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Les sept péchés capitaux
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Marie Lataste (1822-1847) est une religieuse et une mystique française. Extrait de ses visions.

LIVRE DIXIÈME, chapitre 6

Le Sauveur Jésus m'a fait connaître aussi le nombre, la nature, les effets et les remèdes des vices capitaux qui peuvent entrer dans l’âme et la réduire en esclavage. On compte, ma fille, sept vices capitaux, c'est-à-dire sept vices, sources et origines de tous les autres vices. Ce sont : l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, l’envie, la colère et la paresse.

L’orgueil

L’orgueil est une exagération ou un désir immodéré de sa propre excellence et de ses propres mérites.

Il est permis à l'homme, ma fille, de s’aimer lui-même, d’estimer le bien que Dieu a mis en lui, l’intelligence, et tous les dons de la fortune, mais à condition qu'il reconnaîtra que tout lui vient de Dieu, qu'il n'a rien de lui-même, et que par conséquent il ne doit point regarder ce qui est bien en lui comme son œuvre ou comme son droit.

Il est même permis de désirer le bien en soi, de quelque nature que soit ce bien, pourvu qu'on le désire, non pour s’élever et se grandir, mais pour travailler à la gloire de Dieu.

Celui qui est orgueilleux sépare Dieu de tout ce qui est bien en lui-même; il ne lui rapporte pas toute chose comme à son principe, il rapporte tout à lui-même et s’en croit l’auteur et le maître. L’orgueilleux se complaît en tout ce qu'il voit en lui, dons de l’esprit, dons du cœur, dons de la fortune, au lieu de ne s’attacher à rien et de tout rapporter à Dieu.

L’orgueilleux n’écoute les avis de personne, pas même des personnes les plus sages et les plus avancées en âge; il ne veut point qu'on lui fasse connaître ses négligences, ou bien il se fâche et murmure contre celui qui l’avertit.

L’orgueilleux cherche en tout les premières places, se préférant a tout ce qu'il y a de plus élevé; il tourne en ridicule la simplicité des humbles, se soumet difficilement ou jamais, aime la contradiction, préfère une haute naissance à de bonnes mœurs, ne s’abaisse point à s’entretenir avec de plus jeunes que lui et dédaigne de se mêler parmi les vieillards, auxquels il croit être supérieur.

L’orgueilleux ne connaît point la discipline dans ses mœurs, la modestie dans sa parole, le respect dans son obéissance. Il est dur en son cœur, tenace dans sa volonté, plein de jactance dans ses discours; il est trompeur dans son humilité, mordant dans ses conversations, opiniâtre dans sa haine, ennemi de la soumission, désireux de la puissance, disposé à supplanter tout le monde, paresseux dans l’action et le travail; il veut tout savoir et sait très peu, toujours parler même de ce qu'il ne connaît point, tout entreprendre, et ignore de quelle manière il doit agir.

Enfin, l’orgueilleux croit ne faire que des actes de vertu, et s'il reconnaît ses péchés, il trouve toujours mille causes pour en diminuer la gravité ou lui servir d’excuse.

C’est ainsi, ma fille, que tous les défauts se trouvent dans l’orgueilleux. Voici quels sont les principaux engendrés par lui :
la vaine gloire, l’ambition, la présomption, l’opiniâtreté, l’esprit de contradiction, l’hypocrisie, le faste et la grandeur.

La vaine gloire est la complaisance extérieure et quelquefois secrète des avantages qu'on croit avoir sur les autres, et le désir d'être remarqué et loué par autrui. Est-il rien de plus vain que d’augmenter et d’élever le degré de ces avantages, et de les placer au dessus de ceux d’autrui? Est-il rien de plus vain que de chercher l’estime des hommes, fumée qui passe et que le moindre vent dissipe?

-- L’ambition est un désir immodéré du cœur qui fait désirer les dignités et les honneurs, à cause de la considération qui s'y trouve attachée
-- La présomption est cette confiance exagérée en soi-même qui fait qu'on se persuade être capable de ce qui dépasse ses forces.
-- L’opiniâtreté est l’attache irraisonnable et non raisonnée à son sentiment, qu'on croit supérieur à celui d’autrui.

