Histoire   -   Retour à la page des mises à jour   -   Retour à la page d'accueil apparitionsmariales.org
.
Colonisation du continent américain - Les épidémies
.
Autres chapitres d'histoire ...
... pour mieux comprendre le monde
La révolution des signe - Kemal Ataturk
Colonisation du continent américain - Les épidémies

La révolution du chapeau - Kemal Ataturk

La formation des soldats japonnais (Nankin 1937)

Pardonner à ses ennemis - Exemples historiques

La religion des druides et les sacrifices humains

L'occupation allemande durant la guerre 14 / 18

Les origines de l'État français
Petits compléments d'histoire

L'horoscope dans l'histoire de la Seconde guerre mondiale
Les hommes providentiels
Petites histoires miraculeuses à travers les siècles
Abd el-Kader, le plus chrétien des Sultans

L'histoire de Martin Bormann le fils (1945)
La montée en puissance de Staline

Les apôtres en France
Croisades - la bataille de Montgisard
L'épée de sainte Jeanne d'Arc
La bataille de Palikao (Expédition franco-anglaise de Chine en 1860)
L'année 1898 de l'Affaire Dreyfus
Les événements surnaturels de la guerre de 1914-18
Le Camp de Drancy (1940-44)
(Vincent) Voici un extrait du livre "1491" de Charles C. Mann qui montre le phénomène des épidémies (principalement la variole) comme facteur majeur ayant favorisé l’implantation européenne sur le continent américain.

La variole s'était déclarée avant que quiconque en Amérique du Sud ait seulement vu des Européens (...) à elles toutes, les épidémies ont dû éliminer, 90 %, de la population Inca

(...) Si le cheval et la technologie ne sont pas en cause, comment justifier la reddition des Incas ? (…)

La période d'incubation de la variole est d'une douzaine de jours, pendant lesquels la personne contaminée, qui ne se sait pas forcément atteinte, peut transmettre la maladie à tous les individus qu'elle rencontre. Avec ses bonnes routes et ses vastes mouvements de population, Tawantinsuyu était prédisposée à une épidémie de grande envergure. La variole se répandit dans tout l'empire (Inca) aussi sûrement que l'encre sur du papier de soie. Des millions de personnes en ressentirent simultanément les symptômes : fortes fièvres, vomissements, douleurs aiguës, pustules suintantes sur tout le corps. Le Jésuite Martin de Murua, incapable de dénombrer les morts, se borna à dire qu'ils étaient « des milliers et des milliers ».

Le virus de la variole résulterait des mutations de virus animaux : peut-être la variole bovine (appelée aussi vaccine) ou la variole équine (aujourd'hui disparue) ou bien, plus probablement, le virus de la variole des camélidés.

Les individus qui survivent à la maladie acquièrent l'immunité. En Europe, la présence récurrente de ce virus faisait qu'une grande part de la population adulte était immunisée contre lui. Étant donné que les bovins, les équidés et les chameaux étaient absents de l'hémisphère occidental, la variole n’avait aucune chance de s'y développer. Les Indiens n'y ayant jamais été exposés, ils étaient en termes d'épidémiologie un « terrain vierge ».

Le taux de mortalité sur une population de « terrain vierge » en cas d'épidémie de variole est difficile à établir car depuis un siècle, les sujets disponibles pour un échantillonnage ont presque tous été vaccinés. Cependant, une étude du début des années 1960, à partir de 7 000 malades non vaccinés dans le sud de l'Inde, fait état de 43 % de victimes. Prenant en compte l'extrême vulnérabilité des Incas - ils n'auraient même pas songé à mettre les malades en quarantaine, comme le faisaient les Européens - Dobyns a émis l'hypothèse selon laquelle la population de l'empire Inca « aurait diminué de moitié. Pendant l’épidémie ». En l'espace de trois ans, un habitant sur deux trouva la mort.

Le tribut humain et social dépasse tout ce que l'on peut mesurer. Des traumatismes aussi accablants dénouent les liens qui assurent la cohésion d'une culture. D'après Thucydide, l'épidémie qui frappa Athènes en 430 avant J.-C. plongea la ville dans un « climat d'anarchie caractérisée ». Les citoyens ne respectaient plus rien, sacré ou profane. Ils participaient à des rituels extatiques et laissaient les réfugiés malades souiller les grands temples, où ils mouraient sans recevoir de soins. (…)

Chez les Incas, la variole emporta Huayna Capac et sa cour, et une guerre civile éclata lorsque les survivants se disputèrent le butin. Les soldats tombés lors de la bataille entre Atahualpa et Huascar furent victimes de la variole, au même titre que ceux gui succombèrent directement au virus. (…)

Huayna Capac est un empereur Inca (règne 1493-1527)


-------
L'épidémie s'était déclarée avant que les premières colonies réussissent à s'implanter.
Lorsque les Européens apparurent, ces cultures malmenées et fragmentées
n'étaient plus en mesure de s'unir pour repousser l'intrusion.

