Extrait des révélations d'Anne-Catherine
Emmerich (1774-1824) Les
mystères de l'Ancienne Alliance
Joseph et Aseneth
Lorsque Joseph
fut vendu et
conduit en Egypte, il avait seize ans.
Il
était de taille moyenne, très mince, souple,
agile de
corps et d'esprit. Il était tout différent de
ses
frères. Chacun était porté à l'aimer.
Si
son père ne l'avait pas autant chéri, ses
frères
l'eussent aimé beaucoup. Ruben aussi
était plus
souple
que les autres.
Benjamin, par contre, était un très grand
garçon, lourdaud, mais très bon et avisé.
Joseph portait les cheveux partages en trois
mèches : une de
chaque côté de la tête, la troisième en
arrière, très longue et fournie. Lorsqu'il
devint un
grand d'Egypte, il se rasa le crâne, mais plus
tard il porta de
nouveau les cheveux longs.
En même temps que la tunique multicolore, Jacob avait
donné à Joseph les ossements d'Adam,
sans
toutefois que
Joseph sache ce que c'était. Jacob les lui remit
comme une
amulette protectrice, car il savait parfaitement
que ses frères
lui voulaient du mal.
Note :
1. Aseneth
était
la fille ou suivante de Putiphar, prêtre
d'Héliopolis. et
l'épouse de Joseph qui la rendit mère de
Manassé
et Ephraim. (Gen. 41 ,45,50-52) ;
Joseph portait ces reliques dans une petite
bourse de cuir arrondie
suspendue à son cou. Lorsque ses frères le
vendirent, ils
lui ôèent simplement sa tunique multicolore et
son
vêtement courant mais il avait encore un pagne
autour des reins
et une sorte de scapulaire sur le torse. sous
lequel il portait cette
petite bourse.
La tunique multicolore était blanche, avec des
rayures rouges et trois bandes noires ornées de
motifs jaunes
à l'avant ce vêtement, très ample en hautësi
bien que Joseph pouvait y glisser quelque
choseëétait
étroit en bas, mais avec une fente sur le côté,
de
façon à ne pas entraver la marche. Il descendait
jusqu'à terre, un peu plus long en arrière, avec
l'avant
quelque peu dégagé 2. Quant au vêtement
ordinaire
de Joseph, il n'arrivait que jusqu'aux genoux.
Joseph était
déjà connu du Pharaon et de son
épouse bien avant d'être jeté en prison.
Il
gérait si parfaitement les affaires de Putiphar,
et celui-ci
accomplissait si bien ses fonctions à la cour
pendant la
présence de Joseph chez lui, et en retirait tant
de
bénédictions, que Pharaon voulut connaître ce
serviteur modèle. La femme de
Pharaon, qui était
très soucieuse de son salut et très dévote,
et,
comme tous les Egyptiens, très avide de
connaître de
nouvelles divinités, fut si étonnée devant ce
merveilleux et sage adolescent qu'était
Josephëun
étranger si spirituelëqu'elle l'honorait
secrêtement
comme un dieu et ne cessait de répéter à son
époux : "Cet homme est envoyé par nos dieux, ce
n'est pas
un être humain comme nous !"
Note :
2. Cf. les
robes des
Assyriens et Chaldéens, dans les fresques et
émaux
retrouvés dans les ruines d'Ur. (NdT)
Il n'en fut pas
moins
jeté en prison, où il devint par la
suite gardien des autres captifs.
La Grande Dame déplora
beaucoup son erreur quand elle le vit emprisonné
comme
adulèe mais lorsqu'il fut remis en liberté, elle
lui
accorda de nouveau et à jamais toute sa
bienveillance.
Et cette
coupe qu'il fit glisser dans les affaires de
Benjamin, c'était
précisément le premier présent que lui fit
l'épouse de Pharaon.
Je connais bien cet objet, qui avait deux
anses et pas de pied. Il était comme taillé dans
une
pierre précieuse ou dans une masse translucide,
que je ne
connais pas, et avait la forme de la partie
supérieure du calice
de la Cène : il
fut
également placé parmi les
récipients que les enfants d'Israël ramenèrent
d'Egypte, et on le garda par la suite dans
l'Arche d'Alliance .
