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Allez, Tommy. C’est bon !

Extrait du livre "La première Guerre mondiales" de John Keegan

Nous sommes durant les dernières offensives allemandes de 1918 sur le front de l'Ouest. Après l'effondrement des armées russes, les Allemands ont rapatrié toutes leurs forces contre les franco-britanniques pour en finir avant que les Américains ne viennent en force et face perdre espoir aux armées allemandes décimées par la "grippe espagnole".

(...) Les défenseurs britanniques survivent au bombardement allemand en nombre suffisant pour offrir ici et là une résistance à l’offensive allemande. Tirant largement à l’aveugle selon la méthode « Pulkowski », qui dépend de l'observation météorologique, les canonniers allemands ont raté ou dépassé des cibles clés. Alors qu’ils surgissent du no man’s land, les canons et les nids de mitrailleuses britanniques s'animent et les garnisons de tranchées se mettent en place sur les parapets.

" Je pris ma position, d’où je pouvais voir très facilement les Allemands, écrit le soldat J. Jolly, du 9" Norfolks, un bataillon de Kitchener (Anglais), qui franchissaient un talus en grand nombre à environ 200 ou 300 mètres.
Ils avaient déjà pris notre ligne de front. Nous ouvrîmes le feu, et là, il apparut qu’ils étaient des centaines à arriver de derrière ce talus, mais même en restant allongés ils se seraient tous fait tuer. Leur attaque fut facilement arrêtée ".

Quelque part au nord de la position du 9° Norfolks, un sous-officier allemand rapporte

Nous avançâmes un peu plus loin, ne rencontrant qu'une faible résistance, puis le brouillard se leva et on nous tira dessus depuis un nid de mitrailleuses. Plusieurs balles traversèrent ma veste, mais je ne fus pas touché. Nous nous mîmes tous à l’abri... Un peloton d’une autre compagnie me rejoignit, et à nous tous, nous tuâmes les six ou sept hommes (tous sans exception) du nid de mitrailleuses. Je perdis cinq ou six hommes... Je regardai à droite et vis des prisonniers britanniques qui repartaient... à peu près 120, une compagnie peut-être. Ils cavalaient vers l'arrière courbés pour ne pas être touchés. Je pense que la position anglaise était couverte par le nid que nous venions d'éliminer et
ce plus grand nombre d’ennemis avait décidé qu'il valait mieux pour eux de se rendre."

Les mitrailleurs britanniques d’un autre poste ont plus de chance : « Je croyais qu’on les avait arrêtés, se souvient le soldat J. Parkinson, quand je sentis un choc dans mon dos. Je me retournai et un officier allemand se tenait derrière moi avec un revolver. “Allez, Tommy. C’est bon.” Je me retournai alors et dis “ Merci beaucoup, monsieur.”

Je sais ce que j’aurais fait si j’avais été sous le feu d’un mitrailleur et que j’avais eu un revolver dans la main : je lui aurais réglé son compte. Il devait être un vrai gentleman. Il était dix heures vingt. Je le sais à la minute près parce que j'ai regardé ma montre. (...)
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" Tommy " était le surnom donné aux combattants anglais et les Américains furent appelés les " Sammy "



(Vincent) Ce texte m'a impressionné car j'ai lu plusieurs livres sur la Seconde guerre mondiale et les actes d'héroïsme de ce type y étaient rares.

En 14-18, pour empêcher les atrocités, les autorités françaises vont d'ailleurs payer les combattants pour chaque soldat fait prisonnier. Abd el-Kader, le leader nationaliste Algérien du 19e siècle fera pareil.

Lors du Débarquement de 1944, sur le site d'Omaha Beach, les Américains estimèrent avoir eu trop de morts (2 500) et de ce fait, tous les prisonniers allemands capturés dans un certain périmètre autour du site ont été fusillés.

J'y appris aussi qu'au cours de cette guerre, lors des combats, le "sniper" (celui qui possède le fusil de précision du groupe de combat) était tellement détesté que lorsqu'il était capturé, il était souvent tué sur place.

Lors de la libération des camps d'extermination par les troupes US, tous les gardiens de ces camps qui n'avaient pas fui étaient fusillés, alors que naturellement ils n'avaient pas demandé à être là. C'était souvent les gens inaptes à la guerre ou un peu âgée qui étaient nommés à ces postes.