-------

Après que la variole eut fauché l'élite politique, chaque famille princière s'efforça de s’emparer du pouvoir, alimentant les passions de la guerre civile. (…)

"Si L'empereur Huayna Capac avait été en vie lorsque les Espagnols pénétrèrent dans son pays, il nous aurait été impossible de le conquérir. De même, sans les divisions provoquées par les guerres [civiles liées aux conséquences de la variole], nous ne serions jamais parvenus à entrer dans ce pays et à nous en emparer".

Dobyns comprit que l'analyse de Pizarro était valable bien au-delà de l'Empire inca. Il avait consulté des archives au Pérou et dans le sud de l'Arizona, et dans les deux cas, comme en Nouvelle-Angleterre, l'épidémie s'était déclarée avant que les premières colonies réussissent à s'implanter. Lorsque les Européens apparurent, ces cultures malmenées et fragmentées n'étaient plus en mesure de s'unir pour repousser l'intrusion.

Au lieu de cela, une des deux parties, pensant qu'elle allait perdre la bataille pour l'hégémonie, choisit de s'allier avec l'envahisseur afin de renforcer sa position. Cette alliance s'avéra souvent fructueuse, en ce qu'elle lui assura la supériorité convoitée. Cependant, ces succès n'étaient que provisoires, et la culture dans son ensemble sortait toujours perdante.

Entre le XVII et le XVIII" siècle, le même schéma s'est reproduit indéfiniment dans toute l'Amérique. C'est une espèce de scénario archétypal de l'histoire post-colombienne.
En fait, les Européens essuyaient régulièrement des échecs quand ils ne pouvaient pas tirer profit des maladies ou de l'éclatement politique.

Les conquistadors tentèrent à une dizaine de reprises de prendre la Floride, entre 1510 et 1560, et échouèrent à chaque fois. En 1532, le roi du Portugal Jean III "le pieux" divisa les côtes du Brésil en quatorze provinces et confia chacune à un groupe de colons. En 1550, il ne restait plus que deux de ces colonies.
Quant aux Français, ils avaient toutes les peines du monde à maintenir leurs comptoirs sur le Saint-Laurent, et n'envisageaient même pas de planter leur drapeau en Nouvelle-Angleterre avant l’épidémie.


Les micro-organismes européens pénétrèrent lentement dans la péninsule du Yucatán (Mexique), où la plupart des états étaient de dimensions trop réduites pour vouloir entrer dans le jeu des rivalités. L'Espagne n'a jamais réussi à soumettre complètement les Mayas. La rébellion zapatiste qui agita le sud du Mexique dans les années 1990 n'est que le dernier épisode d'une guerre coloniale sporadique qui dure depuis le XVI siècle. (…)

L'empereur Huayna Capac trouva la mort au cours de la première épidémie de variole. Le virus s'abattit de nouveau sur les Incas en 1533: 1535, 1558  et e 565. Chaque fois, les conséquences dépassaient ce que peut concevoir notre époque privilégiée.

"Ils mouraient par vingtaines, par centaines", raconta un témoin de l'épidémie de 1565. Des villages entiers étaient dépeuplés. Les corps gisaient un peu partout dans les champs, s'entassaient dans les maisons et les huttes ... Les champs étaient à l'abandon, personne ne soignaient les troupeaux, et le prix de la nourriture augmenta dans de telles proportions que beaucoup n'avaient plus les moyens de s'en procurer.

lis n'échappaient à la terrible maladie que pour succomber à la famine. » De plus, la région des Incas fut gagné par d'autres épidémies originaires d'Europe, auxquelles les Indiens émient pareillement vulnérables. Le typhus, (probablement) en 1546, la grippe en 1558 (en même temps que la variole), la diphtérie en 1614 et la rougeole en 1618 achevèrent de détruire ce qui subsistait de la culture inca.