Joseph
demeura sept ans en prison c'est
là qu'il
reçut, en pleine tribulation, le secret de
Jacob, comme ses
ancêtres l'avaient reçu eux aussi, et qu'il eut
la vision
d'une nombreuse postérité.
Je connais bien la femme de Putiphar
l'ai vu
également comment elle voulut séduire
Joseph mais après la faveur dont il fut ensuite
honore, elle fit
pénitence et devint pieuse et chaste C'était une
grande
femme potelée, avec une peau brun-jaune,
éclatante comme
de la soie.
Elle portait une robe de couleur, avec un fin
vêtement orné de figures brodées, sous lequel la
robe apparaissait comme à travers de la
dentelle. Joseph se
trouvait souvent avec elle, car son maître lui
confiait toutes
les affaires de la maison.
Lorsqu'il s'aperçut qu'elle devenait
entreprenante, il ne dormit plus dans la maison
du maître lorsque
celui-ci s'absentait. Mais elle venait couvent
le déranger pour
lui faire des avances, lorsqu'il travaillait aux
écritures. Je
la vis une fois venir vers lui, vêtue de façon
très
provocante, alors qu'il était dans un angle
d'une salle, en
train d'écrire. On écrivait alors sur des
rouleaux
étalés sur des plans inclinés fixes au mur,
devant
lesquels on pouvait se tenir debout ou
s'asseoir. Elle lui parla et
s'attira une réponse nette, mais elle
s'enhardit, si bien qu'il
tourna les talons et se dépêcha de sortir Mais
elle
l'attrapa par son manteau, qu'il lui laissa
entre les mains
Je vis Joseph
auprès du prêtre idolâtre Putiphar,
à Héliopolis dans la maison du prêtre
vivaient huit
jeunes servantes, parmi lesquelles Aseneth,
fille de Dina et de Sichem, prophétesse
et chargée
du soin des idoles. Putiphar
l'avait achetée à sa nourrice alors qu'elle
n'avait que
cinq ans, et que toutes deux avaient été
expédiées au bord de la Mer Rouge par Jacob, qui
craignait que ses fils ne tuent l'enfant Aseneth
possédait
l'esprit de prophétie et avait les fonctions
d'oracle
auprès de Putiphar.
Joseph la
connaissait, sans
savoir qu'elle
fût sa nièce. Elle était très
réservée, recherchait la solitude et détestait les
hommes qui tournaient autour d'elle à cause de sa
radieuse
beauté.
Favorisée de visions très remarquables,
elle était fort versée dans l'astrologie
égyptienne, mais
avait une
profonde intuition de la religion des
Patriarches je n'ai pas vu qu'elle fût adonnée à
la
magie.
Elle contemplait en
vision tout le
mystère de la vie, de
l'exil. de l'avenir et de l'exode d'Israel. et
toute la
traversée du désert.
Elle remplissait de feuilles d'une
plante aquatique et de peaux, d'une merveilleuse
écriture dont
les lettres ressemblaient à des têtes d'animaux
et
d'oiseaux.
Ces ouvrages
étaient déjà
incompris de ses contemporains égyptiens et on en
faisait
mauvais usage, en interprétant toutes sortes
d'horreurs.
Aseneth
était fort troublée par cette incompréhension,
établie par le diable, et pleurait beaucoup.
Elle avait plus de
visions que n'importe quel personnage de son
époque et
était d'une remarquable sagesse. Mais elle
agissait en tout
très discrêtement, conseillant les uns et les
autres.
Elle
savait également filer et broder, et sa sagesse
était si
profonde qu'elle reconnaissait bien les
égarements et les
déviations de l'humanité C'est pour cela qu'elle
se
tenait si réservée avec un maintien grave et
silencieux.
J'ai vu qu'Aseneth, à cause de l'interprétation
erronée de ses visions et de ses écrits, fut à
l'origine du culte idolâtrique qui
l'assimilait à Isis et
qui faisait de Joseph Osiris.
C'est Peut-être pour cela qu'elle
pleurait tant elle a également écrit des
rouleaux contre
ces abus, annonçant qu'on l'honorerait comme la
mère de
tous les dieux.
