Parabole de l’intendant fidèle
avisé
"Mais écoutez une parabole
et vous verrez que les riches aussi peuvent se
sauver tout en étant riches"
Extrait des visions
de Maria
Valtorta
"l'Evangile
tel
qu'il m'a été révélé" - 5.71.Esséniens et
pharisiens. tome 5 - page 514-520
Oh! laisse-les
faire. Le Verbe est pour tous !" dit Jésus en
souriant à son Pierre, en faisant allusion aux
esséniens. Puis il commence à parler.
"Ce serait beau si l'homme était parfait comme
le veut le Père des Cieux. Parfait dans toutes ses
pensées, ses affections, ses actes. Mais l'homme ne sait
pas être parfait et il use mal des dons de Dieu
qui a donné à l'homme la liberté d'agir, en
lui commandant pourtant les choses bonnes, en lui
conseillant les parfaites pour que l'homme ne puisse
pas dire : "Je ne savais pas".
Comment l'homme
use-t-il de la liberté que Dieu lui a donnée ?
Comme pourrait en user un enfant pour la plus grande
partie de l'humanité, ou comme un sot, ou comme un
criminel pour le reste de l'humanité. Mais ensuite
vient la mort et l'homme est soumis au Juge qui lui
demandera sévèrement : "Comment as-tu usé et abusé
de ce que Je t'avais donné ?". Terrible question !
Comment alors paraîtront moins que des fétus de
paille les biens de la Terre pour lesquels si
souvent l'homme se rend pécheur ! Pauvre d'une
indigence éternelle, dépouillé d'un vêtement que
rien ne peut remplacer, il restera humilié et
tremblant devant la Majesté du Seigneur, et il ne
trouvera pas de mot pour se justifier. Sur la Terre,
en effet, il est facile de se justifier en trompant
les pauvres hommes mais, au Ciel, il est impossible
de tromper Dieu. Jamais. Et Dieu ne s'abaisse pas à
des compromis. Jamais.
Comment alors se
sauver ? Comment faire servir au salut
tout, même ce qui est venu de la Corruption qui a
enseigné les métaux précieux et les gemmes comme
instruments de la richesse, qui a allumé les désirs
de puissance et les appétits charnels ? Est-ce que
l'homme ne pourra pas lui qui, si pauvre qu'il soit
peut toujours pécher en désirant immodérément l'or, les honneurs
et les femmes — et alors il devient voleur
pour avoir ce que le riche possédait — l'homme riche ou pauvre
ne pourra-t-il jamais se sauver ? Si, il le
peut. Et comment ? En faisant servir les
richesses au Bien, en faisant servir la
misère au Bien.
Le pauvre qui
n'envie pas, qui ne fait pas d'imprécations, qui ne
porte pas atteinte à ce qui appartient à autrui,
mais se contente de ce qu'il a, fait servir son
humble état à l'obtention de sa sainteté future et,
en vérité, la majorité des pauvres sait agir ainsi.
Moins savent le
faire les riches, pour lesquels la richesse est un
piège continuel de Satan, de la triple
concupiscence.
Mais écoutez une parabole et
vous verrez que les riches aussi peuvent se
sauver tout en étant riches, ou réparer leurs
erreurs passées en usant bien des richesses même
si elles ont été mal acquises. Car Dieu,
le Très Bon, laisse toujours de nombreux moyens à
ses fils pour qu'ils se sauvent.
-----------------
début de la parabole ----------------
Il y avait donc
un riche qui avait un intendant. Certains qui
étaient ses ennemis parce qu'ils enviaient sa bonne
situation, ou bien très amis du riche et par
conséquent soucieux de son bien-être, accusèrent
l'intendant devant son maître. "Il dissipe tes
biens, ou bien il se les approprie, ou bien il
néglige de les faire fructifier. Fais attention !
Défends-toi !"
Le riche, après avoir entendu ces accusations
répétées, commanda à l'intendant de comparaître
devant lui. Et il lui dit : "On m'a dit de toi telle
et telle chose. Pourquoi donc as-tu agi de cette
façon ? Rends-moi compte de ta gestion, car je ne te
permets plus de t'en occuper. Je ne puis me fier à
toi et je ne puis donner un exemple d'injustice et
de laisser faire qui encouragerait les autres
serviteurs à agir comme tu as agi. Va et reviens
demain avec toutes les écritures, pour que je les
examine afin de me rendre compte de l'état de mes
biens avant de les confier à un nouvel intendant".