Selon les Estimations de Dobyns, à elles toutes, les épidémies ont dû éliminer, 90 %, de la population Incas

D'autres que lui étaient déjà parvenus à cette effroyable conclusion, mais personne l'avait encore mise en relation avec le fait que la variole s'était déclarée avant que quiconque en Amérique du Sud ait seulement vu des Européens.


Dobyns en déduisit que la source la plus plausible du virus était l'archipel des Caraïbes. On a en effet enregistré l'apparition de la variole sur l'ile d'Hispaniola en novembre ou décembre 1518, où elle élimina un tiers de la population autochtone avant de se déplacer vers Porto Rico et Cuba. Les Espagnols, exposés au virus dans l'enfance, étaient généralement immunisé.
Alors qu'Hernan Cortés faisait la conquête du Mexique, une expédition menée par Panfilo de Narvâez arriva le 23 avril 1520 sur le site de l'actuelle Veracruz, A en croire plusieurs témoignages espagnols, ce détachement comprenait un esclave noir, Francisco Eguia ou Baguia, atteint de la variole. (…)

Hispaniola est l'ancien nom d'une des plus grandes îles des Caraïbes. Avec 21 millions d'habitants en 2015, c'est la plus peuplée des Antilles. L'île est partagée entre deux pays : Haïti (11 millions d'habitants pour 36 %2 de la superficie) et la République dominicaine (10 millions d'habitants pour 64 % de la superficie).

En réalité, certaines populations de l'Ancien Monde étaient tout aussi vulnérables que celles du Nouveau à ces maladies, certainement pour des raisons similaires.

Du point de vue génétique, les Indiens ont pour plus proches cousins les autochtones de Sibérie. Ceux-ci n'eurent que de rares contacts avec les Européens jusqu'au XVI" siècle, où les négociants en fourrures de Russie renversèrent leurs gouvernements, établirent des avant-postes militaires dans toute la région et exigèrent des fourrures en guise de tribut.


Dans le sillage du marché des fourrures, les Russes apportèrent leurs maladies, notamment la variole.

Les similitudes avec l'expérience des Indiens sont : frappantes. En 1778, le virus s'abattit sur la côte Pacifique de Sibérie, apparemment pour la première fois. "Nul ne sait combien d’entre eux ont survécu", confessait le gouverneur d'lrkoutsk, la base russe sur le lac Baïkal, car les officiels n'ont manifestement pas osé se rendre dans la zone contaminée.

Dix ans plus tard, en 1779, l'expédition du capitaine James Cook, qui faisait Je tour du monde, atteignit la longue péninsule du Kamtchatka, sur la côte Pacifique. Les Britanniques découvrirent un littoral transformé en cimetière. « Partout nous croisions les ruines de grand villages dont ne subsistaient plus que les fondations, déplorait David Samwell, médecin du bord.
Les Russes nous informèrent que c'était la variole qui les avait détruits. »

L.'explorateur Martin Sauer, passé par le Kamtchatka cinq ans après Cook, constata que les autorités russes avaient fini par s'aventurer dans la région couchée par l'épidémie. Selon le chiffre officiel, il restait tout juste un millier d'autochtones sur la péninsule, (…)

Fallait-il en conclure que ces épidémies étaient inéluctables ? Imaginons un monde parallèle où les peuples des Amérique auraient compris l'idée de contagion, et se seraient préparés à agir en conséquence. Aurait-on pu éviter l'hécatombe ? (…)

« Je me demande comment on aurait pu s'y prendre, me dit-il alors. Si les Indiens de Floride laissaient entrer des malades, les retombées pouvaient s'étendre jusqu'ici, dans le Connecticut. Il aurait donc fallu que tous les groupes coordonnent le barrage, et cela pendant quatre siècles, jusqu'à la mise au point du vaccin. Naturellement, les gens auraient voulu commercer, échanger par exemple des fourrures contre des couteaux, et il aurait alors fallu mener ces échanges commerciaux dans des conditions antiseptiques. »

Je lui répliquai que les Abénakis remettaient les marchandises à Verra­zano par l'intermédiaire d'une corde tendue entre le rivage et le bateau.

« Il aurait fallu que tout l'hémisphère applique ces méthodes, et que les Européens, ou du moins la majorité d'entre eux, acceptent de coopérer. Franchement, je n'y crois pas. Pas un instant. » Cela signifiait-il que les épidémies devaient obligatoirement se produire, et qu'on n'aurait rien pu y changer ? (…)

Sur le plan médical, rien, à part la mort, n'a selon lui un caractère inexorable. « Cela dit, je vois mal comment les vagues d'épidémies causées par les maladies européennes auraient pu être endiguées de manière durable.