Lorsque Putiphar
offrait un
sacrifice, Aseneth montait dans une tour
où elle se trouvait comme dans un petit jardin,
et elle
observait les étoiles à la lueur de la lune.
Elle
était ravie en extase et voyait toutes choses
très
clairement dans les astres, et la vérité sous
les
symboles, car elle avait été prédestinée
par Dieu.
Mais j'ai vu aussi des prêtres idolâtres qui
voyaient les
choses les plus horribles, car ils étaient
égarés
dans des univers complètement étrangers et
diaboliques.
C'est à cause de ces visions démoniaques que les
révélations mystérieuses d'Aseneth furent
déformées en horribles idolâtries.
Aseneth avait
introduit beaucoup
de choses en Egypte. Elle fit venir
beaucoup d'animaux utiles, les vaches par
exemple elle enseigna aussi
la fabrication du fromage, le tissage et de
nombreux arts inconnus. C'est à Joseph que
l'on doit l'introduction de la charrue en
Egypte, car il était seul à en connaître le
maniement.
Il y a une chose qui m'a vraiment plongée dans
l'admiration : Aseneth
faisait bouillir
longuement la chair des nombreux animaux
offerts en sacrifice, dans de grands chaudrons à
moitié
enterrés en plein air, jusqu'à ce que cette
viande devint
une masse ayant la consistance de la colle on
s'en servait comme
alimentation dans les campagnes militaires et en
temps de famine. Les
Egyptiens en étaient très heureux et tout
étonnés.
Lorsque Joseph
vit Aseneth
chez le prêtre des
idoles. celle-ci
s'approcha de lui et voulut le serrer dans ses
bras. Ce n'était
pas là de la provocation, mais une sorte
de prescience, un
geste prophétique c'est pour ce don qu'elle
était dans
l'entourage du prêtre des idoles.
Aseneth était tenue pour
sainte. Mais je vis que Joseph la repoussait,
les mains tendues en
avant, et lui adressait des paroles sévères. Et
je la vis
alors très troublée : elle se retira dans sa
chambre et
vécut dés lors dans le deuil et la pénitence.
9. C est
Isis qui. dans la mythologie
égyptienne donna la vache
aux habitants du Nil. Ce trait corrobore
parfaitement l'identification
Isis-Aseneth révélée à A.C. Emmerick. (NdT)
10. De
même. c'est
à Osiris qu'est
attribuée l'invention de la charrue et de la
culture du
blé en Egypte. là encore
l'identification
Osiris-Joseph est parfaitement claire. (NdT)
Je vis Aseneth dans son appartement : elle se
tenait derrière
une tenture, ses longs et abondants cheveux
dénoués et
terminés en boucles.
Elle avait, au creux de l'estomac, un signe
merveilleux imprimé sur la peau.
Dans une figure, semblable
à une coupe en forme de coeur, se tenait un
enfant aux bras
ouverts, tenant dans une main un petit plateau
et dans l'autre un
gobelet ou un calice. Sur le plateau étaient
trois épis
souples issus d'une même tige, et la figure
d'une colombe qui
semblait picorer le raisin contenu dans le
calice.
Jacob
connaissait ce
signe : c'est pour cela qu'il fut obligé
d'éloigner Aseneth,
pour la soustraire à la colère
de ses fils. Lorsqu'il se rendit plus tard en
Egypte auprès de Joseph, et que celui-ci
lui eét confié toutes ces
particularités, il reconnut sa petite-fille, à
cause du
signe qu'elle portait. Joseph aussi avait un
signe sur le torse :
c'était une grappe de raisin aux nombreux
grains.
Puis je vis un ange apparaître, vêtu d'une robe
très
riche, tenant une fleur de lotus dans la main.
Il salua Aseneth
celle-ci le regarda et se voila la face. Il lui
ordonna de ne plus se
lamenter et de s'habiller avec apparat il lui
demanda de lui
préparer un plat. Elle se leva et partit se
vêtir, puis
revint toute parée, portant sur une légère table
basse du vin et de petits pains aplatis cuits
sous la cendre.
Elle
n'était nullement effrayée. mais très simple et
humble, comme Abraham et d'autres patriarches en
face de saintes
apparitions lorsque l'ange lui parlait, elle se
voilait.