-- L’esprit de contradiction est un mouvement du coeur qui porte à réfuter l’opinion d’un autre pour se montrer au dessus de lui par sa science et son esprit.

-- L’hypocrisie est l’accomplissement menteur et faux de certains actes de vertu pour s’attirer l’estime des hommes.

-- Le faste est l’emploi immodéré de la magnificence en toutes les nécessités de la vie : les habitations, les vêtements, la nourriture, afin d’obtenir une plus grande considération.
-- La grandeur est cette inclination qui porte à traiter le prochain avec empire, à lui parler avec fierté, à le regarder avec mépris.

Voilà l’orgueil et les vices qu'il fait naître dans l’âme. Vous devez comprendre par ces paroles combien l’orgueil est un vice commun. Comprenez aussi combien c'est un vice dangereux. C'est lui qui dissipe toutes les vertus, qui les coupe dans leurs racines; c'est lui qui entraîne ensuite à toutes sortes de désordres. L’orgueilleux est capable de tout; il tenterait même de s’élever réellement au dessus de Dieu, s’il le pouvait.

Aussi, de tous les péchés, le péché d’orgueil est celui que Dieu déteste le plus. Voyez comme Dieu a puni le péché des anges, qui était un péché d’orgueil; voyez comme il a puni le péché d’Adam, qui était un péché d’orgueil. Ainsi il punira sévèrement dans tous les hommes l’orgueil qui sera en eux. L’orgueilleux veut s’élever, mais Dieu l’abaissera jusqu'au plus profond des abîmes.

Fuyez, ma fille, ce vice affreux, pour demeurer toujours sous la protection de Dieu et à l’abri de la domination de Satan;
fuyez ce vice affreux, pour ne point donner entrée dans votre cœur à tous les crimes et pour y faire germer toutes les vertus.

Pour cela, ma fille, considérez que l’orgueil est la cause de tous les maux de l’humanité, et qu'il domine dans tous les péchés qu'on commet contre Dieu.

-- Considérez tout ce qui est en vous et ce qui est dans toutes les créatures. Qu’y trouverez-vous? néant et bassesse, et vous fuirez l’orgueil.
-- Considérez que Dieu réserve aux orgueilleux les flammes éternelles d'un feu vengeur dans la société des démons, et vous fuirez l’orgueil.

Éloignez de vous tout ce qui pourrait vous porter à l’orgueil; maîtrisez ce sentiment quand vous le sentez venir dans votre cœur.

Enfin, ma fille, ayez toujours sous les yeux l’exemple de mon humilité, ayez toujours dans l’esprit le souvenir des promesses qui sont faites aux humbles et des vengeances réservées aux orgueilleux; attachez-vous à Dieu de toute votre âme, recourez à lui à l'heure de la tentation, venez vous entretenir doucement avec moi, vous reposer dans mon coeur, et l’orgueil fuira loin de vous.

Voici comment vous pourrez connaître si l’orgueil est éloigné de vous et s'il n’habite point en votre cœur :

-- si vous rapportez toutes choses à Dieu,
-- si vous voulez lui soumettre tout ce qui est en vous et dans les autres créatures;
-- si vous aimez à être oubliée, méprisée et comptée pour rien;
-- si vous ne recherchez point les premières places, ni les honneurs, ni les dignités;
-- si vous reconnaissez qu'il n’y a en vous et par vous que péché et corruption, et que tout bien vous vient de Dieu;
-- si vous vous croyez indigne de tout bienfait de Dieu;
-- si vous supportez patiemment toute les épreuves et les contradictions de la vie;
-- si vous ne cherchez point à faire le bien pour être applaudie ou recevoir des louanges;
-- si vous rapportez à Dieu celles qu'on vous donne; si vous savez vous procurer quelques humiliations et n’en repousser aucune;
-- si vous ne vous flattez en rien;
-- si vous êtes toute de Dieu et tout à moi, ma fille, vous ne serez point orgueilleuse.