Et il renvoya
l'intendant qui s'en alla préoccupé se disant en
lui-même : "Et
maintenant ? Comment vais-je faire maintenant que
le maître m'enlève l'intendance ? Je n'ai
pas d'économies parce que, persuadé comme je l'étais
de l'échapper belle, je dépensais tout ce que je
prenais. M'embaucher comme paysan sous un maître,
cela ne me va pas car je ne suis plus habitué au
travail et alourdi par la bonne chère. Demander
l'aumône, cela me va encore moins. C'est trop
humiliant ! Que faire ?"
En réfléchissant longuement, il trouva un moyen de
sortir de sa pénible situation. Il dit !
"J'ai trouvé ! De la même façon que je me suis
assuré jusqu'à présent une existence confortable,
désormais je vais m'assurer des amis qui me
reçoivent par reconnaissance lorsque je n'aurai
plus l'intendance. Celui qui rend service a toujours des
amis. Allons donc rendre service pour que l'on
me rende service, et allons-y de suite avant que
la nouvelle se répande et qu'il soit trop tard".
Il alla chez plusieurs débiteurs de son maître, et
il dit au premier : "Combien dois-tu à mon maître
pour la somme qu'il t'a prêtée au printemps il y a
trois ans ?"
Et l'autre répondit : "Cent barils d'huile pour la
somme et les intérêts".
"Oh ! mon pauvre ! Toi, avec tant d'enfants, toi,
avec des enfants malades, devoir tant donner ?! Mais
ne t'a-t-il pas donné pour une valeur de trente
barils ?"
"Si. Mais j'étais dans un besoin pressant, et lui me
dit: 'Je te le donne, mais à condition que tu me
donnes ce que la somme te rapportera en trois ans'.
Elle m'a rapporté une valeur de cent barils, et je
dois les donner".
"Mais c'est un usurier ! Non. Non. Lui est riche et
tu as à peine de quoi manger. Lui a peu de famille,
et toi une famille si nombreuse. Écris que cela t'a
rapporté cinquante barils et n'y pense plus. Je
jurerai que c'est vrai, et tu en profiteras".
"Mais tu ne me trahiras pas ? S'il vient à savoir ?"
"Penses-tu ? Je suis l'intendant et ce que je jure
est sacré. Fais comme je te dis, et sois heureux".
L'homme écrivit, signa et il dit : "Sois béni ! Mon
ami et mon sauveur ! Comment t'en récompenser ?"
"Mais en aucune façon ! Mais si à cause de toi je
devais souffrir et être chassé tu m'accueillerais
par reconnaissance".
"Mais bien sûr ! Bien sûr ! Tu peux y compter".
L'intendant alla trouver un autre débiteur auquel il
tint à peu près le même discours. Celui-ci devait
rendre cent boisseaux de grain car pendant trois
années la sécheresse avait détruit ses récoltes et
il avait dû emprunter au riche pour nourrir sa
famille.
"Mais tu n'y penses pas : doubler ce qu'il t'a donné
! Refuser le blé ! Exiger le double de quelqu'un qui
a faim et a des enfants, alors que les vers
attaquent ses réserves trop abondantes ! Ecris
quatre-vingts".
"Mais s'il se souvient qu'il m'en a donné vingt et
puis vingt et puis dix ?"
"Mais que veux-tu qu'il se rappelle ? C'est moi qui
te les ai donnés, et moi je ne veux pas m'en
souvenir. Fais, fais ainsi et tire-toi d'affaire. Il
faut de la justice entre pauvres et riches ! Pour
moi, si j'étais le patron, je n'en réclamerais que
cinquante, et peut-être même, je t'en ferais
cadeau".
"Tu es bon. Si tout
le monde était comme toi! Souviens-toi que ma
maison est pour toi une maison amie".
L'intendant alla chez les autres avec la même
méthode, se déclarant prêt à souffrir pour remettre
les choses en place avec justice. Et promesses
d'aides et de bénédictions plurent sur lui. Rassuré
pour l'avenir, il s'en alla tranquillement trouver
le maître qui, de son côté, avait filé l'intendant
et découvert son jeu. Il le loua pourtant en disant
: "Ta manière
d'agir n'est pas bonne et je ne l'approuve pas.
Mais je loue ton adresse. En vérité, en vérité, les enfants du
siècle sont plus avisés que ceux de la Lumière".
----------------- fin de la parabole
----------------
Et ce que disait le riche, Moi aussi, je vous le dis
: "La fraude n'est pas belle, et pour elle je
ne louerai jamais personne. Mais je vous exhorte à
être au moins comme les enfants du siècle, avisés
avec les moyens du siècle, pour les faire servir de
monnaie pour entrer dans le Royaume de la Lumière".
