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Le Camp de Drancy
Les années sombres de l'histoire de France (1940-44)

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Les événements surnaturels de la guerre de 1914-18
Le Camp de Drancy (1940-44)
Photo ci-dessous le Camp de Drancy sous l'occupation et en 2014
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Le bâtiment est toujours là et sert d'habitation bon marché, comme il était prévu à l'origine.
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(Vincent) J'ai visité l'endroit en 2014 suite à la lecture de 5 livres sur cette période et j'ai été surpris d'apprendre que le bâtiment existait encore
et cela m'a paru incroyable qu'on puisse y faire vivre des gens, compte tenu de son histoire.
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Lorsqu'il a servi de camp, cet immeuble/cité en forme de U n'avait pas été totalement achevé et il manquait les finitions.
Actuellement le bâtiment, dont le vrai nom est La cité de la muette, est très vétustes, on s'y croirait presque.

 

 

Cliquez pour voir les photos en grands - Photo aérienne du camp - En savoir plus : http://fr.wikipedia.org

Voici deux témoignages avec mes annotations en complément

Le témoignage de Serge Smulevic sur son arrivée à Drancy en 1943

Extrait du site
http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/drancy.htm

A CEUX DU 17 DÉCEMBRE 1943

Nuit du 10 décembre 1943 – je viens de débarquer de l’autobus parisien au camp de Drancy, venant par le train qui nous a transportés depuis Nice à Paris. Nous savons à peu près ce qui va nous arriver.

J’arrive dans une grande salle, mal éclairée, dans laquelle se trouve un grand bureau, très long et où sont installés des jeunes hommes de mon âge qui commencent à nous interroger : « nom, prénoms, date de naissance, nationalité » et la question la plus fréquente «  As-tu des parents ? et où se trouvent-ils ? »

(Vincent) La traque était impitoyable et même ceux qui parvenaient à s’échapper étaient souvent repris. Les arrestations étaient nominatives car le fichage s'était généralisé. Tout Juif devait se déclarer et adhérer à une sorte d'organisation juive unique d’entraide. La plupart n'avaient pas conscience qu'il s'agissait d'un piège. Les dirigeants Juifs de ces organisations, notamment ceux de l'UGIF (Union Générale des Israélites de France) payeront cher leur aveuglement car leur tour viendra.

Pas un allemand dans la salle. Les jeunes gens font bien leur travail. Ils établissent des fiches, très précises. La confiance règne. Puis j’entends soudain : «  Tiens, Serge ! ils t’ont eu aussi ? » Et je reconnais Teddy Artztein, assis à la table qui m’appelle vers lui.

Il est aussi un interrogateur.

« Alors, ils t’ont attrapé ? Comment ? Où ? » Teddy est un ami, je jouais encore à la belote avec lui il y a quelques mois, et son père était un fournisseur du mien en sous-vêtements. Ils étaient de Nancy. «  Et sournoisement : « ils n’ont pas eu tes parents quand même ? je réponds : non, et il ajoute «  et où sont-ils pour le moment ? » Je le regarde dans les yeux et lui dis «  même si je le savais je ne te le dirais pas, espèce de salaud ! mais je ne le sais pas »

Déjà à Drancy la délation marchait très fort.

Puis on a eu un reçu pour l’argent qu’on nous a confisqué, mais on a réussi à en cacher un peu. Puis on nous a conduits dans les dortoirs : vrais lits en fer, matelas et couvertures grises. J’ai dormi tout habillé tellement j’avais froid. Il y avait quelques anciens dans ce dortoir et le mot « Pitchipoï » circulait déjà.

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Pitchipoï : Texte trouvé sur internet (...) En septembre, les enfants Juifs en sursis à l'infirmerie usent, pour désigner l'endroit où on les envoie, du mot de "Pitchipoï", qui se diffuse rapidement parmi les internés à la place de "destination inconnue", dont use l'administration pour désigner Auschwitz.

L'invention des enfants est plutôt un détournement. Pitchipoï est un de ces lieux imaginaires qu'affectionne le folklore yiddish. Il provient d'une comptine enfantine très populaire, surtout dans les écoles laïques de Vilno dans les années trente. Ce lieu imaginaire s'est forgé à partir des termes polonais: pitch (boire) et poï (abreuver le bétail). Cette bourgade imaginaire est ainsi synonyme du dernier espoir et "Pitchipoï désignait dans le camp de Drancy le lieu inconnu où l'on vous envoyait, là où c'était mieux". (...)