La gourmandise

LIVRE DIXIÈME, chapitre 7

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Un des vices les plus honteux, c'est la gourmandise.
La gourmandise est un désir et un usage immodéré des aliments nécessaires à la vie.


Il faut dans la nourriture de l'homme une règle qui fixe la quantité et l'heure de la nourriture, la manière de prendre sa nourriture et l’esprit avec lequel on doit la prendre.


Le défaut de cette règle, qui est la tempérance et la sobriété, constitue le vice de gourmandise, son désordre et sa malice. Cette règle ne peut pas être une pour tous les individus, parce que les uns doivent prendre une nourriture plus abondante et plus souvent répétée à cause de leur tempérament ou de leurs travaux, mais elle est une en ce sens qu'elle ne permet l’excès à personne.

Vous pouvez pécher par gourmandise, ma fille, de plusieurs manières.

-- Celui qui mange ou boit avec excès, et plus qu'il n’en a besoin pour réparer et soutenir ses forces, pèche par gourmandise, et son péché est d’autant plus grave que son excès est plus considérable.

-- Celui qui désire des mets rares, recherchés et dont la délicatesse puisse accommoder sa sensualité, celui qui désire que sa nourriture ait tous les assaisonnements les plus fins, celui-là pèche par gourmandise. On peut pourtant user, sans pécher, de ces aliments, par circonstance, pour être agréable à quelqu'un, mais non pour satisfaire son goût, et alors on a soin de se mortifier dans la quantité ou bien encore en laissant de côté ce qui plairait le plus à la sensualité.

-- Celui qui mange avec empressement, avec avidité; celui qui dévore déjà des yeux les mets qui sont sur la table avant qu'ils ne soient servis, celui-là pèche par gourmandise.

-- Celui qui, dans ses repas, n’emploie que des mets de grand prix, fait parer sa table de mets nombreux et variés, celui-là pèche par gourmandise.
-- Celui qui devance l'heure de ses repas sans nécessité, uniquement pour le plaisir de manger, celui-là pèche encore par gourmandise.

Quel vice honteux que celui de la gourmandise » C’est lui, ma fille, qui a chassé vos premiers parents du paradis terrestre, lui qui les a entraînés au péché, lui qui les a condamnés à la mort, car la mort est la peine du péché.

Pour éviter ce vice, considérez combien je vous ai donné l’exemple de la pénitence, de la sobriété, de l’abstinence, de la mortification. Considérez l’exemple que les saints vous ont aussi donné dans la fuite de ce vice, et combien en le fuyant ils ont acquis de vertus sérieuses et solides.

C’est la fuite de ce vice qui leur a permis de soupirer ardemment après la nourriture céleste de l’âme, qui les a attachés à moi, qui leur a fait goûter la suavité des relations avec moi, qui a purifié des mouvements désordonnés leur personne, qui a réduit leur corps en servitude pour conserver la liberté de l'âme, qui a maintenu en eux la force, la vigueur et le courage.

Que fait au contraire la gourmandise ? Elle fait oublier Dieu et fait perdre la raison; elle enlève à l'âme sa vigueur, parce qu'elle énerve le corps; elle lui fait perdre les pensées pieuses, les affections saintes vers Dieu, parce qu'elle excite la concupiscence, augmente la force de la chair et l’entraîne dans l’abîme du péché. Considérez combien ce plaisir est funeste et combien vite il a disparu; combien, par conséquent, il mérite peu que vous vous y attachiez.

Pour éviter ce vice, mettez-vous dans la ferme résolution de ne jamais rien prendre au-delà de ce qui vous sera nécessaire, de ne point aviser à la qualité des mets, de vous maîtriser même dans le moment où vous sentirez la faim, de ne point chercher à l’apaiser immédiatement, en un mot d’observer toutes les règles de la tempérance.