L'ange lui
demanda du miel alors elle répondit qu'elle n'en
avait pas comme
les autres jeunes filles, qui le mangeaient.
L'ange lui dit qu'elle
trouverait du miel entre les statues d'idoles
qui se dressaient dans
l'appartement, représentant diverses figures
entourées de
bandelettes, avec des têtes d'animaux et des
queues de serpent
enroulées.
Alors elle découvrit un grand rayon de miel,
blanc comme une
hostie, très beau, qu'elle posa devant l'ange
qui lui ordonna
d'en manger. Il bénit le miel, que je vis tout
illuminé
et rayonnant entre eux.
Je ne peux plus exprimer tout à fait la
signification de ce miel céleste, car lorsqu'on
voit de
pareilles choses, on sait tout, car on comprend
alors tout mais
à présent, le miel ne signifie pour les hommes
rien de
plus que ce qu'il estëdu mielë, sans que l'on
saisisse ce que
les fleurs, les abeilles et le miel représentent
effectivement
Je peux simplement en dire ceci :
Aseneth n'avait vraiment que du pain
et du vin chez elle, mais pas de miel en
mangeant de ce miel, elle fut
détachée du culte des idoles et le culte
d'Israël
(c'est-à-dire le salut de l'Ancienne Alliance)
s'éveilla
en elle.
Ce fut comme si elle devait aider beaucoup
d'hommes et comme
si beaucoup devaient, tels des abeilles, bâtir
autour d'elle.
elle-même dit qu'elle ne voulait plus boire de
vin. que le miel
lui suffisait. à Midian. chez Jethro "j'ai vu
beaucoup de miel,
beaucoup d'abeilles.
Note :
11. Jethro,
beau-père de Moise, prêtre de
Midian (Madian). Cf Ex. 2 16 sq.
L'ange bénit le rayon de miel avec son doigt, le
dirigeant vers
toutes les régions du monde cela signifie que
par sa
présence, par son exemple et par le mystère
qu'elle
renfermait en elle, Aseneth devait être une mère
et une
éducatrice pour beaucoup d'hommes.
Lorsque plus tard on la
vénéra comme une déesse et qu'on la
représenta sous forme d'une statue aux nombreux
seins, ce fut
parce qu'on interpréta de cette façon sa vision
dans
laquelle elle comprit qu'elle comprit qu'elle
devait nourrir un si
grand nombre d'hommes.
L'ange lui dit
également
qu'elle était la fiancée
de Joseph et qu'elle devait l'épouser.
Il la bénit, comme
Isaac avait béni Jacob comme l'ange avait béni
Abraham.
mais les trois traits de bénédiction se
dédoublèrent sur elle. se dirigeant d'une part
sur le
coeur, d'autre part sur son giron.
Plus tard, j'ai eu une vision dans laquelle
Joseph revenait chez
Putiphar, pour lui demander la main d'Aseneth :
comme l'ange, il tenait
une fleur de lotus dans la main. Il connaissait
la remarquable sagesse
d'Aseneth, mais leur parenté leur restait
mystérieusement
caché à tous les deux.
J'ai vu aussi que le fils de Pharaon
était épris
d'Aseneth, si bien qu'elle devait se
tenir cachée qu'il
fut
détourné de cette passion par Juda, sinon Dan 13
et Gad
14, à l'instigation du fils de Pharaon avec qui
ils avaient mis
sur pied une embuscade, auraient assassiné
Joseph.
Je crois que Juda avait reçu en songe un
avertissement divin et
qu'il avait conseillé à Joseph de prendre un
autre
chemin. Je me souviens aussi que Benjamin a joué
également un rôle dans cette affaire et qu'il a
protégé Aseneth. Dan et Gad subirent un
châtiment,
certains de leurs enfants moururent brusquement
ils avaient eux aussi
été prévenus par Dieu, avant que quiconque eut
connaissance de cette machination.
Lorsque
Joseph et Aseneth paraissaient devant le peuple,
ils tenaient a
la main comme le prêtre Putipharëun l'emblème de
leur
toute-puissance que l'on considérait comme
sacré.