L'idée est certes horrible, mais il y a quarante ans que je travaille sur les maladies contagieuses, et je peux vous garantir que sur le long terme, il est quasiment impossible de les circonvenir » (…)


Le Mayflower
(Wikipédia simplifié) Le Mayflower (ou « Fleur de mai ») est un vaisseau marchand du XVIIe siècle qui partit de Plymouth, en Angleterre. Ses passagers furent à l'origine de la fondation de la colonie éponyme de Plymouth, dans le Massachusetts.

En 1620, il transportait des dissidents religieux anglais, les Pilgrim fathers ou « Pères pèlerins », et d'autres européens à la recherche d'un lieu pour pratiquer librement leur religion.

Bien que l'Amérique du Nord fût déjà connue depuis près d'un siècle par les Espagnols, les Anglais ne commencèrent à la coloniser qu'en 1584 avec l'envoi de navires vers la fameuse colonie de Roanoke, la « colonie perdue ». Cette première tentative d'installation durable ayant échoué, les Anglais renvoyèrent des navires en 1606 en Virginie, alors récemment achetée à l'Espagne où ils fondèrent le fort de Jamestown (qui fut plus tard détruit par les Amérindiens, la famine, le paludisme et les rudes hivers).

(Vincent) Je viens de lire le livre "1491" de Charles C. Mann qui raconte la vie du continent américain avant la découverte et on y apprend notamment que cette partie du monde étant très peuplé de gens organisés en sociétés complexes et ce sont les épidémies amenées par les européens qui ont fait "place nette" pour la colonisation.
La Cote Est des futurs USA était tellement peuplé que
les premiers européens à sillonner les cotes se demandaient comment ils allaient faire pour s'y installer.

Après l'épidémie, déclara Gorges, il ne restait plus « personne pour déranger ou ralentir notre prise de possession libre et paisible des lieux, de quoi nous pouvons conclure justement que Dieu a préparé le terrain à l'accomplissement de son dessein ».


Tisquantum
(1580-1622) (Wikipédia) était l'un des deux Indiens qui ont aidé en 1620 les pèlerins du Mayflower, durant leur premier hivernage dans la colonie de Plymouth en Amérique. Sa grande connaissance de la langue anglaise était due au fait qu'il avait passé plusieurs années de captivité en Angleterre entre 1605 et 1612. Il devint ainsi naturellement le principal interlocuteur des colons puritains, parlant au nom du grand sachem Massasoit.
--

Extrait du livre "1491" de Charles C. Mann

(...) Par extraordinaire, Dermer échoua lui aussi à s'acquitter de sa mission. Dans le plus pur style de la comédie des erreurs, il n'attendit pas dans le Maine l'arrivée de Rowcraft, comme convenu, mais repartit pour l'Angle­terre en emmenant Tisquantum. Dermer et Tisquantum eurent une entre­vue personnelle avec Gorges (1). Ils firent apparemment excellente impression, car Gorges, alors même que Dermer avait démontré son incapacité à obéir aux consignes, le renvoya avec Tisquantum à bord d'un nouveau baceau à la rencontre de Rawe.raft, supposé les attendre en Nouvelle-Angle­terre. En accostant dans le Maine, Dermer apprit que Rowcraft était déjà parti. Le 19 mai 1619, toujours escorté de Tisquantum, il se mit en route pour le Massachusetts dans l'espoir de le rattraper, ignorant que son bateau avait sombré.

(1) Gorges et Tisquantum s'étaient peut-être déjà rencontrés. En 1605, l'aventurier George Wcymouth enleva cinq Indiens, attirant trois d'entre eux par la ruse à bord de son bateau tan­dis qu'il s'emparait des autres par la force. D'après les Mémoires de Gorges, Tisquantum se trouvait parmi eux. Il séjourna neuf ans chez Gorges, puis retourna en Nouvelle-Angleterre avec John Smith.