Vous les observerez, ma fille, si vous craignez d'être surprise par la gourmandise, si vous êtes dans l’intention de la combattre et si vous commencez vos repas avec cette ferme intention; si vous éloignez le plaisir du goût ou si vous ne vous y arrêtez point; si vous ne prenez jamais plus que le nécessaire, et si étant obligée quelquefois de manger davantage, vous le faites avec peine; enfin si vous êtes fidèle à offrir à Dieu votre nourriture et à le remercier après l’avoir prise. Agissez ainsi, ma fille, et jamais la gourmandise n’aura accès dans votre coeur.


La luxure

LIVRE DIXIÈME, chapitre 8

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La luxure est le vice qui excite en l'homme tous les mouvements désordonnés de la chair et lui fait accomplir les actes contraires à la pureté.

Celui qui s’arrête volontairement à des pensées déshonnêtes,
celui qui ne règle pas son regard et lui permet la vue d’objets indécents,
celui qui ne réprime pas en lui les mouvements coupables et se permet des actes défendus sur lui-même ou sur autrui,
celui qui ne met pas un frein à sa langue et lui fait proférer des discours mauvais,
celui qui ne s’observe pas dans ses relations et recherche la compagnie des personnes d'un sexe différent,
celui qui lit ou écrit des ouvrages immoraux, celui-là, ma fille, est la victime du vice de luxure.


Les nombreux châtiments que ce vice a attirés sur le monde, les tristes effets qu'il produit dans l'âme, l’injure qu'il fait à Dieu, doivent vous porter, ma fille, à le fuir et à le détester de tout votre cœur.

C’est ce vice qui a provoqué le déluge, c'est ce vice qui a causé la destruction de Sodome et de Gomorrhe, c'est ce vice que Dieu punissait d’une manière si terrible parmi le peuple juif, c'est ce vice dont mes apôtres recommandaient tant la fuite aux âmes chrétiennes, c'est ce vice qui dans tous les temps a peuplé l’enfer. Combien donc il faut le fuir et le détester pour n’avoir point de part aux malédictions de Dieu.


Ceux qui sont adonnés à ce vice, ma fille, sont rarement pénitents et rarement se convertissent à Dieu; c'est une lèpre affreuse qui les ronge et les dévore en secret; c'est une passion qui s’empare bientôt à ce point de celui en qui elle entre qu'elle le torture constamment et qu'elle ne peut jamais être assouvie; c'est une inclination qui l’abrutit et le rend plus vil que les animaux.

L’intelligence du luxurieux s’épaissit et finit par disparaître complètement; sa volonté devient impuissante et plus faible qu'un roseau agité par le vent, car le roseau tient ferme, et sa volonté est brisée; son corps s’épuise et devient un fonds de pourriture et de corruption. Combien donc il faut fuir ce vice pour ne pas en éprouver les tristes effets.


Parmi tous les motifs qui doivent vous porter à fuir ce vice, il n’en est pas de plus puissant que celui de l’immensité de l’injure qu'il fait à Dieu.

Qu’est-ce que l'homme, ma fille? C’est un être vivant et raisonnable, composé de corps et d’âme, et fait à l’image de Dieu. Que fait le luxurieux? Il souille cette image, il la détériore, il la couvre d’ignominie, il dit à Dieu : Je suis votre image, mais je vous méprise, et je traînerai dans la fange et la boue de mes passions cette image de vous-même si belle et si pure dont vous m’aviez donné la garde et le soin.

-- Que fait le luxurieux? Il résiste à la volonté de Dieu le Père qui veut que l'homme se sanctifie et repousse loin de lui toute impureté.
-- Que fait le luxurieux? Il m’outrage en rendant inutile le prix de la rançon que j’ai payée pour lui, il m’outrage en souillant une partie de mon corps mystique, il m’outrage en se séparant de moi et refusant l’alliance que j’ai voulu faire avec lui.
-- Que fait le luxurieux? Il fait injure au Saint-Esprit, qui a choisi son corps comme le temple où il veut habiter, il lui fait injure en repoussant sa grâce et ses dons; pour se livrer à Satan et à ses inspirations.