Trêve de Noël dans les tranchés


La Trêve de Noël est un terme utilisé pour décrire plusieurs et brefs cessez-le-feu non officiels qui ont eu lieu pendant le temps de Noël et le Réveillon de Noël entre les troupes allemandes, britanniques et françaises dans les tranchées lors de la Première Guerre mondiale, en particulier celles entre les troupes britanniques et allemandes stationnées le long du front de l'Ouest en 1914, et dans une moindre mesure en 1915. En 1915, il y eut une trêve de Noël similaire entre les troupes allemandes et françaises. En 1915 et 1916, une trêve eut aussi lieu à Pâques sur le front de l'Est.

Contexte historique :
La Première Guerre mondiale implique la plupart des grandes puissances, la Triple-Entente contre les Empires centraux. Le 3 août 1914, le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne suite à l'ultimatum contre la Belgique, pays dont elle garantit la neutralité.

Les troupes allemandes avancent jusqu'à 70 km de Paris en passant par le territoire belge et l'ouest de la France. Du 6 au 12 septembre 1914, lors de la première bataille de la Marne, les Français et les Britanniques réussissent à forcer une retraite allemande en exploitant une lacune entre la 1re et la 2e armée, mettant fin à l'avance allemande en France.

L'armée allemande retraite au nord de la rivière Aisne et se fortifie, instituant les débuts d'un front statique à l'Ouest qui durera trois ans. Suite à cet échec, les forces en opposition tenteront de se déborder dans une course vers la mer, et étendront rapidement des réseaux de tranchées de la mer du Nord à la frontière suisse.

(Photo ci-dessous, militaires britanniques et allemands réunis au milieu du "no man's land" pendant la trêve.)

La trêve

Les soldats du front occidental étaient épuisés et choqués par l'étendue des pertes humaines qu'ils avaient subies depuis le mois d'août. Au petit matin du 25 décembre, les Français et les Britanniques qui tenaient les tranchées autour de la ville belge d'Ypres entendirent des chants de Noël (Stille Nacht) venir des positions ennemies, puis découvrirent que des arbres de Noël étaient placés le long des tranchées allemandes.

Lentement, des colonnes de soldats allemands sortirent de leurs tranchées et avancèrent jusqu'au milieu du no man's land, où ils appelèrent les Britanniques à venir les rejoindre.


Les deux camps se rencontrèrent au milieu d'un paysage dévasté par les obus, échangèrent des cadeaux, discutèrent et jouèrent au football le lendemain matin.

Un chanteur d'opéra, le ténor Walter Kirchhoff, à ce moment officier d'ordonnance, chanta pour les militaires un chant de Noël. Les soldats français ont applaudi jusqu'à ce qu'il revienne chanter.


Ce genre de trêve fut courant là où les troupes britanniques et allemandes se faisaient face, et la « fraternisation » (il s'agit plus d'une trêve de fait qu'une fraternisation volontaire6) se poursuivit encore par endroits (notamment on prévient l'autre camp de se protéger des bombardements d'artillerie ou on pratique des trêves pour pouvoir enterrer ses morts) pendant une semaine jusqu'à ce que les autorités militaires y mettent un frein.

Il n'y eut cependant pas de trêve dans les secteurs où seuls des Français et des Allemands s'affrontaient.

La trêve s'est déroulée à Frelinghien (principalement) où une plaque commémorative est érigée lors d'une cérémonie le 11 novembre 2008.

Malgré la destruction des photos prises lors de cet événement, certaines arrivèrent à Londres et firent la une de nombreux journaux, dont celle du Daily Mirror, portant le titre An historic group: British and German soldiers photographed together le 8 janvier 1915. Aucun média allemand ou français ne relate cette trêve.

L'État-major fait donner l'artillerie pour disperser les groupes fraternisant les jours suivants et fait déplacer les Unités « contaminées » sur les zones de combat les plus dures.

Sur le front de l'Est, les conséquences sont plus graves : la répression des fraternisations du côté russe entraîne des mutineries et concourt à la décomposition du front russe. Lors de l'insurrection de Petrograd en 1917, les soldats fraternisent avec les ouvriers, ce qui va dans le sens de la bolchevisation de l'armée.