(Vincent) Le mot "Pitchipoï" servait donc à désigner pour les déportés le lieu de leur destination finale que personne ne connaissait véritablement. Les nazis faisaient croire qu'ils avaient créé un état juif en Europe de l'Est, ce qui leur permettaient de justifier la déportation de familles avec enfants auprès du Gouvernement de Vichy, mais beaucoup présentaient la mort et les suicides étaient fréquents).
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Un convoi était parti hier. Dans ce convoi il y avait un de mes amis, le Dr Hofstein de Thionville et deux jumeaux. Le prochain était programmé pour le 17 décembre.

(Vincent) Tous les convois qui quittaient Drancy partaient pour Auschwitz. La plupart des déportés étaient gazés à l'arrivée.

Le lendemain je me suis levé tôt, suis descendu dans la grande cour et je me suis retourné pour regarder l’immense immeuble en forme de fer à cheval et de couleur grise dans lequel étaient enfermés des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards  et des invalides.

(Vincent) Les ordres des nazis étaient clairs, personne ne pouvait échapper aux arrestations, pas de limite d'âge et l'état de santé ne devaient pas entrer en ligne de compte et certains furent emmenés sur brancard.

Pas un allemand en vue, seulement des dizaines de gardes-mobiles français, dont plusieurs sur les toits faisant les cents pas, fusil sur l’épaule. On se promenait dans cette vaste cour en toute liberté, seuls ou en groupes, hommes seuls ou avec des femmes et des enfants

Attendant je ne sais quoi, ou espérant rencontrer quelqu’un qu’on connaissait. Et ça arrivait, les gens ramassés venant de tous les coins de France.

Et il en arrivait tous les jours, des Juifs en majorité, parfois des familles entières, des tziganes, des religieux, quelques jumeaux précieusement réservés pour le sinistre Docteur Mengele, des homosexuels, quelques gens de couleur, tous arrêtés dans différentes régions de France et considérés comme étant de races inférieures. Une vraie tour de Babel.

Et on se posait toujours les mêmes questions « Qu’allait-on faire de nous ? Il paraît qu’on déporte vers d’autres pays, surtout en Allemagne ou en Pologne, pour y travailler. Et les enfants ? Qu'est-ce qu'ils vont faire des enfants ?

On essayait aussi de transmettre des lettres à de la famille, par les gendarmes, en leur offrant de l’argent. Le marché noir fonctionnait fort avec les gendarmes, cigarettes et nourriture étaient vendus par eux à des prix ahurissants ! Une carotte : 100 francs. Une cigarette : 200 francs. Bref on avait de l’occupation à Drancy. Et toujours pas un uniforme allemand en vue.

(Vincent) L'intérieur du camp était géré par l'Union Générale des Israélites de France (UGIF), un organisme juif d’entraide mais créé par les nazis et qui servait d'interlocuteur unique. Les gendarmes français se trouvaient à l'extérieur du camp ce qui limitait les brutalités.

Il paraît qu’il n’y avait qu’un officier nazis qui dirigeait tout Drancy : Brunner. Le cruel capitaine Aloïs Brunner. Les autres étaient tous des gendarmes. Les nazis faisaient confiance à l’État Français.

(Vincent) Mais tout était ordonné par les nazis qui régnaient en maîtres.

Puis vint le 16 décembre 1943 ! Au soir, après le repas, on groupa environ un millier de personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, invalides,malades, paralytiques. Et on les enferma dans une immense salle avec des couvertures pour dormir à même le sol.

Le capitaine Brunner vint tenir un petit discours pour nous dire qu’on aurait le droit d’emmener à boire et à manger, en petite quantité mais qu’il était strictement interdit d’emmener des outils, des pinces, des tenailles et ne fut-ce même qu’un simple petit couteau. Que celui qui serait pris serait pendu. Qu’un responsable de wagon serait nommé à cet effet et il nous souhaita bonne nuit.

Quelques-uns essayèrent de s’endormir. Tous les sexes étaient mélangés. Quelques-uns se sont aimés pour la dernière fois. Puis tout à coup à minuit, une voix de femme s’éleva dans un silence qu’on ne peut oublier et chanta la célèbre chanson

«  A Yidische Mamma  » comme on ne l’avait jamais entendue. Tout le monde pleurait.