Pour fuir à jamais ce vice honteux, considérez toujours sa malice, abstenez-vous de tout acte qui pourrait devenir le commencement de ce vice; repoussez les premières pensées de luxure, comme un charbon ardent qui tomberait sur vos habits; ne leur donnez jamais entrée dans votre cœur; faites pénitence, mortifiez-vous, et surtout priez beaucoup. La prière et le jeûne sont les deux armes qui seules peuvent lutter avec avantage contre la luxure, elles l’éteignent et la font mourir.

Vous reconnaîtrez votre force contre ce vice, si vous souffrez avec peine et douleur les aiguillons de la chair, sans néanmoins vous laisser blesser par eux; si chaque jour vous les maîtrisez à ce point qu'ils deviennent de plus en plus faibles; si vous repoussez toutes les mauvaises pensées sans vous y arrêter volontairement; si vous aimez la chasteté comme la prunelle de vos yeux, et ne permettez jamais qu'elle reçoive aucune atteinte; enfin si vous êtes arrivée à ce point que vous préveniez la moindre chose opposée à la pureté.


L’avarice

LIVRE DIXIÈME, chapitre 9

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L’avarice, ma fille, est un amour déréglé des richesses.

Désirer les richesses ou les biens de ce monde pour s’en servir d’une manière convenable et selon les besoins de sa condition et de son état est une chose permise;
mais désirer les richesses uniquement pour les voir s’accroître et pour les posséder, désirer les richesses et se servir de toutes sortes de moyens injustes pour les augmenter, c'est un vice des plus coupables.

L’avare est le plus scélérat des hommes non-seulement il portera à son prochain toutes sortes de préjudices, mais encore il vendrait son âme pour de l’argent; aussi n'y aura-t-il point de place pour lui dans le ciel.

-- L’avare, en effet, n’aime point Dieu,
-- il n’aime point son prochain,
-- il ne s’aime point lui-même,
-- il n’aime que l’argent.

Il n’aime point Dieu, car je l’ai dit quand j’étais sur la terre, et je vous le répète, ma fille, nul ne peut servir deux maîtres à la fois, Dieu et l’argent. Il n’aime point le prochain, car il est disposé à accomplir, il accomplit même toutes sortes d’injustices vis-à-vis de lui pour accroître sa fortune. Il ne s’aime point lui-même; il n’aime point son corps puisqu'il lui refuse souvent ce qui lui serait nécessaire; il n’aime point son âme puisqu'il ne fait point de son argent l’usage qui seul pourrait augmenter ses trésors spirituels.

S’il n'a pas de charité, comment entrera-t-il dans le ciel ?
S'il n'a pas de charité, comment observera-t-il ses devoirs ?
S’il n’a pas de charité, quelle sera sa conduite envers Dieu ? Il le reniera, il l’abandonnera : quel vice donc que l’avarice, et combien il déplaît souverainement à Dieu.

L’avare ne laisse perdre aucune occasion d’augmenter son trésor. L’avare emploie tous les moyens pour accroître sa fortune, sans examiner leur justice ni leur injustice. L’avare vit d'une manière pauvre et misérable, non seulement pour conserver ce qu'il a, mais encore pour l’augmenter en excitant la pitié.

L’avare gémit sur le moindre malheur, sur la plus petite perte qu'il doit essuyer. Enfin, l’avare n’a qu'une pensée, la pensée de l’argent.

Pour fuir l’avarice, considérez, ma fille, les crimes nombreux dans lesquels elle entraîne; considérez comme elle sépare de Dieu, comme elle éloigne de la charité envers le prochain, comme elle vous porte préjudice à vous-même.
Considérez combien les biens de ce monde, les richesses passent vite, et quels petits accidents peuvent ravir les plus brillantes fortunes.

Considérez combien les richesses sont incapables de satisfaire les désirs de votre âme. La capacité de votre âme est immense, il lui faut Dieu pour la remplir.

Considérez enfin, ma fille, l’exemple que je vous ai donné pour le détachement et la pauvreté, et vous vous détacherez vous-même de tout pour ne chercher, ne désirer et n’aimer que Dieu.