(Texte extrait de Wikipedia)




Et j'entendis cette phrase :
"À partir du 10 septembre (1914), le vent va tourner... Dieu va sauver la France


Madame Fraya   (http://fr.wikipedia.org/)

Valentine Dencausse (21 mai 1871 - février 1954), connue sous le pseudonyme de Madame Fraya, est une voyante française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Elle s'acquit un grand renom au début de la Belle Époque en annonçant que l'Allemagne déclencherait une guerre mondiale qu'elle finirait par perdre, l'empereur Guillaume II finissant ses jours en exil. Cette annonce préfigurait la Première Guerre mondiale où l'Allemagne fut effectivement vaincue.

C'est lors de ce conflit que Madame Fraya fut convoquée au ministère de la guerre. Devant Aristide Briand, Albert Sarraut et Théophile Delcassé, elle annonça que les Allemands qui se trouvaient à moins de 100 kilomètres de Paris n'investiraient pas la capitale, car ils seraient repoussés in extremis au-delà de l'Aisne. La première armée allemande occupait Compiègne, Senlis et Creil étaient en flammes, tandis que des milliers de Parisiens affolés fuyaient la capitale pour Bordeaux.

À partir du 5 septembre 1914, suite aux réquisitions de taxis dans Paris (les fameux taxis de la Marne), les batailles qui firent rage donnèrent raison à la devineresse. Contre toute attente, l'armée allemande fut repoussée de cent kilomètres en six jours, ce qui mettait effectivement fin à son plan d'invasion rapide.

Interrogée par Alexandre Millerand, alors ministre de la guerre, quant aux raisons de son optimisme naturel, madame Fraya avait également déclaré "Sur un rêve que j'ai eu la nuit dernière, j'ai vu les Allemands reculer. Une date, en gros plan, s'imposait à moi. Le 10 septembre. Et j'entendis cette phrase : "À partir du 10 septembre, le vent va tourner... Dieu va sauver la France."

Cette vision ne manqua pas de surprendre, mais elle s'avéra parfaitement exacte. Les généraux Joffre et Galliéni obligèrent la première armée allemande placée sous le commandement du général von Kluck à battre en retraite. Les troupes de Franchet d'Espérey en firent autant avec la IIe armée allemande. Enfin, et au prix de nombreuses pertes, le général Joffre parvint également à obliger la IIIe armée allemande à se retrancher au-delà des limites prévues.

Au début de l'année 1914, elle annonça au Prince Félix Youssoupoff, membre de la haute aristocratie russe, cousin par alliance du tsar Nicolas II, "qu'il assassinerait quelqu'un de ses mains et qu'il aurait l'impression de faire une bonne action." Le 16 décembre 1916 à Moscou, Youssoupov tua de ses mains Raspoutine, le conseiller occulte de Nicolas II après l'avoir attiré dans les sous-sols de son hôtel particulier. Bien des années plus tard, Youssoupov, alors en exil à Paris, confirma la réalité de la prédiction.

Chiromancienne renommée, Madame Fraya a lu dans les mains de toutes les célébrités de la Belle Époque, de Sarah Bernhardt, à Jean Jaurès. Elle prédit à Marcel Proust une réussite éclatante à une époque où il en était réduit à publier ses manuscrits à compte d'auteur.
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(...) La veille de sa mort, un père jésuite vint la confesser. Elle lui confia qu'elle ne s'accusait que d'une chose : de lire l'avenir dans les mains. Le père jésuite lui répondit : « Ce n'est pas un péché. Dans les livres saints, il est écrit : que celui qui a le don de prophétie prophétise. »


La Vierge de la Marne


La bataille de la Marne, 5-8 septembre 1914

(Texte trouvé sur internet)

Après l’échec du plan Joffre en Lorraine, l’échec de la bataille des frontières, l’invasion et la retraite, l’armée française recule, mais quel facteur pourrait la sauver du désastre ?

La 1e Armée von Klück, chargée d’investir Paris, délaisse la ville pour participer à la curée des armées adverses. Le demi-tour des Français le 6 septembre, brusque, inattendu, frappe de stupeur les Allemands. Il faut se battre, or les homme sont sous-alimentés, épuisés, les pieds meurtris. Le trou entre les 1e et 2e Armées atteint 30 kilomètres, il faut ressouder les armées allemandes sur l’Aisne, le 9 l’ordre de repli général est donné. La vérité historique est simple, von Klück trop sûr de son armée a pris l’initiative de la poursuite de forces qu’il estimait en déroute.