La
partie supérieure de cet emblème était un
anneau,
la base une croix latine, un T.
Ce sceptre servait de
sceau, et, au
moment de la moisson, lorsque le blé était
distribué, les tas étaient mesurés en y
enfonçant le sceptre c'est également au moyen de
cette
sorte de mesure que l'on délimitait les greniers
à
blé et les canaux, que l'on calculait les crues
et les
décrues du Nil.
Les
actes écrits étaient
scellés avec cet instrument, après avoir
été marqués avec le suc rouge d'une plante.
Lorsque Joseph exerçait une fonction, cet
emblème
était posé prés de lui sur un tapis, la croix
repliée dans l'anneau. Cela me semblait être
également comme une préfiguration du mystère de
l'Arche d'Alliance, mystère que Joseph portait
encore en lui.
Aseneth avait également un instrument comme une
verge, avec
lequel, marchant en extase, elle frappait le sol
là
où cet instrument vibrait : on découvrait à ces
endroits de l'eau et des sources souterraines.
Cela était
accompli sous l'influence des étoiles.
Au cours des cortèges solennels. Joseph et
Aseneth
s'avançaient dans un char étincelant.
Aseneth portait un
corselet tout doré, qui entourait tout son corps
sous les bras
ce vêtement était orné de nombreux signes et de
figures, et descendait jusqu'au-dessus des
genoux les jambes
étaient entourées de bandelettes. Elle avait sur
les
épaules un ample manteau, ramené en avant et
attaché au-dessus des genoux. Les chaussures
avaient des pointes
recourbées, comme des skis. La coiffure,
semblable à un
casque, était composée de plumes et de perles
multicolores.
Joseph portait une étroite tunique à manches
courtes, et
un corselet d'or par-dessus, orné de figures et
retenu aux
épaules par des courroies croisées garnies de
clous d'or
il avait un grand manteau sur les épaules, et sa
coiffure
était également composée de plumes et
d'orfèvrerie.
Lorsque Joseph
arriva en Egypte,
on bâtissait Memphis-la-Neuve, qui se
trouvait à
quelque sept heures de marche au
nord de
Memphis, l'ancienne cité. Entre les deux villes,
une grande
route bordée d'allées avait été
aménagée sur des digues ça et la, entre les
arbres, se dressaient des statues de divinités
féminines
aux visages très sévères et tristes elles
avaient
des corps de chien et étaient assises sur des
socles de pierre.
Il n'y avait guère de beaux bâtiments, mais des
grands
remparts et des montagnes artificielles en
pierre, pleines de
couloirs et de chambres.
Les habitations étaient des constructions
légères
aux toits de bois. Il y avait encore de vastes
forêts et des
marécages. Le Nil avait déjà modifié
son cours, lors de la fuite de la Vierge Marie
en Egypte.
Les Egyptiens adoraient toutes sortes d'animaux,
des crapauds, des
serpents, des crocodiles. Ils restaient
parfaitement paisibles
lorsqu'un homme était dévoré par un crocodile.
Lorsque Joseph vint en Egypte, le dieu taureau
n'était pas
encore à l'honneur mais son culte suivit de peu
le songe de
Pharaon, à cause du symbolisme des sept vaches
grasses et des
sept vaches maigres.
Ils avaient beaucoup de statues de dieux
certaines étaient comme
des enfants langés, d'autres lovées comme des
serpents :
parmi celles-ci il y en avait qui pouvaient être
étirées ou raccourcies
Beaucoup de ces effigies d'idoles
étaient ornées de plastrons (d'or) sur lesquels
on
gravait de façon remarquable les plans des
villes et les cours
du Nil. Ces plastrons étaient confectionnés
d'après les images que les prêtres idolâtres, du
haut de leurs tours, découvraient dans les
étoiles : ils
faisaient construire villes et canaux en
fonction de ces images. C'est
ainsi que fut bâtie Memphis-la-Neuve.