C'est-à-dire, avec les richesses terrestres,
moyens injustement répartis et employés pour
acquérir un bien-être passager, sans valeur dans
le Royaume éternel, faites-vous-en des amis qui
vous en ouvriront les portes. Faites du bien avec les
moyens dont vous disposez, restituez ce que vous
ou d'autres de votre famille, ont pris indûment,
détachez-vous de l'affection maladive et coupable
pour les richesses. Et toutes ces choses seront
comme des amis qui à l'heure de la mort vous
ouvriront les portes éternelles et vous recevront
dans les demeures bienheureuses.
Comment pouvez-vous exiger que Dieu vous
donne ses biens paradisiaques, s'il voit que vous
ne savez pas faire bon usage même des biens
terrestres ? Voulez-vous, supposition
impossible, qu'il admette dans la Jérusalem céleste
des éléments dissipateurs ? Non, jamais. Là-haut on
vivra dans la charité et la générosité et la
justice. Tous pour Un et tous pour tous. La Communion des Saints
est une société active et honnête, c'est une
société sainte. Et il n'y a personne qui puisse y
entrer, s'il s'est montré injuste et infidèle.
Ne dites pas : "Là-haut nous serons fidèles et
justes car là-haut nous aurons tout sans crainte
d'aucune sorte". Non. Qui est infidèle dans les
petites choses serait infidèle même s'il possédait
le Tout et qui est injuste dans les petites choses
est injuste dans les grandes. Dieu ne confie pas les
vraies richesses à celui qui dans l'épreuve
terrestre montre qu'il ne sait pas user des
richesses terrestres. Comment Dieu
pourrait-Il vous confier un jour au Ciel la
mission de soutenir vos frères sur la Terre quand
vous avez montré que vous ne savez que soutirer et
frauder ou conserver avidement ? Il vous
refusera donc votre trésor, celui qu'il vous avait
réservé, pour le donner à ceux qui ont su être
avisés sur la Terre, en faisant servir à des œuvres
justes et saines ce qui est injuste et malsain.
Personne ne peut
servir deux maîtres. Car il appartiendra à l'un ou
à l'autre, ou bien il haïra l'un ou l'autre. Les
deux maîtres que l'homme peut choisir sont Dieu ou
Mammon. Mais si vous voulez appartenir au premier,
vous ne pouvez revêtir les uniformes, écoutez la
voix, employer les moyens du second.
Une voix s'élève du groupe des
esséniens :
L'esséniens : "L'homme
n'est pas libre de choisir. Il est contraint de suivre sa destinée. Nous
ne disons pas qu'elle soit distribuée sans sagesse.
Au contraire la Pensée parfaite a établi, pour un
dessein parfait qu'elle a fixé, le nombre de ceux
qui seront dignes des Cieux. C'est inutilement que
les autres s'efforceront d'y arriver. C'est
ainsi. Cela ne peut être autrement. Quelqu'un qui
sort de sa maison peut trouver la mort à cause d'une
pierre qui se détache de la corniche, alors qu'un
autre au plus fort d'une bataille peut s'en tirer
sans la plus petite blessure, de la même façon,
celui qui veut se sauver, alors que cela n'est pas
écrit, ne fera que pécher même sans le savoir parce
que sa damnation est marquée."
Jésus
:"Non,
homme. Il
n'en est pas ainsi, détrompe-toi. En
pensant ainsi, tu fais une grave injure au
Seigneur."
"Pourquoi ? Montre-le-moi et je me raviserai."
Jésus
:"Parce
que toi, en disant cela, tu admets mentalement que
Dieu est injuste envers ses créatures. Il les a
créées de la même façon et avec un même amour. Lui
est Père. Parfait en sa paternité comme en toute
autre chose. Comment alors peut-Il faire des
différences, et quand un homme est conçu le
maudire alors qu'il n'est qu'un innocent embryon ?
Dès ce moment où il est incapable de pécher?"
"Pour avoir une revanche de l'offense qu'il a reçue
de l'homme."
Jésus :
"Non. Dieu ne se revanche pas ainsi ! Il ne se
contenterait pas d'un misérable sacrifice tel que
celui-là, d'un sacrifice injuste, imposé. L'offense
faite à Dieu ne peut être enlevée que par Dieu fait
Homme. C'est Lui qui expiera, non pas tel ou tel
homme. Oh ! s'il avait été possible que je n'eusse à
enlever que la faute d'origine ! Si la Terre n'avait
pas eu de Caïn, pas de Lamech, pas de sodomite
corrompu, pas d'homicide, de voleur, de fornicateur,
d'adultère, de blasphémateur, pas d'enfants sans
amour pour leurs parents, pas de parjures, et cætera
! Mais de chacun de ces péchés ce n'est pas Dieu qui
en est l'auteur, mais l'homme qui en est coupable.