Et le convoi se forma le 17 décembre au petit matin. On nous embarqua, les uns pour l’enfer, les autres pour l'éternité, dans les fameux wagons à bestiaux (20 chevaux = 100 êtres humains). Nous étions le convoi des 169 000. 7 déportés de ce convoi sont revenus vivants en 1945.

Serge Smulevic matricule : 169922 - Témoignage par courriel, décembre 2008


(Vincent) Les hommes furent arrêtés les premiers en 1941 sur convocation, ce qui fragilisa les familles, puis les femmes et les enfants en 1942 au cours de rafles (notamment celle du val d'hiv). Au début seul les Juifs étrangers étaient visés puis après ce fut le tour des Juifs français.

Le gouvernement de Vichy avait fait un accord avec les nazis. Les Juifs français devaient être épargné en échange de la livraison des Juifs étrangers. Mais une fois les Juifs étrangers déportés, ce fut le tour des Juifs français (et des résistants). Dans l'esprit des nazis, aucun Juif ne devait y échapper.

Ce fut ce que certains appelèrent
une politique de négrier.
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L'exemple du Danemark montre que cette tragédie n'était pas une fatalité
. Le gouvernement Danois refusa de collaborer à la traque des Juifs et s'opposa à leur déportation. Lorsqu'en 1943 les nazis décidèrent de passer outre, les responsables Danois évacuèrent en secret les personnes menacées vers la Suède et demandèrent aux policiers de cacher les Juifs encore présents. Les quelques dizaines de Juifs qui, malgré tous, furent déportées, ont été suivi et ravitaillé par les autorités danoises.

Tous ces drames furent terribles mais gardaient un semblant de légalité et les organismes humanitaires arrivaient à intervenir pour soulager les peines, il en fut tout autrement lors de la guerre civile espagnole (1936-39) qui fut d'une sauvagerie totale
, essentiellement à l'initiative des franquistes qui ne faisaient pas de prisonniers et qui laissaient leurs soldats violer les femmes.

Si le viol était interdit dans l'armée allemande et puni de mort
, il était encouragé chez les nationalistes espagnoles (guerre civile 1936-39) et toléré dans l'armée russe et japonaise. Si les soldats russes laissaient en vie la femme violée, le soldat japonnais la tuait par honte de son acte.

En Espagne de la guerre civile, le nationaliste espagnol tuait la femme violée dans le cadre du génocide planifié de tous ceux hostiles à leur dictature militaire (libéraux, démocrate
, socialiste, communiste, etc) cela fit 200 000 morts, hors zone combat. Les soldats allemands et italiens présents en Espagne seront choqués de toutes ces tueries et s'en plaindront à leur hiérarchie.
Le drame des enfants

Extrait du site : http://www.ajpn.org/internement-Camp-de-Drancy-67.html

Témoignage d'Odette Daltroff-Baticle, internée à Drancy, eut à s'occuper des enfants. Libérée en 1943, elle écrivit aussitôt ces notes :

Nous assistons aux premières déportations ; crises de nerfs des femmes se jetant par les fenêtres du 4e étage.

Il fait terriblement chaud. On nous annonce l'arrivée de 3 000 enfants sans parents, reste de la rafle du 15 juillet du Vél' d'Hiv (1942). On les avait mis à Pithiviers. De là, on déporte d’abord les hommes puis les femmes ; celles-ci s'arrachent à leurs enfants qui ne veulent pas les quitter.

Un gendarme me raconte que ce spectacle était affreux, déchirant ; ils séparent femmes et enfants à coups de crosse ; les femmes partent croyant que la Croix-Rouge pourra s'occuper de leurs enfants.
En hâte, elles cousent sur leurs vêtements leurs nom et adresse.

Vers le 1er septembre, 1 000 enfants arrivent.

(Vincent) Chaque train de déportés faisait environ 1000 personnes. Lorsqu'une personne arrivait à échapper provisoirement à la déportation pour raison de santé, elle était en réalité remplacée par une autre car il y avait des quotas de déportés par train.

On recrute parmi nous des femmes de bonne volonté pour s'occuper de ces enfants. Nous sommes munies de brassards et de laissez-passer signés par la gendarmerie, qui nous donnent droit de circuler dans le camp.