-- Celui qui n'est pas avare, ma fille, partage volontiers ses biens avec les pauvres,
-- ne craint point de manquer du nécessaire,
-- se met peu en peine du lendemain,
-- n’occupe point continuellement son esprit d’or et d’argent,
-- ne commet point d’injustice vis-à-vis de ses frères,
-- espère en Dieu et s’abandonne à lui.


L’envie

LIVRE DIXIÈME, chapitre 10
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L’envie est une tristesse et une douleur conçues à la vue de la prospérité d’autrui.


Cette tristesse et cette douleur peuvent être produites par la crainte du mal que peut vous causer ou à votre famille ou à la société la puissance ou la prospérité de celui que vous considérez et qui est votre ennemi, celui de votre famille ou celui de la société à laquelle vous appartenez.

Cette tristesse n'est point une envie coupable, parce quelle ne vient pas tant de la prospérité que vous voyez en autrui, que du mal que vous redoutez pour vous ou pour d’autres par suite de cette prospérité.

Cette tristesse et cette douleur peuvent être produites par la vue de l’abondance des biens spirituels que vous voyez en autrui et dont vous reconnaissez la privation en vous. Cette envie n'est point criminelle, si elle vous fait marcher vous-même dans la voie de la justice et de la vérité pour mériter les biens de Dieu.

Elle est coupable, si vous êtes triste de voir ces biens en autrui uniquement parce qu'ils y sont, et que vous préféreriez voir votre prochain pauvre et dépouillé comme vous.

Cette tristesse et cette douleur peuvent être produites encore parce que vous voyez les autres vous surpasser en biens et en fortune, et que vous ne voudriez être surpassée par personne; cette tristesse et cette douleur constituent le vice de l’envie, car la vue des biens d’autrui, loin de vous attrister, devrait au contraire vous réjouir et vous être agréable.

Ce vice est abominable et déplaît souverainement à Dieu. Voyez le jaloux : il s’attriste du bien d’autrui, il se réjouit au contraire des maux qui arrivent à son prochain; il tait et passe sous silence le bien et les vertus qu'il lui reconnaît, il l’empêche de faire le bien autant qu il le peut; il interprète en mal le bien qu'il a fait, dévoile tout ce qu'il lui connaît de défectueux.

Il n'est pas de vice pire que l’envie, car il n'est rien de plus difficile à guérir, rien qui fasse plus souffrir, rien qui donne moins de satisfaction. Les autres vices donnent une satisfaction quelconque; l’envie ne donne que peines et soucis. L’envie ne torture point celui sur qui elle porte, mais elle accable celui en qui elle se trouve; elle ne lui laisse point un moment de calme, de tranquillité et de repos.

Et de quoi l’envie sert elle à celui qui a ce sentiment? Est-ce que la perte des biens qu'il désire à celui à qui il porte envie fera passer ces biens entre ses mains?
Ah! bien plutôt s'il aimait son prochain, s'il se réjouissait de ses possessions et de sa prospérité, pourrait-il espérer qu'il lui en adviendrait quelque participation.

L’envie procède de l'orgueil; ce n'est que parce qu'on voudrait être au dessus de quelqu'un qu'on lui porte envie, qu'on le jalouse; par conséquent, autant l'orgueil est un vice à repousser, autant l'envie doit exciter votre éloignement.
Oui, ma fille, fuyez l'envie qui brise la charité dans les cœurs, qui éloigne de la perfection, qui rend odieux aux hommes, aux anges et à Dieu.

-- Celui qui n'est point envieux, loin de s’attrister du bien d’autrui, s’en réjouit de tout son cœur.
-- Il écoute avec plaisir et satisfaction l’éloge qu'on fait de la vertu et de la prospérité d'autrui.
-- Il en fait l’éloge lui-même dans la sincérité de son âme.
-- Il a de la peine quand il apprend un accident survenu à autrui, et ne dévoile jamais les défauts de personne.
-- Il ne désire que les biens de l’éternité pour lui et pour ses frères, et ne soupire qu’après Dieu.