Dieu a laissé à ses fils la liberté de choisir le
Bien ou le Mal."
"Il n'a pas bien
agi" crie un scribe. "Il nous a tentés au-delà de
nos forces. Nous sachant faibles, ignorants,
empoisonnés, Il nous a exposé à la tentation.
C'est de l'imprudence ou de la méchanceté. Toi,
qui es juste, tu dois convenir que je dis une
vérité."
Jésus
: "Tu dis un mensonge pour me
tenter. Dieu avait donné à Adam et à Ève tous les
conseils, et à quoi ont-ils servi ?"
"Il a mal agi alors aussi. Il ne devait pas mettre
l'arbre, la tentation, dans le Jardin."
Jésus
: "Et alors où serait le
mérite de l'homme ?"
«Il s'en passait. Il vivait sans mérite personnel et
par le seul mérite de Dieu."
"Eux veulent te tenter, Maître. Laisse ces serpents,
et écoute-nous, nous qui vivons dans la continence
et la méditation" crie de nouveau l'essénien.
Jésus
: "Oui, vous y vivez, mais mal.
Pourquoi ne pas y vivre saintement ?"
L'essénien ne répond pas à cette question, mais il
demande : "De même que tu m'as donné une raison
valable sur le libre arbitre, et moi je la méditerai
sans préventions, en espérant pouvoir l'accepter,
dis-moi maintenant. Crois-tu réellement à une
résurrection de la chair et à une vie des esprits
qu'elle viendra compléter ?"
Jésus
: "Et tu veux que Dieu mette fin
ainsi à la vie de l'homme ?"
"Mais l'âme... puisque la récompense la rendra
bienheureuse, à quoi sert de faire ressusciter la
matière ? Cela augmentera-t-il la joie des saints ?"
"Rien n'augmentera
la joie qu'un saint aura quand il possédera Dieu.
Ou plutôt une seule chose l'augmentera le Dernier
Jour : celle de savoir que le péché n'existe plus.
Mais ne te paraît-il pas juste que, comme en ce jour
chair et âme ont été unies dans la lutte pour
posséder le Ciel, qu'au Jour de l'éternité chair et
âme soient unies pour jouir de la récompense ? N'en
es-tu pas persuadé ? Et alors pourquoi vis-tu dans
la continence et la méditation ?"
"Pour... pour être
davantage homme, seigneur au-dessus des autres
animaux qui obéissent irrésistiblement à leurs
désirs, et pour être supérieur à la plus grande
partie des hommes qui sont barbouillés
d'animalité, même s'ils étalent des phylactères et
des franges, et des houppettes et de larges
vêtements et s'ils se disent des "séparés"
Anathème ! Les pharisiens ont reçu de plein fouet la
flèche qui provoque dans la foule des murmures
admiratifs. Ils se contorsionnent et crient comme
des possédés. "Il nous insulte, Maître ! Tu connais
notre sainteté. Défends-nous" crient-ils en
gesticulant.
Jésus répond :
"Lui aussi connaît votre hypocrisie. Les vêtements
n'ont rien à voir avec la sainteté. Méritez d'être
loués et je pourrai parler. Mais à toi, essénien,
je te réponds que tu te sacrifies pour trop peu de
chose. Pourquoi ? Pour qui ? Pour combien
de temps ? Pour une louange humaine. Pour un corps
mortel. Pour un temps rapide comme le vol d'un
faucon. Élève ton sacrifice. Crois au Dieu vrai, à
la bienheureuse résurrection, à la volonté libre de
l'homme. Vis en ascète, mais pour ces raisons
surnaturelles. Et avec ta chair ressuscitée. tu
jouiras de l'éternelle joie."
"C'est trop tard !
Je suis vieux ! J'ai peut-être gâché ma vie en
restant dans une secte erronée... C'est fini !..."
Jésus
: "Non. Ce n'est jamais fini pour
celui qui veut le bien ! Écoutez, ô vous pécheurs, ô
vous qui êtes dans l'erreur, ô vous, quel que soit
votre passé. Repentez-vous. Venez à la Miséricorde.
Elle vous ouvre les bras. Elle vous montre le
chemin. Je suis la source pure, la source de vie.
Rejetez les choses qui vous ont dévoyés jusqu'ici !
