guéri.
Ch. V : L’ÉPEAUTRE
L’épeautre est un excellent grain, de nature
chaude, gros et plein de force, et plus doux que
les autres grains : à
celui qui le mange, il donne une chair de
qualité, et fournit du
sang de qualité.
Il donne un esprit joyeux et met de
l’allégresse
dans l’esprit de l’homme.
Sous quelque forme qu’on le mange, soit sous
forme de
pain, soit dans d’autres préparations, il est bon
et
agréable.
Si quelqu’un est si affaibli que sa faiblesse
l’empêche même de manger, prendre des grains
entiers
d’épeautre, les faire cuire dans de l’eau, en
ajoutant de la
graisse ou du jaune d’œuf ; de la sorte, il aura
meilleur goût et
sera consommé plus facilement: en donner au malade
pour qu’il en
mange, et, comme un bon et sain onguent, cela le
guérit de
l’intérieur.
Note du webmaster :
L’épeautre
est l’aliment de
base que conseille sainte Hildegarde, c’est
l’ancêtre du
blé. Il était très répandu à
l’époque romaine mais fut abandonné pour des
questions de
rendement. Ce grain, qui entre dans la
composition de très
nombreux remèdes, est plus nourrissant et a
bien meilleurs
goûts que la plupart des autres céréales.
Lorsque
l’on a goûté à l’épeautre, les produites
à base de blé paressent extrêmement fades et
pauvres en valeurs nutritives.
Ch. XXXVIII : LE
CRESSON
Le cresson est chaud, humide, et son humidité
est
modérée. Il est bon à manger pour les
bien-portants comme pour les malades.
Et ce qu’il a d’amer en lui ne brûle pas
l’intérieur de l’homme, mais le soigne.
Si on a le cœur faible et l’estomac malade,
il faut en
manger cru, cela redonne de la force.
Si on a l’esprit rempli de tristesse et qu’on
en mange, il
redonne la joie.
Si on en mange, il soigne également les yeux
de
l’homme et éclaircit la vue.
Ch. CXVI : LA
CAMOMILLE
La camomille est chaude, elle a un suc
agréable qui
constitue un suave onguent pour les intestins.
Si on a mal aux intestins, faire cuire de la
camomille
dans de l’eau, avec de la graisse ou de l’huile ;
ajouter de la fleur
de farine, préparer ainsi une bouillie qu’on
mangera et qui
guérira les intestins.
Quand les femmes ont leurs règles,
qu’elles
prennent également de cette bouillie : celle-ci
prépare
doucement et tranquillement l’expulsion des
humeurs intérieures
fétides et facilite la sortie des règles.
Ch. XLVII : LA
FOUGÈRE
La fougère est tout à fait chaude et
sèche, et contient assez peu de suc. Mais elle a
beaucoup de
vertus analogues à celles du soleil ; en effet, de
même
que le soleil illumine ce qui est obscur, de même
elle met en
fuite les apparitions fantastiques, et c’est
pourquoi les esprits
malins la détestent.
Dans les lieux où elle pousse, le
diable
exerce rarement ses sortilèges, et
elle évite
et fuit les maisons et les lieux où se trouve le
diable ;
là où elle pousse, la foudre, le tonnerre et la
grêle tombent rarement ; et la grêle tombe
rarement dans
les champs où elle pousse.
L’homme qui en porte sur lui évite
les
sortilèges et les incantations des démons, ainsi
que les
paroles et autres visions diaboliques. (...)
Introduction : LES
PIERRES
Toute pierre contient en soi du feu et de
l’humidité.
Le diable abhorre les pierres
précieuses,
les déteste et les méprise, parce qu’il
se
souvient que leur éclat s’est manifesté en lui
avant
qu’il ne soit déchu de la gloire que Dieu lui
avait
donnée ; et aussi parce qu’un certain
nombre de pierres
précieuses naissent du feu, qui est l’élément de
son châtiment.
En effet, par la volonté de Dieu, il a
été vaincu par le feu et s’est écroulé dans
le feu, tout comme il est vaincu par le feu de
l’Esprit saint lorsque
les hommes, grâce au premier souffle de l’Esprit
saint, sont
arrachés du fond de sa gueule. (...)
Prophétie
de la sainte
Hildegarde.
Sainte Hildegarde, abbesse des Bénédictines de
Rupertsberg, sur le Rhin, a été surnommée la
prophétesse du Nouveau Testament.
14. Mon Fils est venu au monde après les cinq
premiers
âges, et lorsque le monde était déjà presque
vers son déclin.
15. Le fils de perdition, qui règnera très peu de
temps,
viendra dans les derniers jours.
16. Après avoir passé une jeunesse licencieuse
au
milieu d'hommes très pervers et dans un désert où
elle aura été conduite un
démon déguisé en ange de lumière, la
mère du fils de perdition le concevra et
l'enfantera.