La colère

LIVRE DIXIÈME, chapitre 11

La colère, ma fille, est l'amour désordonné de la vengeance.

Toute sorte de colère n'est pas un vice coupable. La colère n'est un vice et une faute qu'autant que le désir qu'on a de la vengeance est un désir sans règle.

Ainsi, avoir de la colère contre le péché et contre le pécheur, parce que le péché offense Dieu, n'est point un vice ni un péché; en ce sens, la colère est la règle de la discipline, mais alors ce désir de la punition pour une faute commise n'est pas la colère telle que l’entendent les hommes.

La colère, d'après le sens que vous y attachez, emporte toujours l’idée de désir de vengeance et de vengeance personnelle.

La colère vient d'une offense reçue ou supposée et du désir qu'on a de se venger de cette offense.

Celui-là est porté à la colère qui, pour une injure reçue ou supposée, s’enlève, s’échauffe à ce point de battre ou de blesser quelqu'un.
Celui-là est porté à la colère qui, pour une offense, s’élève par des injures ou des insultes contre celui qui l'a offensé.
Celui-là est porté à la colère, qui cherche dispute et querelle à celui qui l'a offensé, ou qui témoigne par le sérieux de sa figure et par le silence son ressentiment contre lui.
Celui-là est porté à la colère, qui garde rancune pendant plusieurs jours, ou plusieurs mois et même plusieurs années, contre celui qui l'a offensé et demeure longtemps sans le visiter.

Enfin, celui-là est porté à la colère, qui punit ses inférieurs bien plus qu'ils ne le méritent et abuse ainsi de son autorité.

Rien de plus pernicieux et de plus dangereux que la colère :

elle fait perdre la raison;
elle éloigne de Dieu; elle sépare les frères et les amis les plus intimes;
elle produit les guerres les plus désastreuses; elle cause toutes sortes de maux.

Ma fille, ne vous mettez jamais en colère; que jamais rien ne soit capable d’exciter en vous un si bas sentiment. Quelle que soit l’offense, quel que soit celui qui vous aura offensée, dites-vous à vous-même que Dieu l'a permis pour vous éprouver et vous habituer à la douceur. Loin de vous mettre en colère, quand vous en avez quelque occasion, modérez-vous, possédez-vous et ne témoignez ni par parole, ni par action, ni par aucun mouvement de votre trouble ou de votre animosité. Agir ainsi, ma fille, sera calmer ceux qui vous ont offensée.

Répondez avec bonté et douceur à une parole dure ou amère. Agir ainsi sera vous soumettre à la volonté de Dieu qui vous interdit la vengeance. Agir ainsi sera imiter mon exemple, c'est-à-dire ma douceur et mon humilité.

Oui, ma fille, au lieu de vous mettre en colère, réconciliez-vous dès le jour même avec celui qui vous aura offensée; au lieu de lui faire du mal, faites-lui du bien; au lieu de le haïr, donnez-lui des témoignages de votre amour. Ne parlez jamais contre lui, prenez toujours sa défense.

Mais n’espérez point parvenir à maîtriser ainsi seule et par vous-même les sentiments de votre cœur. Pour se maîtriser, il faut être fort; pour se posséder à chaque instant du jour, il faut être puissant; il faut, pour se vaincre tous les jours de sa vie, une puissance et une force au dessus de sa puissance et de sa force.

Recourez donc à Dieu, ma fille, demandez-lui le calme, la tranquillité, la paix, alors que vous vous sentirez le plus poussée à la colère, et Dieu vous écoutera.


La paresse

LIVRE DIXIÈME, chapitre 12

Ma fille, le dernier des vices capitaux, c'est la paresse.

Il y a deux sortes de paresse : la paresse de l'esprit et celle du corps.

La paresse de l'esprit peut s’entendre aussi de deux manières : celle qui concerne les affaires du salut, celle qui concerne les travaux intellectuels de la vie du temps.