Les mauvais
esprits devaient
avoir à cette époque une
autre puissance, bien plus matérielle car j'ai
vu la magie
égyptienne procéder surtout de la terre et de
ses
profondeurs
Lorsqu'un
prêtre d'idoles
exerçait ses
pouvoirs maléfiques, je voyais de tous côtés
d'épouvantables figures d'animaux surgir du
sol autour du
magicien et entrer dans sa bouche comme un
filet de vapeur
noirâtre
Il en était alors enivré et avait des
visions. Mais c'était comme si, en même temps
que chacun
de ces esprits qui faisait intrusion en lui, un
monde secret entrait
également en lui et il voyait alors des choses
proches et
éloignées, les profondeurs de la terre, des pays
et leurs
peuples, des faits secrets, cachés, c'est-à-dire
tout ce
que chaque esprit gouvernait.
Par la suite, la magie me parut toujours
plus sous l'influence des esprits aériens : ce
que les magiciens
croyaient alors grâce à ces démons ressemblait
à des illusions, à des hallucinations provoquées
par ces mêmes esprits. Je pouvais apercevoir ces
esprits en
arrière de ces visions, ils étaient comme des
ombres
entrevues derrière un rideau.
Lorsque les prêtres idolâtres égyptiens
voulaient
lire dans les étoiles, ils se préparaient par le
jeûne et des purifications, se recouvraient la
tête de
cendres et revêtaient des sacs.
Pendant qu'ils observaient le
ciel, du haut de leurs tours, on offrait des
sacrifices. Les
païens de cette époque avaient une connaissance
complètement déviée des mystères de la
religion du vrai Dieu, qui avaient été transmis
par Seth,
Noé, Henoch et les patriarches au peuple élu
c'est pour
cela qu'il y avait toutes sortes d'horreurs dans
leurs cultes
idolâtres par ces horreurs, comme plus tard par
les
hérésies' le diable travaillait contre la
Révélation de Dieu aux hommes, Révélation
qui s'était gardée dans sa pureté et sa rigueur.
C'est à cause de cela que Dieu entoura de feu le
mystère
de l'Arche d'Alliance, afin de la préserver.
Je vis qu'au
temps de Joseph les
femmes égyptiennes
étaient encore vêtues comme Sémiramis.
Jacob,
lorsqu'il rejoignit Joseph en Egypte, prit un
chemin que devait
emprunter plus tard Moïse pour aller vers la
Terre Promise.
Il avait su qu'il reverrait Joseph, et ceci lui
pesait sur le coeur.
déjà lorsqu'il s'était rendu en
Mésopotamie, il avait eu une vision sur ses
futurs fils,
là où il dressa une pierre, et non à
l'endroit où il vit l'échelle des anges il avait
vu
que l'un de ses fils s'enfonçait dans la région
où
Joseph fut vendu et reparaissait comme une
brillante étoile plus
au Sud. C'est pour cela qu'il dit, lorsqu'on lui
présenta la
tunique tachée de sang : "je veux pleurer Joseph
jusqu'à
ce que je le retrouve ", car le souvenir de
cette vision,
complètement oubliée, lui revint alors.
Jacob avait d'abord cherché à savoir par Ruben
qui
était l'épouse de Joseph, mais n'avait pas
immédiatement révélé à Joseph
qu'elle était sa nièce.
Il se lia d'amitié avec
Putiphar et celui-ci, après de longues relations
d'estime, se
fit circoncire et servit le Dieu de Jacob.
Jacob vivait à une journée de marche environ de
la maison
de Joseph, et lorsqu'il fut malade, son fils se
rendit chez lui. Jacob
interrogea alors beaucoup Joseph au sujet
d'Aseneth et, ayant appris
l'existence du signe que celle-ci portait sous
la poitrine, il dit
à Joseph : "C'est la chair de ta chair, ce sont
les os de tes
os. ", et lui révéla l'identité d'Aseneth.
Joseph
en fut si bouleversé qu'il en tomba évanoui, et,
lorsqu'il revint chez lui, il en parla à son
épouse :
tous deux pleurèrent alors ensemble, de
reconnaissance.
Par la suite, Jacob fut encore plus malade, et
Joseph se rendit de
nouveau auprès de lui. Jacob étendit ses jambes
en dehors
de la couche, et Joseph dut poser sa main sous
la hanche de son
père et lui jurer de l'inhumer à Canaan.
Après ce
serment, Jacob accorda sa bénédiction à Joseph.