17. Le fils de perdition est cette bête très
méchante qui fera mourir
ceux qui
refuseront de croire en lui, qui s'associera les
rois, les princes, les
grands et les riches, qui méprisera l'humanité
et
n'estimera que l'orgueil, qui enfin subjuguera
l'univers entier par des
moyens diaboliques.
18. Il paraîtra agiter l'air, faire descendre le
feu du ciel,
produire des éclairs, le tonnerre et la grêle,
renverser
les montagnes, dessécher les fleuves, dépouiller
la
verdure des arbres des forêts et la leur rendre
ensuite.
19. Il paraîtra aussi
rendre les hommes
malades, guérir les infirmes, chasser les démons
et
quelquefois ressusciter les morts faisant qu'un
cadavre remue comm s'il
était en vie.
Cependant cette espèce de résurrection ne durera
jamais
au delà d'une petite heure pour que la gloire de
Dieu n'en
souffre pas.
20. Il gagnera beaucoup de peuples, en leur disant :
"Vous pouvez
faire tout ce qui vous plaira ; renoncez aux
jeûnes, ils suffit
que vous m'aimiez, moi qui suis votre Dieu."
21. Il leur montera des trésors et des richesses, et
il leur
permettra de se livrer à toutes sortes de festins,
comme ils le
voudront. il les obligera à pratiquer la
circoncision et
plusieurs observances judaïques, et leur dira
: "celui qui
croira en moi recevra le pardon de ses péchés et
vivra
avec moi éternellement."
22. Il rejettera le baptème et l'évangile et il
tournera en dérision tous les préceptes que
l'Eglise a
donnés aux hommes de ma part.
23. Ensuite il dira à ses partisans : "Frappez-moi avec un
glaive et placez
mon corps dans un linceul sans tache jusqu'au jour
de ma
résurrection." On croira réellement lui avoir
donné la mort, et de son côté il fera semblant de
ressusciter. Après quoi il commandera à ses
serviteurs de
l'adorer.
24. Quand à ceux qui, par amour pour mon nom,
refuseront de
rendre cette adoration sacrilège au fils de
perdition, il les fera mourir au milieu
des plus grands tourments.
25. Mais j'enverrai mes deux témoins, Hénoch et
Elie,
que j'ai réservés pour ce temps-là.
Leur mission sera de combattre cet homme du mal et
de ramener dans la
voie de la vérité ceux qu'il aura séduits. Il
auront la vertu d'opérer les miracles les plus
éclatants
dans tous les lieux où le fils de perdition aura
répandu
ses mauvaises doctrines.
26. Cependant je permettrai que ce méchant les
fasse mourir,
mais je leur donnerai dans le ciel la récompense
de leurs
travaux.
27. Quand le fils de perdition aura accompli tous
ses desseins, il
rassemblera ses croyants et leur dira qu'il veut
monter au ciel. Au
moment même de cette ascension, un coup de foudre
le terrassera
et le fera mourir.
28. D'un autre côté, la montagne où il sera
établi pour opérer son ascension sera à l'instant
couverte d'une nuée qui répandra une corruption
insupportable et vraiment infernale.
Ce qui, à la vue de son cadavre couvert de
pourriture, ouvrira
les yeux à un grand nombre de personnes et leur fera
avouer leur
misérable erreur.
29. Après la triste défaite du fils de
perdition,
l'épouse de mon Fils, qui est l'Eglise, brillera
d'une gloire
sans égale et les victimes de l'erreur
s'empresseront de rentrer
dans le bercail.
30. Quant à savoir quel jour après la chute de
l'Antéchrist le monde
devra finir,
l'homme ne doit pas chercher à le connaître, il ne
pourrait y parvenir. Le
Père s'en
est réservé le secret. O hommes,
préparez-vous au jugement !
Lorsque
les
éléments se déchaînent
Extrait des révélation de sainte
Hildegarde de
Bingen (1098-1179)
La
vengeance de Dieu
Si parfois, à cause d’une décision de Dieu,
ces éléments répandent leur terreur de
façon désordonnée, ils apportent de multiples
périls au monde et aux hommes : le feu est comme une
lance,
l’air comme une épée, l’eau comme un bouclier et la
terre
comme un javelot appelé à châtier les hommes.
En effet,
les éléments sont soumis à l’homme, et ils
remplissent leur
fonction en tenant compte de l’action des hommes.
En effet, lorsque les hommes s’affrontent entre
eux dans
des combats, des scènes d’épouvante, la haine,
l’envie,
et tous les péchés qui les opposent, alors
les
éléments se transforment en leur contraire,
chaleur,
froid, débordements immenses et inondations.
Et cela vient du plan primitif de Dieu, car il
a
été décidé par Dieu que les
éléments réagiraient selon l’action des hommes,
parce qu’ils sont touchés par leur action, puisque
l’homme
travaille en eux et avec eux.
Lorsque les hommes sont sur le droit chemin
et font le
bien et le mal avec mesure, alors les éléments,
par la
grâce de Dieu, remplissent leur fonction, selon
les besoins de
l’homme.
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