Extraits de http://www.missionet.fr/y_sacre_coeur_suite.htm

Mais laissons Dominique D. être notre guide…

La Vierge de la Marne - (Portemont, le 16 octobre 2008)


Un silence d’une intensité égale à celle des bombardements sur Verdun lors de la Grande Guerre couvre un événement dont pourtant l’on aurait pensé qu’il susciterait, dès qu’avéré, mieux que de la curiosité, de la reconnaissance. Or ni curiosité ni reconnaissance : un oubli presque absolu, la dalle scellée d’un tombeau.

Quelle page de l’histoire voudrais-je ici revisiter ? Car il s’agit de notre histoire, même si elle passe par une intervention surnaturelle : il s’agit de la victoire remportée lors de la première bataille de la Marne en septembre 1914. Obstinément, on se refuse à reconnaître une intervention historique qui eut une importance décisive, sans pour autant dévaloriser l’efficacité de l’Armée française.

Quels furent les faits ? Ils se déroulent du 5 au 8 septembre. Comment les connaissons-nous ? Par des témoignages convergents qui émanent des deux côtés du front d’alors.

Il n’est pas question pour moi, en cette simple note, de faire le relevé de tous ces témoignages : simplement indiquer que quelque chose d’important a eu lieu qui a modifié d’une façon claire l’évolution de la bataille de ces jours-là et accentué la formation d’une brèche entre les Ie et IIe Armées allemandes ; elle est attribuée à l’Armée anglaise commandée par le général French et à une erreur stratégique de l’État major allemand, sans oublier l’action de commando d’une division de la cavalerie française sur la rive occupée de l’Ourcq, mais le sentiment général fut alors un immense étonnement si bien que l’on parlât même de miracle du côté français…

La brèche en question menaçait de devenir béante : elle motiva donc le retrait allemand vers le Nord, soustrayant ainsi la capitale française à la menace directe que faisait peser sur elle la première de ces armées ennemies (1).

Je n’ai pas encore pu retrouver le numéro du Monde et la Vie de février 1965 où fut publiée une lettre intitulée : « Le miracle de la Marne, miracle de la Sainte Vierge ». Mais il m’est possible d’en citer certains passages :

« Je voudrais vous parler d’une rumeur qui parcourut le front et les tranchées en 1915 et 1916 relative à la bataille de la Marne. Cette rumeur faisait allusion à des apparitions de la Sainte Vierge au moment du 8 septembre qui aurait joué un rôle décisif dans ce retournement de la situation difficilement explicable, humainement parlant, à cause de l’état de délabrement moral et physique des combattants.

Je peux en parler en connaissance de cause, ayant participé à la retraite depuis la Belgique jusqu’aux abords de Paris. Les comptes-rendus des journaux parus fin août et commencement de septembre derniers (2) faisaient allusion au « Miracle de la Marne », en se contentant d’exalter le sursaut des combattants de 1914 qui, le 8 septembre, avait refoulé l’envahisseur.

» Pour quelqu’un qui a pris part à ces événements, ce sursaut est impensable et aurait pu tout juste permettre un coup d’arrêt de 24 ou  48 heures.

» Le document que je joins à cette lettre et qui est entièrement tombé dans l’oubli, éclaire ces événements d’un jour nouveau et donne l’explication de ce mystère du retournement complet de la situation le 8 septembre 1914 (3).
» C’est une coupure du journal de l’époque, Le Courrier de la Manche, numéro du 8 janvier 1917, qui relate ce qu’auraient dit des Allemands faits prisonniers après les combats du 5 au 8 septembre 1914. » (...)

Voici un témoignage précis, de Madame Tripet-Nizery, veuve du Capitaine Tripet, mort au combat le 4 septembre 1916 : elle déclara qu’étant infirmière dans l’ambulance de l’École Polytechnique, de fin 1914 à juin 1916, elle y reçut un blessé qui avait participé à la bataille de la Marne du côté français ; il lui confia : « Quand nous avons eu l’ordre de repartir en avant, une femme en blanc, devant la tranchée, nous entraînait ».

