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La révolution du chapeau - Kemal Ataturk (1881-1938)
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(Wikipédia simplifié) Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938) est le fondateur et le premier président de la République de Turquie.

Après la Première Guerre mondiale et l'occupation alliée de l'Empire ottoman, ce militaire de carrière refuse de voir l'Empire ottoman être démembré par le traité de Sèvres. Accompagné de partisans, il se révolte contre le gouvernement impérial et crée un deuxième pouvoir politique à Ankara. C’est de cette ville qu’il mène à la tête de la résistance turque la guerre contre les occupants. (...) Mustafa Kemal affirme également une volonté farouche de rupture avec le passé impérial ottoman et de réformes radicales pour son pays.

Inspiré par la Révolution française, il profite de ce qu'il considère comme une trahison du sultan Mehmed VI lors de l’armistice de Moudros, pour mettre un terme au règne du sultan le 1er nov. 1922. Il instaure ainsi la laïcité et abolir le
Sultanat (la Royauté) et le Califat. Ces deux institutions étant jugées incompatibles avec un régime républicain moderne, inspiré de la 3e républiques française qui lui sert de modèle.

Après la proclamation de la République, il déplace la capitale d’Istanbul à Ankara et occidentalise le pays à travers plusieurs réformes. Notamment, il inscrit la laïcité dans la Constitution turque, donne le droit de vote aux femmes et remplace l’alphabet arabe par l’alphabet latin.
Mustafa Kemal Atatürk

Dès l'apparition de son panama, les fez disparaissent, certains sont même déchirés, et tous partent à la recherche d'un chapeau ou de ce qui peut lui ressembler.

Extrait du livre "Kemal Ataturk " d'Amexandre Jevakhoff

Nous sommes en 1925 (...) Pendant une semaine, à Çankiri, Kastamonu et Inebolu, dans cette région réputée pour son conservatisme au nord-ouest d'Ankara, Kemal prêche la révolution du chapeau.

Retours en arrière. 1829, trois ans après les soldats, le sultan Mehmed II oblige tous les fonctionnaires à porter le fez : il regarde vers l'Occident et décide de remplacer le turban traditionnel.

La décision soulève un véritable tollé : le fez, porté par les Roums (les chrétiens), transformerait le musulman en infidèle.

1908 : envoyé par les unionistes en Tripolitaine, Kemal passe par la Sicile ; des enfants bombardent d'écorces de citron ce voyageur coiffé d'un fez. 1910 : Mustapha Kemal se rend en France, pour assister aux grandes manœuvres de Picardie ; à la gare de Belgrade, les petits marchands ambulants raillent l'un de ses compagnons, coiffé du fez rouge.

À Paris, son ami Fethi, alors attaché militaire en France, attend Kemal pour le présenter au ministère de la guerre. De sa chambre d'hôtel, l'officier sort en pantalon de golf, veste de sport, des escarpins aux pieds et un chapeau tyrolien sur le crâne. Fier, souriant et européen ...

Quinze ans après, son goût pour l'élégance et sa passion pour la « civilisation européenne » n'ont pas varié. Entre­temps, le peuple turc a retrouvé son orgueil : « Chaque paysan d'Anatolie, note un diplomate britannique, sait que Mustapha Kemal a jeté les Grecs à la mer et chaque habitant des villes qu'Ismet a signé un traité avec l'Entente qui a mis fin aux privilèges des étrangers. »

La création de la République et l'abolition du khalifat ont commencé à libérer les esprits, à les régénérer. Le Turc peut dorénavant comprendre son retard par rapport à la « civilisation », l'admettre et le supprimer, dans la réalité la plus quotidienne : le costume.

Avec une dextérité remarquable, dès le lendemain de sa première visite, alors que son apparition, panama à la main, faisait disparaître les premiers fez, Kemal flatte l'orgueil du peuple et de l'armée. En uniforme de maréchal décoré de la seule médaille de l'indépendance, il visite une caserne ; dans un dortoir, Kemal voit un panneau sur lequel est écrit « un Turc vaut dix ennemis ».