Les côtes étaient désertes - « abso­lument vides »

Ce que Tisquantum découvrit à son retour dépasse l'imagination. Entre le sud du Maine et la baie de Narragansett, les côtes étaient désertes - « abso­lument vides », rapporta Dermer. Ce qui formait jadis une ligne continue de villages affairés se réduisait alors à une masse de maisons délabrées et de champs incultes envahis par les ronciers, le sol jonché de squelettes blanchis par le soleil. Peu à peu, l'équipage de Dermer comprit qu'il longeait le bord d'un cimetière long de .300 kilomètres, et qui s'étendait sur 60 kilomètres vers l'intérieur. Patuxet (région peuplée d'indien) avait été frappée avec une violence toute particu­lière. Il n'y restait plus âme qui vive. L'univers familier de Tisquantum s'était entièrement évanoui.

À la recherche de son peuple, il entraîna Dermer dans une triste marche vers ! 'intérieur des terres. Les villages qu'ils traversaient étaient déserts, mais peuplés toutefois de morts sans sépulture. Tisquantum finit par ren­contrer quelques survivants, une poignée de familles dans un village dévasté. Ces gens firent appeler Massasoit (chef indien) qui apparut, selon Dermer, « avec une garde de cinquante hommes armés », et un prisonnier français, un marin rescapé d'un naufrage à Cap Cod. Massasoit demanda à Dermer de renvoyer le Français, puis il raconta à Tisquantum ce qui s'était passé.

Un des marins français avait appris assez de vocabulaire massachusetts pour annoncer à ses geôliers avant de mourir que Dieu les détruirait en punition de leurs méfaits. Tout d'abord, les Nausets avaient tourné la menace en dérision, mais en réalité, les Européens étaient porteurs d'une maladie qu'ils transmirent à leurs ravisseurs.


et terrassa 90 % de la population des côtes de Nouvelle-Angleterre

D'après les manifestations cli­niques, il s'agissait vraisemblablement d'une épidémie d'hépatite virale, comme l'a mis en évidence l'étude menée par Arthur E. Spiess, de La Société de Sauvegarde du Patrimoine historique du Maine, et Bruce D. Spiess de la faculté de Médecine de Virginie.

(Comme dans le cas de l'hépatite A, la souche aurait été propagée par de la nourriture contaminée plutôt que par les relations sexuelles, mode de transmission de l'hépatite B ou C.)

Quelle que soit la cause, le résultat fut dévastateur. « Les Indiens succombaient en masse, couchés dans leurs maisons », témoigna le marchand Thomas Mor­ton. Affolée, la population épargnée fuyait loin des malades, propageant le mal dans les communautés voisines. Ils abandonnaient les mourants der­rière eux, « laissés en pâture aux corbeaux, aux milans et à la vermine ».

La pestilence qui se manifesta dès 1616 mit au moins trois ans à reculer et terrassa 90 % de la population des côtes de Nouvelle-Angleterre. Morton écrivit que « les os et les crânes éparpillés sur les lieux où ils avaient vécu offraient un tel spectacle » que les bois du Massachusetts évoquaient un « nouveau Golgotha », le Lieu du Crâne où les Romains de Jérusalem tenaient les exécutions.

La comparaison de Morton portait des connotations religieuses tout à fait appropriées. Ni les lndiens ru les Pèlerins ne considéraient avec le même regard que nous les maladies contagieuses, interprétées de part et d'autre comme un effet de la volonté des puissances célestes. D'après l'historienne Paula Gunn Allen

L'idée selon laquelle le royaume des esprits et le surnaturel étaient étroitement mêlés à l'existence quotidienne des nations comme des vil­lageois était communément admise des deux côtés de l'Atlantique ...
Les Européens, autant que les Indiens, prédisaient les événements en observant la position de certaines étoiles sur le plan de l'écliptique aussi bien que par des procédés visionnaires, et reconnaissaient l'existence de forces surnaturelles bienveillantes ou maléfiques.

La seule vraie question qui occupait les deux parties était de savoir si les puissances spirituelles indiennes pouvaient affecter les Européens, et vice versa. À titre d'expérience, le fameux ministre de Nouvelle-Angleterre Cot­ton Mathers voulut exorciser « une jeune fille possédée par les démons » grâce à des incantations en langue massachusetts.
À sa grande satisfaction, les résultats prouvèrent empiriquement que la magie indienne n'opérait pas sur les diables européens. Jusqu'à l'épidémie, Massasoit
(chef indien) gouvernait directe­ment une communauté de plusieurs milliers de personnes, et exerçait son contrôle sur une confédération qui en rassemblait 20 000.
.