Le Courrier, journal de Saint-Lô, publia le 8 janvier 1917 une lettre datée quant à elle du 3 janvier 1915.

« Un prêtre allemand, blessé et fait prisonnier à la bataille de la Marne, est mort dans une ambulance française où se trouvaient des religieuses. Il leur a dit : « Comme soldat, je devrais garder le silence ; comme prêtre, je crois devoir dire ce que j’ai vu. Pendant la bataille, nous étions surpris d’être refoulés car nous étions légion comparés aux Français, et nous comptions bien arriver à Paris.
» Mais nous vîmes la Sainte Vierge toute habillée de blanc, avec une ceinture bleue, inclinée vers Paris… Elle nous tournait le dos et, de la main droite, semblait nous repousser. »

Deux officiers allemands, prisonniers et blessés, témoignèrent comme l’avait fait le prêtre mort le 3 janvier 1915. Que dit l’un d’entre eux ? Ceci :

« Si j'étais sur le front, je serais fusillé, car défense a été faite de raconter, sous peine de mort ce que je vais vous dire : vous avez été étonnés de notre recul si subit quand nous sommes arrivés aux portes de Paris. Nous n'avons pas pu aller plus loin, une Vierge se tenait devant nous, les bras étendus, nous poussant chaque fois que nous avions l'ordre d'avancer. Pendant plusieurs jours nous ne savions pas si c'était une de vos saintes nationales, Geneviève ou Jeanne d'Arc. Après, nous avons compris que c'était la Sainte Vierge qui nous clouait sur place.

Le 8 septembre, Elle nous repoussa avec tant de force, que tous, comme un seul homme, nous nous sommes enfuis. Ce que je vous dis, vous l'entendrez sans doute redire plus tard, car nous sommes peut-être 100.000 hommes qui l'avons vue. » (5)

Des prêtres, des religieuses… Est-ce que l’on va se mettre à croire en des racontars de bigots quand on écrit l’histoire ? Voici pourtant un autre témoignage : il provient de deux officiers allemands blessés. Une bénévole infirmière les accompagne dans l’ambulance de la Croix Rouge française et jusqu’à la salle de l’hôpital où ils allaient être soignés. Entrés là, ils aperçoivent une statue de la Vierge de Lourdes et l’un d’eux s’écrit : « Die Frau von der Marne ! »
(Oh ! La Vierge de la Marne !) . Son compagnon lui désigna l’infirmière afin qu’il se taise car elle les écoutait. Elle tenta, mais vainement, de les faire parler alors qu’elle leur prodiguait ses soins.

Ce récit en recoupe un autre, écrit par une religieuse qui soigne les blessés à Issy-les-Moulineaux.

Que rapporte-t-elle ? Ceci :

« C’était après la bataille de la Marne. Parmi les blessés soignés à l’ambulance d’Issy, se trouvait un Allemand très grièvement atteint et jugé perdu. Grâce aux soins qui lui furent prodigués, il vécut encore plus d’un mois. Il était catholique et témoignait de grands sentiments de foi. Les infirmiers étaient tous prêtres. Il reçut les secours de la religion et ne savait comment témoigner sa gratitude. Il disait souvent : « Je voudrais faire quelque chose pour vous remercier ». Enfin, le jour où il reçut l’extrême-onction, il dit aux infirmiers :

" Vous m’avez soigné avec beaucoup de charité, je veux faire quelque chose pour vous en vous racontant ce qui n’est pas à notre avantage mais qui vous fera plaisir. Je payerai ainsi un peu ma dette. Si j’étais sur le front, je serais fusillé car défense a été faite d’en parler. » Il parla de cette visite de la Vierge qui épouvanta les soldats allemands et provoqua leur fuite.

Dans une autre ambulance fut noté un témoignage semblable : un soldat allemand se mourait. Il avait été frappé par le dévouement parfait de la religieuse française qui le soignait. Il lui dit donc :

« Ma sœur, c’est fini, bientôt je serai mort. Je voudrais vous remercier de m’avoir si bien soigné, moi un ennemi. Alors je vais vous dire une chose qui vous fera grand plaisir. En ce moment, nous avançons beaucoup en France mais, malgré tout, à la fin c’est votre pays qui gagnera.