« Est-ce vrai ?» demande-t-il à un officier. « Oui, mon pacha. »
« Non, je ne le pense pas. Un Turc vaut le monde entier ! » Le Turc est fort ; il doit être civilisé ».

par-dessus, se trouve un tissu brodé. « Tout cela rapporte de l'argent aux étrangers » Kemal continue. « Nous devons être des hommes civilisés. Nous avons beaucoup souffert car nous n'avons pas compris le monde. Nos idées et notre manière de pensée doivent être civilisées, des pieds à la tête (…).  Qu'on le veuille ou non, nous avancerons, c'est une obligation. La nation doit le savoir, la civilisation est un jeu tellement fort qu'elle brûle et détruit ceux qui lui restent indifférents. »

Le 27 août, dans le salon des Foyers turcs, Kemal prononce le « discours du chapeau ». L'exaltation de la souveraineté nationale, la dénonciation du khalifat et de la société religieuse : le discours débute par des thèmes connus. Vient ensuite l'affirmation fondamentale :
« Le peuple turc, sur lequel est construite la République turque, est civilisé. C'est un fait historique, c'est une réalité. » S'adressant à son auditoire d'hommes et de femmes, les uns en tenue traditionnelle, les autres en costume européen :
« Notre tenue est-elle nationale ? » « Non, non !» « Notre tenue est-elle civilisée et universelle ?» « Non, non ! »

Kemal présente alors « la » tenue, nationale, civilisée et universelle : « Des escarpins ou des bottines aux pieds, un pantalon sur les jambes, un gilet, une chemise, une cravate, un faux col et naturellement, pour compléter tout cela, un couvre-chef qui vous protégera du soleil. Je vais vous le dire franchement. Le nom de ce couvre-chef (il montre son panama) est "chapeau" ; comme redingote, comme bonjour, comme smoking, comme frac, voilà notre chapeau !

Certains disent que ce n'est pas possible ; Je vais leur dire qu'ils sont ignorants et sans expérience et je voudrais leur demander : pourquoi porter le couvre-chef grec (le fez) serait-il possible, alors que porter le chapeau ne le serait pas ? »

La civilisation kemalienne ne s'arrête ni au chapeau, ni au costume :

"Dans les villages mais aussi dans les villes et les bourgs, j'ai constaté que les yeux et les visages des femmes, nos camarades, sont complètement couverts. Particulièrement en cette période chaude de l'année, cette pratique, j'en suis sûr, leur crée de la peine et de l'angoisse.

Mes amis ! tout ceci résulte un peu de notre égoïsme. Nous être très honnêtes et attentionnés. Mais, chers camarades, nos femmes sont sensibles et réfléchies comme nous. Après nous être inspirés de leur moralité sacrée, leur avoir expliqué notre principe national et les avoir éclairées, l'égoïsme ne sera plus nécessaire. Qu'elles montrent leurs visages au monde et qu'elles regardent le monde avec attention. Il n'y a rien à craindre."

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En l'honneur de Kemal, on organise des « cérémonies de déchirement du fez »
et on lui offre un chapeau produit localement

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Du côté des fonctionnaires et de la foule innombrable qui l'accueille, Kemal n'a rien à craindre. Dès l'apparition de son panama, les fez disparaissent, certains sont même déchirés, et tous partent à la recherche d'un chapeau ou de ce qui peut lui ressembler.

Kemal, pourtant, ne s'illusionne pas. À la veille de son retour, il attaque violemment les sectes et confréries dont le pouvoir irrigue l'Anatolie :
« Nous savons que les cheik, les derviches et les murit ne sont pas liés au pays et à la République turcs.»
Il menace :
« L'objectif des réformes que nous avons réalisées et que nous réalisons est la transformation du peuple de la République turque en une société moderne, aussi bien dans la forme que dans le fond. Tel est l'objectif principal de nos réformes. Les mentalités qui n'acceptent pas cette réalité devront être détruites. »

Bursa, Balikesir, Izmir, Usak et Konya, pour une deuxième tournée du chapeau. En l'honneur de Kemal, on organise des « cérémonies de déchirement du fez » et on lui offre un chapeau produit localement. (...)

Commentant la tournée, les diplomates britanniques saluent le volontarisme de Kemal :
« Le Gazi (
Ataturk) est, naturellement, un homme dont la force et la détermination sont inhabituelles ; il bénéficie d'un mélange de courage et de prudence qui le conduit à frapper durement, mais seulement quand il croit que son coup atteindra son but. Un patriotisme absolument authentique l'inspire et il souhaite, sincèrement, renforcer la force et la prospérité du pays ; simultanément, il est convaincu que lui seul est en mesure d'effectuer la grande tâche de la reconstruction.»

Mustafa Kemal Atatürk
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