La paresse de l'esprit, qui fait négliger l'affaire du salut, qui engourdit pour la pratique du bien spirituel et surnaturel, est la plus dangereuse de toutes, parce qu'elle entraîne directement à la perte du salut, à l'enfer.
La paresse de l'esprit, qui fait qu'on néglige d’occuper son intelligence de choses utiles, de travaux sérieux, est également très dangereuse, parce qu'un esprit non occupé tend naturellement vers le mal; il suit l’inclination de sa nature, parce qu'il n'a rien pour l’arrêter sur la pente rapide où il se trouve.

L’esprit peut être paresseux alors même que le corps travaille, ou bien il peut être occupé de pensées mauvaises, coupables et criminelles, et ainsi faire le mal.

La paresse du corps consiste à demeurer inoccupé, à ne point travailler selon les devoirs de son état et à demeurer dans l’inaction. Cette paresse est dangereuse et entraîne aussi au péché, parce que l'homme inoccupé est environné de mille tentations auxquelles il ne peut résister parce qu'il ne travaille pas.

La paresse du corps n'est point si terrible que celle de l'esprit. Il y a des personnes, en effet, qui ne peuvent point s’adonner aux travaux matériels et qui peuvent pourtant travailler intellectuellement. Pour elles, ne point occuper leur corps n'est point un vice ni un péché, parce que la plus noble partie d’elles-mêmes travaille et fuit la paresse.

Fuyez la paresse qui vous empêcherait, ma fille, de travailler à votre salut; occupez-vous constamment de cette affaire, la plus importante et la plus utile, et que toutes vos actions tendent vers ce but.

Fuyez la paresse de l'esprit, elle inspire toute sorte de maux. Rien n’agit sur un esprit paresseux : ni les exhortations, ni les reproches, ni les menaces, ni les promesses; tout est inutile, il s’endort dans l’inaction et dans la mort.

Fuyez la paresse du corps : le travail est une pénitence, le travail est un bien, le travail prolonge la vie, et la paresse, au contraire, l’arrête et la suspend. Que deviendrait le laboureur, s'il ne travaillait pas son champ? Ne mourrait-il pas de faim?

Habituez-vous dès votre jeunesse au travail, vous vous réjouirez toujours d’avoir porté ce joug dès votre jeune âge. Tous doivent travailler, c'est une condamnation contre le premier homme et contre tous ses descendants; le riche doit veiller à l’administration de ses biens, le pauvre à se procurer son pain de chaque jour. Chacun, dans sa profession, doit remplir les devoirs qui lui sont imposés.

Considérez, ma fille, pour fuir la paresse, combien elle est odieuse au Seigneur, qui condamne aux ténèbres extérieures le serviteur inutile. Considérez que si vous ne semez point, vous ne pourrez rien récolter. Considérez que la vie est courte, et que ce n'est pas trop de quelques années pour mériter le ciel.

Considérez que tous les saints du ciel n'ont atteint cette récompense que par leur travail.

-- Considérez que le travail matériel fournit à l’entretien de la vie naturelle,
-- que le travail intellectuel réjouit le cœur et l’intelligence,

considérez enfin que je suis venu moi-même sur la terre pour vous donner l’exemple du travail, que j'ai gagné mon pain de chaque jour à la sueur de mon front, que j'ai gagné la gloire du ciel par mes travaux, ma passion et ma croix. Suivez mon exemple, ma fille, soyez toujours occupée comme moi de la gloire de mon Père, soyez toujours occupée de votre âme, ne demeurez jamais oisive.

Quand vous n’avez rien à faire, pensez à Dieu, pensez à moi, pensez à ma passion et vous vous occuperez utilement.

Fuyez tous ces vices, ma fille; fuyez-les de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces. Le vice, c'est l’inclination au mal.
Aimez la vertu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces. La vertu c'est l’inclination au bien, l'amour de la vérité, la force qui attache à Dieu.
Demeurez toujours inclinée vers lui, soyez toujours attachée à lui, et vous trouverez en lui le repos, la paix et le bonheur. »

Amour à jamais au Sauveur Jésus dans le saint sacrement de l’autel. Amen.

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