Il
savait que Joseph avait reçu la bénédiction de
l'ange, celui-là même qui s'était
avancé contre lui Joseph garda cette bénédiction
dans son côté droit jusqu'à sa mort. La
bénédiction demeura également dans son cadavre,
jusqu'au moment où elle fut recueillie par Moïse
dans la
nuit de l'Exode et déposée avec les reliques de
Joseph
dans l'Arche d'Alliance, comme dépôt sacré du
Peuple Elu.
C'est trois mois après cette visite que mourut
Jacob.
Après sa mort, on publia un panégyrique dans
lequel on le
louait beaucoup avec amour. Aseneth
rendit Joseph père de
Manassé et d'Ephraïm, tout d'abord,
puis en tout de dix-huit enfants parmi lesquels
plusieurs jumeaux.
Elle mourut
trois
ans avant Joseph et fut embaumée par
des femmes juives.
Tant que
Joseph vécut, le corps d'Aseneth demeura dans le
monument
funéraire qu'il avait fait élever pour elle et
lui,
Mais les Anciens du peuple avaient cependant
recueilli un peu de ses
entrailles, qui étaient conservées dans un
récipient d'or Comme les Egyptiens convoitaient
également
ces restes sacrés, on les confia aux
sages-femmes d'Israël,
et l'une d'entre elles les cacha dans un
cylindre enduit de poix, au
milieu des roseaux prés du canal Dans la nuit de
l'exode, une
nourrice de la tribu d'Asser révéla ce secret à
Moise. Elle se nommait Sara.
La mort de
Joseph
A sa mort, Joseph fut embaumé par les juifs en
présence
des Egyptiens, et on réunit les momies de Joseph
et d'Aseneth,
conformément aux révélations qu'avait faites
Aseneth à partir de ses visions, dont le récit
avait
été légué aux juifs.
Les prêtres
égyptiens et les astrologues, qui
avaient placé Joseph et
Aseneth parmi leurs divinités,
connaissaient
également
ces révélations et avaient une intuition de la
profonde
signification que revêtait pour Israël la
bénédiction de Joseph et d'Aseneth aussi
cherchèrent-ils à ravir cette bénédiction
à Israël pour l'accaparer.
C'est à cause de cela que
les Israélites, qui s'étaient étonnamment
multipliés après la mort de Joseph, furent si
rudement
persécutés par Pharaon
Les Egyptiens savaient
également qu'Israël ne quitterait jamais leur pays
sans les
ossements de Joseph aussi dérobèrent-ils à maintes
reprises la momie de Joseph, et ils finirent par
la garder en leur
possession.
L'ensemble du Peuple juif connaissait seulement
l'existence
des restes de Joseph, sans savoir le mystère
qu'ils renfermaient
: ce mystère était presque généralement
ignoré.
Mais tout le Peuple tomba dans une grande
consternation
quand on fit savoir aux Anciens que le dépôt
sacré,
auquel était liée la Promesse, avait été
dérobé.
Moïse
Moïse, qui
avait
été élevé à la
cour de Pharaon et connaissait toute la sagesse
égyptienne,
visita son Peuple et connut le motif de son
abattement Lorsqu'il tua
l'Egyptien, Dieu le conduisit vers Jethro dans sa
fuite, car
celui-ci, par son mariage avec la sibylle Segola,
pouvait lui
être d'un grand secours pour la découverte des
reliques
volées.
Moïse avait, sur l'ordre de Dieu, épousé Sephora
20,
afin de réunir cette tribu à Israël. Segola
était la fille naturelle de Pharaon et d'une femme
juive, et,
très versée dans l'astrologie égyptienne, elle
avait beaucoup fait pour les juifs.
19. Prêtre
de Midian
(Madiân), beau-père de
Moïse. Ex. 2, 16 sq.
20. Sephora
ou Cippora,
fille de Reuel ou Jethro, prêtre de
Madiân, épouse de Moïse, cf. Ex. 2, 21 3, 1 4,
25 18,
1-2.
Elle fut la première qui découvrit que Moise, bien
qu'il
fût élevé à la cour, n'était pas le
fils de Pharaon. Après la mort de son épouse,
Aaron
devait à son tour épouser une fille de cette
Segola' afin
que l'union de la mère avec Israël fût plus
étroite.