Comment le savez-vous ?

À la bataille de la Marne, nous avons vu la Sainte Vierge nous repousser. Elle vous protège contre nous. Les officiers nous ont défendu, sous peine de mort, de parler de cette vision. Mais maintenant je suis fini. Quand je serai mort vous pourrez raconter la chose, pourvu que vous ne me nommiez pas » Il devait craindre des représailles contre sa famille.

« Pendant plusieurs jours, toute notre division a vu devant elle, dans le ciel, une Dame blanche avec une ceinture bleue flottant et un voile blanc. Elle nous tournait le dos et nous effrayait beaucoup. Le 5 septembre 1914, nous avons reçu l’ordre d’avancer et nous avons essayé de le faire (7)  : mais la Dame a paru tellement éblouissante et nous repoussait de ses deux mains de façon si terrifiante que nous nous sommes tous enfuis. »

À Liège, juste après l’armistice, un soldat se confia à son hôtesse qui s’empressa de noter ses propos :

« Oh ! dès le commencement de la guerre je savais bien qu’à la fin nous serions battus. Je peux bien vous dire ça car je sais bien que vous ne le répèterez pas à nos officiers. » L’ancienne interdiction tenait donc toujours.
Il ajouta : « À la première bataille de la Marne, nous avions devant nous, dans le ciel, une Dame blanche qui nous tournait le dos et nous repoussait de ses deux mains. Malgré nous, nous étions pris de panique, nous ne pouvions plus avancer. Trois de nos divisions au moins ont vu cette apparition. C’était sûrement la Sainte Vierge !

À un moment, Elle nous a tellement épouvantés que nous nous sommes tous enfuis, les officiers comme les autres. Seulement, le lendemain ils ont défendu d’en parler sous peine de mort : si toute l’armée l’avait su, elle aurait été démoralisée. Pour nous, nous n’avions plus le cœur à nous battre puisque Dieu était contre nous. C’était sûr qu’on allait à la mort pour rien mais il fallait bien marcher quand même. Nous ne pouvions pas faire autrement. C’est dur la guerre ! »

Mais en France, que disait-on ? Le silence fut-il la seule réponse officielle ? Certes, l’Église de France fut attentive, du moins au début. Des évêques tels Mgr Gibier et Mgr Tissier, parmi d’autres, évoquèrent en chaire le « miracle de la Marne », mais avec réserve puisque l’interdiction de parler de l’événe-ment faite aux soldats allemands, sous peine du pire, empêchait toute enquête qui aurait permis d’établir un dossier précis. Leurs auditeurs cependant étaient enthousiastes et assurés de l’exac-titude des faits. Après, une fois l’horreur passée, sans doute a-t-on pensé à autre chose… Quant à l’État français, il se tut naturellement, de même l’Armée française, ce qui étonne, et les historiens qui ont étudié cette campagne, ce qui surprend.

Que faire aujourd’hui ? Il faut susciter les derniers témoignages encore possibles (8), faire des recherches dans les archives, établir promptement le dossier et dire aux Français comme aux Allemands ce qui s’est réellement passé ces jours-là. Ne serait-ce que pour remercier Celle qui s’est ainsi dévouée en notre faveur : juste assez pour empêcher l’écroulement de la France sans que soit atteinte la liberté des hommes.

(1) - Il est vrai que le général Foch, une fois ses ordres donnés, s’était retiré sous sa tente pour s’y mettre en prière…
(2) - Donc en 1964.
(3) - Le 8 septembre est fêté la Nativité de la Vierge Marie.
(4) - Lire à ce sujet mes deux ouvrages : Le Linceul du ressuscité aux éditions du Sarment (Paris 2004) et Le Linceul en question ?, aux éditions Andas (Troyes 2007).
(5) - Extraits du Courrier de la Manche, du dimanche 14 janvier 1917 à propos du retournement incompréhensible de la bataille de la Marne (5-8 septembre 1914).
(7) - Il s’agit de la bataille de l’Ourcq, qui dura du 5 au 8 septembre.

(8) - Hélas, il ne reste plus que quatre ou cinq survivants, qui n’ont sans doute pas connu la première bataille de la Marne.

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