Des autobus arrivent. Nous sortons des petits êtres dans un état inimaginable. Une nuée d'insectes les environnent ainsi qu'une odeur terrible. Ils ont mis des jours et des nuits pour venir de Pithiviers, wagons plombés; 90 par wagon avec une femme, qui, en général, a 2, 3, 4 gosses à elle dans le tas.

Ils ont de 15 mois à 13 ans, leur état de saleté est indescriptible, les 3/4 sont remplis de plaies suppurantes, impétigo. Il y aurait tant à faire pour eux. Mais nous ne disposons de rien, malgré le dévouement incomparable de notre chef de camp, le commandant Kohn. Immédiatement nous organisons des douches.

Pour 1 000 enfants, nous disposons de 4 serviettes ! et encore avec difficulté.

Par groupe, nous emmenons ces enfants aux douches. Une fois nus, ils sont encore plus effrayants. Ils sont tous d'une maigreur terrible et vraiment presque tous ont des plaies ; il va falloir essuyer les sains avec une serviette et les autres presque toujours avec la même toute souillée. Notre coeur se serre.

Autre drame : ils ont presque tous la dysenterie. Leur linge est souillé d'une manière incroyable et leur petit baluchon ne vaut guère mieux. Leurs mamans les avaient quittés avec leurs petites affaires bien en ordre, mais il y a de cela quelques semaines et, depuis, ils sont livrés à eux-mêmes. Dans le wagon, ils ont d'ailleurs mélangé leurs affaires. Des femmes de bonne volonté se mettent à laver leurs effets, presque sans savon, à l'eau froide ; à cette époque, il fait très chaud et cela sèche vite, mais ils sont 1 000.

Très vite nous nous rendons compte que tout ce que nous essayons de faire est inutile. Dès que nous remettons à ces petits des effets un peu propres, une heure après, ils sont sales. Les médecins les examinent à tour de bras. On leur administre du Charbon, on les barbouille tous de mercurochrome. On voudrait les mettre tous à l'infirmerie, c'est impossible : ils doivent repartir vers une destination inconnue. (Auschwitz)

Lâchement, nous leur avons dit qu'ils allaient retrouver leurs parents ; et pour cela ils supporteraient tout.

(Vincent) Les photos d'enfants français déportés sont assez rares, Photo ci-contre, déportés de la rafle de juillet 1942 du Val d'hiver à Paris.
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Beaucoup de Juifs n'avaient pas conscience de la signification réelle du port de l'étoile jaune, tout comme ils ne voyaient pas le danger de figurer sur une liste d'identification en tant que Juif.

Malgré une apparence d'autorité du gouvernement de Vichy sur la zone nord, ils n'avaient pas pris conscience que la France avait perdu la guerre face à l’Allemagne nazi et qu'elle n'était plus maitre chez elle.

Jamais nous n'oublierons les visages de ces enfants ; sans cesse, ils défilent devant mes yeux. Ils sont graves, profonds et, ceci est extraordinaire dans ces petites figures, l'horreur des jours qu'ils traversent est stigmatisée en eux. Ils ont tout compris, comme des grands. Certains ont des petits frères ou sœurs et s'en occupent admirablement, ils ont compris leurs responsabilités.

Ils nous montrent ce qu'ils ont de plus précieux : la photo de leur père et de leur maman que celle-ci leur a donnée au moment de la séparation. À la hâte, les mères ont écrit une tendre dédicace. Nous avons toutes les larmes aux yeux ; nous imaginons cet instant tragique, l'immense douleur des mères.

Ces enfants savent que, comme les adultes, ils seront impitoyablement fouillés par les gens de la police aux Questions Juives. Entre eux, ils se demandent s'ils auront la chance de conserver un petit bracelet, une petite médaille, souvenir des temps heureux. Ils savent que ces bijoux n'ont pas grande valeur, mais ils connaissent la cupidité de leurs bourreaux. Une petite fille de 5 ans me dit : "N'est-ce-pas, Madame, ils ne me la prendront pas ma médaille, c'est pas de l'or."

Dans leurs petits vêtements, les mères ont cousu 1 ou 2 billets de 1 000 F et ce petit garçon de 6 ans nous demande : "Fais le gendarme pour voir si tu découvres mon argent."
Quelquefois, la vie reprend le dessus : comme des enfants, ils jouent ; ils ont des jeux à eux : ils jouent à la Fouille, à la Déportation.