La juste main de Dieu qui favorisa nos débuts
.
Désormais, son groupe se limitait à une soixantaine de personnes et l'ensemble de la confé­dération n'atteignait pas le millier. Les Wampanoags
(tribu indienne) écrivit Salibury, l'his­torien du Smith College, en tirèrent la conclusion qui s'imposait : " Leurs divinités s'étaient liguées contre eux. "

Les Pèlerins partageaient leur point de vue : le gouverneur Bradford aurait attribué le mal à " la juste main de Dieu " qui « favorisa nos débuts » en « balayant de vastes multitudes d'indigènes ... afin de nous libérer la place ".

En effet, plus de cinquante des premiers villages coloniaux de Nouvelle-Angleterre étaient situés à l'emplacement de communautés indiennes dépeuplées par la maladie. Après l'épidémie, déclara Gorges, il ne restait plus « personne pour déranger ou ralentir notre prise de possession libre et paisible des lieux, de quoi nous pouvons conclure justement que Dieu a préparé le terrain à l'accomplissement de son dessein ».

(...) Comme l'animosité entre les Wampanoags
(tribu indienne) et leurs voisins les Narragansetts (tribu indienne voisine) avait limité leurs contacts, la maladie ne s’était pas propagée jusqu'à ces derniers. Le peuple de Massasoit était non seulement accablé par l'hécatombe, mais aussi menacé d'assujettissement.

Mis au courant de l'épidémie, Tisquantum, désemparé, retourna d'abord avec Dermer dans le sud du Maine. Résigné à ne pas retrouver Rowcraft, Dermer décida en 1620 de retenter sa chance en Nouvelle-Angleterre. Tisquantum y retourna également, mais pas en sa compagnie. - Il préféra repartir à pied, un périple long et périlleux qu'il avait voulu éviter jusque-là. Dans l'intervalle. une autre expédition britannique avait attaqué les Wam­panoags, abattant plusieurs personnes sans provocation apparente.

Sous le coup d'une colère légitime, les Indiens agressèrent Dermer plusieurs fois au cours de son voyage vers le sud ; il mourut sur Martha's Vineyard, assassiné par un Indien que les européens avaient autrefois kidnappé. Tisquantum, pour sa part, fut capturé sur la route du retour, en raison peut-être de ses liens avec les Anglais si détestés, et envoyé à Massasoit comme prisonnier.

Une fois de plus, Tisquantum réussit par son éloquence à se tirer d'une impasse. se lança dans une éloge de l'Angleterre, rebattant les oreilles de Massasoit de fables sur leurs villes, leur nombre impressionnant, leur puis­sante technologie. D'après un colon qui l’a côtoyé, " Tisquantum déclara que si le sachem (le chef indien) pouvait devenir l'ami des Anglais, il n'aurait plus aucun ennemi à craindre ». En d'autres termes, les Narragansetts
(tribu indienne ennemie) « seraient contraints de s'incliner devant lui ». Le sachem l'écoutait avec méfiance.

Quelques mois plus tard, ils apprirent qu'un groupe d'Anglais s'était installé à Patuxet (Le Mayflower en 1620). Les Wampanoags les regardèrent traverser péniblement leur pre­mier et terrible hiver, et Massasoit jugea finalement avisé de s'allier avec eux ; comparés aux Narragansetts, ils représentaient un moindre mal. Cependant, il attendit que la présence d'un traducteur devienne indispensa­ble pour laisser Tisquantum rencontrer les Pèlerins.

Massasoit
(chef indien) avait une expérience assez étendue des Européens - dix-sept ans plus tôt, son père avait renvoyé Martin Pring (1) . Mais cela se passait avant l'épidémie, quand Massasoit avait encore la possibilité de les expulser.

Cette fois, il assura aux Pèlerins qu'il entendait les laisser en paix, à condition qu'ils leur prêtent assistance contre les Narragansetts. (...)

(1) (Wikipédia) Martin Pring (1580-1626) est un navigateur et explorateur britannique. Il effectue en 1603 un voyage en Virginie et, avec trois navires, parvient à l'embouchure de la rivière Penobscot. En juin, il atteint l'estuaire de la Piscataqua où il entre en contact avec le peuple Abenaki. (...) Rentré en Europe en juillet 1603, il sert la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et cartographie la côte du Maine (1606). Fait citoyen d'honneur de la Virginia Company en 1621, en 1623, il quitte la Compagnie des Indes et devient corsaire. Il capture alors plusieurs navires français et espagnols.




Page d'accueil   --   Qui sommes-nous ?   --   Orientation religieuse   --   Historique   --   Index   --   Livre d'or

foire.jpg (8513 octets)
--