Les enfants de ce couple partirent avec les
Israélites mais Aaron dut par la suite se séparer
de
cette femme, afin que la race sacerdotale juive
fût issue d'une
souche juive parfaitement pure.
La fille de Segola,
répudiée par Aaron, se remaria, et sa descendance
habitait à Abila, au temps de Jésus c'est dans
cette
ville que la momie de cette femme fut conservée
par ses
descendants.
Segola était très éclairée et avait
beaucoup de crédit auprès de Pharaon elle avait au
front
un bombement comme en avaient souvent dans
l'Antiquité les gens
doués de prophétie. Elle était poussée par
l'Esprit à accorder beaucoup de concessions et de
présents.
Dans la nuit où l'Ange du Seigneur frappa les
premiers-nés d'Egypte, Segola,
je visage voilé, alla avec
Moise, Aaron et trois autres Israélites vers deux
collines
funéraires séparées par un canal mais
reliées par un pont.
Le canal se jetait dans le Nil entre Gosen
et Memphis L'entrée du monument funéraire
s'ouvrait sous
le pont, au-dessous du niveau de l'eau un escalier
y menait, à
partir du pont. Segola descendit, accompagnée
seulement de
Moïse, et jeta dans l'eau un billet sur lequel
était
inscrit le nom de Dieu.
Alors l'eau se retira et découvrit l'entrée du
monument.
Ils frappèrent sur la pierre qui murait l'accès,
et
celle-ci s'écarta de l'intérieur. Alors ils
appelèrent les autres. Moïse
leur lia alors les mains avec
son étole et leur fit jurer de garder le secret.
Après le
serment, il leur libéra les mains. Tous
s'enfoncèrent
alors dans le monument funéraire, portant des
lumières
devant eux On voyait partout des voétes et des
effigies de
défunts.
Le corps de
Joseph et les restes
d'Aseneth, qui avaient
été rassemblés, gisaient dans un sarcophage
égyptien en forme de taureau.
le sarcophage était en
métal et brillait comme de l'or poli Ils
soulevèrent le
des, c'est-à-dire le couvercle Moïse prit le
mystère, le sortant du corps évidé de Joseph,
l'enveloppa de linges et le tendit à Segola, qui
le porta devant
elle, roulé dans son voile. Les ossements furent
déposés sur une pierre, disposés dans des linges
et emportés par les hommes.
Maintenant qu'ils
avaient
récupéré le dépôt sacré,
Israël pouvait quitter le pays. Segola pleurait,
Israël
était saisi d'une allégresse indicible.
Moïse enchâssa dans la pointe de son bâton, qui
était une branche de néflier jaunâtre
entourée de feuilles. une relique du corps de
Joseph.
Ce
bâton était différent de la houlette de berger que
Moïse dut jeter à terre devant Dieu. où il se
transforma en serpent. C'était un bâton creux,
dont on
pouvait détacher les deux extrémités avec le bout
inférieur, qui me sembla être de métal, avec une
forme aiguë en pointe, Moïse frappa le rocher,
comme s'il y
inscrivait des mots. Le rocher s'ouvrit sous la
pointe, et de l'eau en
jaillit. Et partout où Moïse traçait des
caracèes sur le sable. avec la pointe de ce bâton,
de
l'eau s'écoulait.
L'extrémité supérieure de cette verge creuse avait
la forme d'un bouton de néflier elle pouvait
également
être détachée.
C'est devant elle que la Mer Rouge
se divisa.
De la mort de Joseph à l'Exode s'écoulera
environ cent soixante dix ans, selon
notre façon de
compter.
Mais les hommes avaient alors une autre façon de
mesurer le
temps, avec des mois et des années différents.
Cela m'a
été souvent expliqué : mais seule je ne puis le
répéter. Aussi longtemps que les Israélites furent
en Egypte, ils n'eurent d'autre temple que des
tentes. Ils dressaient
des pierres, les arrosaient d'huile, sacrifiaient
des
céréales et des agneaux, chantaient et priaient.
Chapitre suivant l'Arche d'Alliance
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