Il y a des contagieux. On en met à l'infirmerie en vitesse.Avec les moyens du bord, on fabrique de petits lits ; mais ils sont des quantités à partir avec la scarlatine, la diphtérie, etc.
Nous essayons de faire la liste de leurs noms. Nous sommes surpris par une chose tragique : les petits ne savent pas leur nom. À un petit garçon, auquel nous essayons par tous les moyens de le lui faire dire, il répète inlassablement : "Mais je suis le petit frère de Pierre." Les prénoms, noms et adresses que les mamans avaient écrits sur leurs vêtements avaient complètement disparu à la pluie et d'autres, par jeu ou par inadvertance, ont échangé leurs vêtements.

En face de leur numéro, figuraient sur les listes des points d'interrogation.

(Vincent) Il a été vu la scène ubuesque de gendarmes faisant l'appel (en vue de la déportation) sur des enfants de moins de 5 ans (dont les parents venaient d'être déportés) et qui naturellement ne connaissant pas leur nom de famille et ne répondaient donc pas à l'appel de leur nom, ce qui n’empêchait pas le gendarme de continuer de citer les noms, par habitude administrative.

Dans l’ensemble les gendarmes et policiers français du camp de Drancy étaient pour beaucoup d’odieux personnages et certains seront condamnés à la libération.

Un film de cinéma qui raconterait la vraie réalité des rafles parisiennes du Val d'hiver à Auschwitz, en passant par Drancy, ne serait pas regardable. Rien que la lecture d'un livre sur la rafle du Val d'hiver est une épreuve difficile et en tant que Français je fus envahi par un profond sentiment de honte, j'ai d’ailleurs failli ne pas terminer ce livre de bibliothèque en regrettant même de l'avoir pris tellement cela dépassait le supportable.

La question nourriture est aussi un désastre : que donner à ces petits déjà malades ? cette soupe d'eau et de carottes, pas assez de récipients, ni de cuillères. Nous étions obligés de faire manger les plus petits.

Je me souviens d'une petite fille de 2 ans environ, adorable, et qui, miraculeusement était restée propre. Une de mes amies l'avait prise dans ses bras pour la faire manger. Immédiatement elle s'était assoupie ; chaque fois qu'on voulait la déposer sur une paillasse, elle se réveillait et hurlait. Elle avait rencontré une tendresse qu'elle ne connaissait plus et ne voulait plus qu'on l'abandonne. Mon amie, les larmes aux yeux, n'osait plus la quitter et s'occuper des autres qui, tous, avaient besoin de nous.

Il fallait les coucher 3 ou 4 sur des paillasses infectes et qui le devenaient d'heure en heure de plus en plus, grâce à cette dysenterie qui torturait tous ces corps. Beaucoup n'avaient plus de chaussures. Nos cordonniers à certains ont pu fabriquer des Spartiates avec des morceaux de bois et des ficelles. D'autres sont partis nus pieds.

Avant le départ pour le grand voyage, on passait à la tonte les hommes et les enfants des deux sexes. Cette mesure est vexatoire et agit beaucoup sur le moral des individus, particulièrement chez les enfants. Un petit garçon pleurait à chaudes larmes. Il avait environ 5 ans. Il était ravissant, des cheveux blonds bouclés, qui n'avaient jamais connu les ciseaux. Il répétait qu'il ne voulait pas qu'on lui coupe les cheveux, sa maman en était si fière, et, puisqu'on lui promettait qu'il allait la retrouver, il fallait qu'elle retrouve son petit garçon intact.

Après le départ de ces 3 000 ou 4 000 enfants sans parents, il en restait 80 vraiment trop malades pour partir avec les autres ; mais on ne pouvait les garder plus longtemps. Nous leur préparons quelques vêtements. Ils ont de 2 à 12 ans. Comme les adultes, ils sont mis dans ces escaliers de départ innommables.

On laissait parqués les 1 000 personnes choisies pour le prochain départ pendant 2 ou 3 jours, isolées du reste du camp. Hommes, femmes, enfants, sur de la paille souillée rapidement...Tous gisaient sur la paille mouillée, mourants, qu'on transporte sur des civières, aveugles, etc.

(Vincent) Les conditions d'hygiène étaient déplorables dans les camps français d'internement mais le degré apocalyptique fut atteint en juillet 1942 quand les familles avec enfants furent entassées une semaine dans le Val d’hiver (Paris 15e) car l'endroit était confiné et intégralement couvert, donc promiscuité intense, absence d'air frais, de toilette, limitation d'eau, de nourriture, de médicament, absence de matelas et ... de tout le reste.