Venez nus au bain. Revêtez-vous de lumière. Naissez
de nouveau.
Vous avez dérobé, comme
des voleurs sur les routes, ou en grands seigneurs
astucieusement dans les commerces et les
administrations ? Venez. Vous avez eu des vices ou
des passions impures ?
Venez. Vous avez été oppresseurs ? Venez.
Venez. Repentez-vous. Venez à l'amour et à la paix.
Oh ! mais permettez à l'amour de Dieu de se déverser
sur vous. Soulagez-le cet amour angoissé par votre
résistance, votre peur, vos hésitations. Moi, je
vous en prie, au nom de mon Père et du vôtre. Venez
à la Vie et à la Vérité et vous aurez la vie
éternelle."
Un homme crie du milieu de la foule : "Moi, je suis riche et
pécheur. Que dois-je faire pour venir ?"
"Renonce à tout pour l'amour de Dieu et de ton âme."
Les pharisiens murmurent contre Jésus et le
méprisent comme "marchand d'illusions et
d'hérésies", comme "pécheur qui feint d'être saint",
et ils Lui font remarquer que les hérétiques sont
toujours des hérétiques, et que tels sont les
esséniens. Ils disent que les conversions subites ne
sont qu'exaltation temporaire et que l'impur sera
toujours tel; le voleur, voleur; l'homicide,
homicide; et ils terminent en disant qu'eux seuls,
qui vivent dans une sainteté parfaite, ont droit au
Ciel et à la prédication.
(...)
L'essénien suite
Les gens
s'éloignent lentement soit à cause de l'étroitesse
du sentier, soit à cause de l'attirance de Jésus.
Mais ils s'en vont...
Il reste les apôtres avec Jésus, et tout en parlant,
ils se mettent en route. Ils cherchent de l'ombre en
cheminant près d'un petit bosquet de tamaris
ébouriffés. Mais
dedans il y a un essénien. C'est celui qui a parlé
avec Jésus. Il est en train de quitter ses
vêtements blancs.
Pierre, qui est en avant, reste stupéfait en voyant
que l'homme ne garde que ses culottes courtes. Il
revient en arrière en courant et il dit : "Maître !
Un fou ! Celui qui parlait avec Toi, l'essénien. Il
s'est mis nu, il pleure et soupire. Nous ne pouvons
aller là."
Mais l'homme maigre, barbu, qui n'a gardé que ses
culottes courtes et ses sandales, sort déjà du
bosquet et vient vers Jésus en pleurant et en se
frappant la poitrine. Il se prosterne : "Moi, je suis miraculé
du cœur. Tu m'as guéri l'esprit. J'obéis à ta
parole. Je me revêts de lumière en quittant toute
autre pensée qui me revêtait d'erreur. Je me
sépare pour méditer le Dieu vrai, pour obtenir vie
et résurrection. Cela suffit-il ? Donne-moi un
nouveau nom et indique-moi un endroit où je vivrai
de Toi et de tes paroles."
"Il est fou ! Nous ne saurions y vivre, nous qui en
entendons tant ! Et lui... pour un seul discours..."
disent entre eux les apôtres.
Mais l'homme qui les entend, dit : "Et vous voulez
mettre des bornes à Dieu ? Lui m'a brisé le cœur
pour me donner un esprit libre. Seigneur !..." et il
supplie en tendant les bras vers Jésus.
"Oui. Appelle-toi Elie et sois feu. Cette montagne est
remplie de cavernes. Vas-y et quand tu sentiras la
terre secouée par un terrible tremblement, sors et
cherche les serviteurs du Seigneur pour t'unir à
eux. Tu seras revenu à la vie pour être serviteur
toi aussi. Va."
L'homme Lui baise les pieds, se lève et s'en va.
"Mais il s'en va nu ?" demandent-ils stupéfaits.
Jésus
: "Donnez-lui un manteau, un
couteau, une mèche, un briquet et un pain. Il
cheminera aujourd'hui et demain et puis, où nous
avons séjourné, il se retirera pour prier, et Dieu pourvoira aux
besoins de son fils."
André et Jean partent en courant et le rejoignent au
moment où il va disparaître à un détour.
Ils reviennent en disant : "Il les a pris. Nous lui
avons indiqué aussi l'endroit où nous étions. Quelle
proie imprévue, Seigneur !"
Jésus
: "Même sur les roches, Dieu fait
fleurir des fleurs. Même dans les déserts des cœurs,
II fait lever pour mon réconfort des esprits de
bonne volonté. Maintenant allons vers Jéricho. Nous
nous arrêterons dans quelque maison de campagne."
|