Naturellement les 3 jours de transport pour Auschwitz étaient bien pires ... mais alors la délivrance était proche.

Une amie et moi devions, à partir de 3 h du matin, nous occuper de ces 80 enfants, les préparer au départ, les habiller... En rentrant dans ces chambrées, il y avait de quoi se trouver mal. Je trouvais mes enfants endormis, les petits déjà infectés avec leur dysenterie. Sans lumière, je commençais à les préparer ; je ne savais pas par quel bout commencer.

Vers 5 h du matin, il fallait les descendre dans la cour, pour qu'ils soient prêts à monter dans les autobus de la STCRP qui menaient les déportés à la gare du Bourget. Impossible de les faire descendre ; ils se mirent à hurler, une vraie révolte, ils ne voulaient pas bouger.

L'instinct de la conservation. On ne les mènerait pas à l'abattoir aussi facilement. Cette scène était épouvantable; je savais qu'il n'y avait rien à faire ; coûte que coûte, on les ferait partir. En bas, on s'énervait. Les enfants ne descendaient pas. J'essayais de les prendre un par un pour les faire descendre, ils étaient déchaînés, se débattaient, hurlaient.

Les plus petits étaient incapables de porter leur petit paquet. Les gendarmes sont montés et ont bien su les faire descendre. Ce spectacle en ébranla tout de même quelques-uns.

Au moment du départ, on pointait chaque déporté. Sur les 80 gosses, environ 20 ne savaient pas leur nom. Tout doucement, nous avons essayé de leur faire dire leur nom ; sans résultat. À ce moment, surgit devant moi le maître de toutes ces destinées, le sous-off allemand Heinrichsohn, 22 ans, très élégant en culotte de cheval. Il venait à chaque départ assister à ce spectacle qui, visiblement, lui procurait une immense joie.

(Vincent) Les Allemands étaient martelés par une habile propagande qui faisait des Juifs la cause de tous leurs malheurs. En revanche pour le régime de Vichy c'était les Franc-maçons la source du mal.

Je ne puis oublier la voix de ce petit garçon de 4 ans, qui répétait sans arrêt sur le même ton, avec une voix grave, une voix de basse incroyable dans ce petit corps : « Maman, je vais avoir peur, Maman, je vais avoir peur ».

Témoignage du Professeur Georges Wellers

"Dans la 2e moitié d'août, on amena à Drancy 4000 enfants sans parents, âgés de 2 à 12 ans. On les déchargea des autobus au milieu de la cour, comme de petites bestioles. La plupart ne savaient pas où étaient leurs bagages difficiles à reconnaître, et pendant longtemps des enfants de quatre, cinq, six ans se promenaient parmi eux, croyant à chaque instant retrouver le leur.

Les enfants se trouvaient par 100 dans les chambrées. C'était l'époque de la soupe aux choux à Drancy. Tous les enfants souffrirent d'une terrible diarrhée. Ils salissaient leurs vêtements et les matelas sur lesquels ils passaient jour et nuit.

Chaque nuit on entendait sans interruption les pleurs des enfants désespérés, et, de temps en temps des cris aigus des enfants qui ne se possédaient plus.

La veille de leur déportation les enfants passèrent à la fouille, comme tout le monde. Les garçons et les fillettes de deux ou trois ans, entraient avec leur petit paquet ou les inspecteurs de la "Police aux Questions Juives" fouillaient les bagages. Les petites broches, les boucles d'oreilles les petits bracelets des fillettes étaient confisqués par les PQJ."


Témoignage de Julie Cremieux-Dunand, dirigeante de la Croix Rouge :

On a vu un garçonnet de 8 ans se jeter sur sa petite sœur, la prendre dans ses bras et dire : "Je ne veux pas qu'on me l'enlève, je n'ai plus qu'elle.
"Les enfants n'ont pour boire que des boites à conserve vides. Certains nous tendent une boite à sardine que nous remplissons plusieurs fois. Comment oublier tout cela ?
Ils dorment enlacés, de petits bonshommes de trois ans protégeant les plus petits. 
Photo ci-dessous, la Cité de la Muette dans son ensemble (photo prise probablement avant guerre).
Le camps de Drancy est uniquement le bâtiment
de droite en forme de U. Les 5 tours qui servaient de caserne seront détruites à la libération.

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